Je suis tombé sur de vieux livres pour enfants sur le Père Fouettard. Dans ces livres, le terme « Père Fouettard » était désigné par le « n-word ». J'ai aussi trouvé de vieilles photos où le personnage avait des chaînes attachées aux chevilles. C'était pour moi la preuve concrète que le Père Fouettard faisait bel et bien référence à l'esclavage. À partir de ce moment, j’ai arrêté de penser que ce débat était exagéré.Quelques années plus tard, j'ai vécu une situation qui m’a encore plus ouvert les yeux. Je travaillais dans la vente à domicile et ma superviseure était une femme noire. Dans l'une des maisons où on s’est rendu·es, un enfant a ouvert la porte et a crié : « Regarde, c'est Père Fouettard ! » C'était embarrassant.« J'ai trouvé des photos où le personnage avait des chaînes attachées aux chevilles. C'était pour moi la preuve concrète que le Père Fouettard faisait bel et bien référence à l'esclavage. À partir de ce moment, j’ai arrêté de penser que ce débat était exagéré. »
Toute ma famille est noire, donc je voulais l’avis de personnes ayant une couleur de peau différente. Mes camarades de classe blanc·hes n'y ont pas vu de racisme. On m'a dit qu’on avait toujours fait comme ça et que c’était la tradition. Mais quand j’en ai parlé à mes potes turc·ques, marocain·es et asiatiques, iels étaient d'accord avec moi.Aujourd’hui j'étudie les arts du spectacle. Je peux compter les Noir·es de mon école sur les doigts d’une main. La plupart des enseignant·es et des élèves ne pensent pas que Père Fouettard soit raciste. Ça engendre des situations gênantes. Cette année, par exemple, on doit se produire déguisé·es en ramoneur·ses dans des parcs d'attractions pendant la Saint-Nicolas, mais je ne veux pas me promener dans un costume comme ça. Certain·es enseignant·es me comprennent, mais d'autres non. Iels en discutent actuellement pour décider si je peux en être exempté. J’espère que je le serai ; je n'y arriverai pas.« Avec certaines personnes, on dirait que je parle à un mur. Mais c’est important de continuer à le faire. En parlant à mes potes, je peux les faire se rendre compte que c’est une tradition raciste et iels l'expliquent à leurs familles. »
Je suis l'une des rares personnes de mon groupe de potes qui est contre le Père Fouettard. J'entends souvent dire que les gens ont peur que notre culture soit « affectée » ou « perdue ». Je trouve ces termes un peu extrêmes. On essaie simplement d’agir mieux les un·es envers les autres.Je pense qu'il y a encore beaucoup de gens en faveur de cette tradition parce qu'ils ne sont pas assez confrontés à d’autres avis sur les réseaux sociaux. Tout le monde est dans une bulle de personnes qui partagent les mêmes opinions. C'est une bonne chose que de grandes entreprises comme Bol.com et Hema renoncent à la tradition de Père Fouettard. Si votre environnement change, vous changez aussi. » Isabel (20 ans)« Dans cette vidéo, un garçon insultait un autre garçon de Père Fouettard, et de manière particulièrement agressive. Cette vidéo a déclenché quelque chose. J’ai commencé à lire de plus en plus d'histoires sur l'expérience négative vécue par certaines personnes à cause de cette fête. »
Pour un de ces potes, ça a été très intense. Il s’est fait harceler et tabasser parce que, selon les agresseurs, il ressemblait au Père Fouettard. À chaque fête, il a peur ; parce qu’il l’associe à cette intimidation. Après avoir entendu cette histoire, je ne pouvais plus faire semblant. Les années qui ont suivi, j'ai commencé à lire davantage de choses sur le racisme et sur Père Fouettard. J'ai posé des questions à mes ami·es noir·es et j'ai lu les expériences des gens sur Internet. Maintenant, je milite activement contre le racisme et contre le Père Fouettard. C'est ma responsabilité, je crois. Ce n'est pas seulement aux gens de couleur de lutter contre le racisme. Iels le font depuis des années. Il est maintenant temps pour les Blanc·hes de prendre leurs responsabilités et de faire un geste. »VICE Belgique est sur Instagram et Facebook. VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.« Pour un de ces potes, ça a été très intense. Il s’est fait harceler et tabasser parce que, selon les agresseurs, il ressemblait au Père Fouettard. »