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Crime

« L’infirmière », le médecin des FARC qui aurait pratiqué 500 avortements forcés

Le gouvernement colombien a demandé l’extradition d’Héctor Arboleda, qui a été arrêté à Madrid ce samedi, afin de le juger pour des accusations déjà anciennes, selon lesquelles le groupe rebelle des FARC oblige les combattantes enceintes à avorter.
Photo par Carlos Villalón

La Colombie a demandé l'extradition d'Espagne d'un homme que l'on connaîtrait sous le nom de « l'infirmière » au sein des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), et qui aurait pratiqué jusqu'à 500 avortements forcés sur des combattantes du groupe.

Héctor Arboleda a été arrêté ce samedi à Madrid suite à un mandat d'arrêt international lancé par la Colombie, où il est réclamé pour être jugé pour torture aggravée et pour avoir pratiqué des avortements sans consentement.

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Un ancien combattant FARC qui a récemment quitté le groupe, et qui a bien voulu parler à VICE News sous couvert d'anonymat, nous a dit que les membres devaient d'abord demander la permission à leurs supérieurs avant d'avoir des relations sexuelles, et qu'il était toujours clair que fonder une famille était interdit.

« Si elles ont un bébé, elles ne voudront pas rester », nous a dit l'ex-combattant. « Donc ils les forcent à avorter, et elles restent. Ils le font au bout de six ou huit mois de grossesse. »

La veille de son arrestation, le bureau du procureur général a annoncé qu'une enquête était en cours sur la base d'accusations déjà anciennes, selon lesquelles les FARC exigent des femmes membres du groupe qu'elles avortent, afin que ni leur grossesse ni leur maternité n'aient d'impact sur leur capacité à combattre ou leur désir de rester dans le groupe. Les rebelles seraient connus pour avoir recours à cette pratique jusque tard dans la grossesse et, selon certains, sous la menace d'exécutions.

« Nous avons actuellement les témoignages de 39 victimes, 150 cas prouvés et beaucoup d'autres recherches en cours, ce qui pourrait nous amener à au moins 500 avortements illégaux », a déclaré Luis Gonzàlez León, l'enquêteur colombien chargé de l'affaire, lors d'une conférence de presse, après l'annonce de l'arrestation d'Arboleda.

Gonzàlez a affirmé qu'Arboleda avait participé à cette campagne de pression et que la majorité des femmes obligées de mettre un terme à leur grossesse étaient des indigènes et des mineures. Il a ajouté que le médecin avait été formé à Cuba avant de rejoindre les FARC et qu'il avait principalement opéré entre 1998 et 2000 dans des territoires contrôlés par les rebelles, dans des régions de l'ouest de la Colombie, près du Pacifique, et les régions voisines montagneuses où pousse le café.

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Le groupe rebelle — qui est actuellement en pleines négociations de paix avec le gouvernement — n'a pas encore commenté cette enquête ni l'arrestation d'Arboleda, mais a, par le passé réfuté avoir recours à des avortements forcés sur ses membres. Le groupe a fait valoir que de telles procédures étaient inutiles puisque des moyens de contraception étaient à disposition.

Les femmes représentent environ un tiers des quelques 7 000 combattants FARC, selon les estimations du gouvernement.

L'arrestation de « l'infirmière » est intervenue le soir d'un accord attendu entre le gouvernement et les rebelles concernant la manière dont les victimes seraient reconnues et obtiendraient une compensation après que l'accord de paix aura été définitivement signé. Les deux parties négocient à La Havane (Cuba) depuis novembre 2012, et en septembre de cette année elles ont annoncé espérer signer un accord en mars 2016.

Le conflit qui dure depuis cinq décennies en Colombie entre les groupes rebelles de gauche, le gouvernement et les paramilitaires, a tué plus de 220 000 personnes et causé le déplacement de six millions de gens.

Suivez Joe Parkin Daniels sur Twitter : @joeparkdan