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Drogue

La cocaïne serait de plus en plus disponible en Europe

L'augmentation de la disponibilité de la cocaïne est l'une des observations de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies qui publie son rapport européen annuel sur les drogues.
Photo d'illustration via Wikimedia Commons : des paquets de cocaïne saisis par la DEA

L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) a publié aujourd'hui l'édition 2017 de son Rapport européen sur les drogues : Tendances et évolutions. Dans sa publication de presque 100 pages, l'observatoire s'inquiète de la hausse des surdoses mortelles, de l'augmentation de la disponibilité de cocaïne et décrit un marché de la drogue en perpétuelle mutation, défiant les politiques nationales de luttes.

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L'EMCDDA souligne notamment « certaines évolutions potentiellement inquiétantes du marché des opiacés illicites. » Ces changements incluent notamment une hausse des signalements de problèmes dus aux médicaments de substitution aux opiacés et aux opiacés de synthèse.

L'observatoire s'inquiète aussi de la complexification du marché des stimulants. Il signale un ralentissement de l'apparition de nouvelles drogues de synthèse, mais insiste sur le danger grandissant lié à ces substances. L'EMCDDA présente aussi une analyse de la consommation de cannabis dans les milieux scolaires en Europe et aux États-Unis.

Un bilan de plus en plus meurtrier

Pour la troisième année consécutive, l'EMCDDA observe une hausse du nombre de décès par surdose. Entre 2014 et 2015, le nombre de victimes en Europe (dans les 28 États membres de l'UE, la Turquie et la Norvège) a augmenté de six pour cent. L'observatoire estime à 8 441 les décès pour 2015, par rapport à 7 950 pour 2014.

Plus de trois quarts des victimes (78 pour cent) dues à des surdoses sont des hommes. Les 30-39 ans restent les plus touchés, avec une moyenne d'âge des victimes de 38 ans, et cela bien que l'augmentation concerne de nombreuses tranches d'âge.

Le nombre de décès a augmenté dans plusieurs pays, dont l'Allemagne, la Turquie, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas et la Lituanie. La France reste l'un des pays d'Europe les moins affectés, avec moins de 10 cas par million d'habitants âgés de 15 à 64 ans en 2015.

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Les opiacés, un danger qui se diversifie

L'EMCDDA met l'accent sur les risques liés à l'évolution de la consommation d'opiacés. Ces derniers sont impliqués dans 81 pour cent des surdoses mortelles.

L'observatoire estime à 1,3 million le nombre « d'usagers problématiques » d'opiacés (l'un des groupes les plus vulnérables) en Europe. Selon le rapport, les consommateurs d'opiacés en Europe « ont cinq à dix fois plus de risques de mourir que les autres personnes du même âge et du même sexe. »

L'EMCDDA constate aussi des variations dans la nature des substances dangereuses. Il note une hausse « des signalements concernant les problèmes liés aux médicaments de substitution aux opiacés et aux nouveaux opiacés de synthèse. »

Selon le rapport, 25 opiacés de synthèse à forte teneur en principe actif (tels que les dérivés du fentanyl) ont été recensés en Europe entre 2009 et 2016.

« Comme de faibles volumes de ces substances suffisent à la fabrication de milliers de doses, elles représentent une menace croissante pour la santé, » note Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté.

Le besoin de faibles volumes rend aussi ces produits plus faciles à dissimuler et transporter. Ils sont vendus sur des marchés en ligne et les marchés illicites « classiques ». Ainsi, ces substances peuvent représenter une source de revenus considérable pour les réseaux criminels organisés.

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Les médicaments de substitution aux opiacés représentent encore un autre défi pour l'Europe et en particulier pour ceux qui prescrivent ces substances. Pour combattre ce problème, il est nécessaire, selon le rapport de « comprendre comment les opiacés délivrés sur ordonnance sont détournés de leur usage légitime. » En 2015 environ 630 000 usagers d'opiacés ont reçu un traitement de substitution.

Le marché des stimulants continue de croître

En ce qui concerne la cocaïne, l'EMCDDA s'inquiète d'une disponibilité apparemment croissante en Europe. Selon le rapport, la France a saisi de très grandes quantités de cocaïne en 2015 (11 tonnes). La quantité totale saisie en Europe la même année est de 69,4 tonnes (contre 51,5 tonnes en 2014).

Environ 17,5 millions d'adultes européens (âgés de 15 à 64 ans) ont déjà consommé de la cocaïne, un niveau stable par rapport aux années précédentes.

Selon le rapport, la cocaïne fait partie des stimulants illicites les plus couramment consommés en Europe, avec la MDMA et les amphétamines (dont la méthamphétamine).

La consommation de cocaïne est plus élevée en Europe de l'ouest et du sud, alors que la consommation d'amphétamines est plus présente au nord et à l'est du continent.

L'EMCDDA note aussi une complexification du marché des stimulants en lien avec l'introduction de nouvelles substances (tels que les phénéthylamines et les cathinones) ces dernières années.

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Le cannabis dans les écoles

Dans son rapport, l'EMCDDA analyse aussi l'évolution des politiques en matière de cannabis et la consommation dans les milieux scolaires.

Les 28 membres de l'Union européenne diffèrent en ce qui concerne les réglementations liées au cannabis, oscillant entre des « modèles restrictifs » et la tolérance pour certaines formes d'usage personnel. Selon l'observatoire, les évolutions ayant lieu aux États-Unis ne vont donc pas nécessairement se reproduire en Europe.

Selon le rapport, les niveaux mesurés de la consommation de cannabis par les élèves européens sont inférieurs à ceux observés chez leurs homologues américains. En Europe, contrairement aux États-Unis, l'usage de cannabis est signalé moins fréquemment que le tabagisme.

Alors que les débats concernant la légalisation partielle du cannabis continuent à travers l'Europe, le marché du cannabis a progressé à cause d'une augmentation de la production domestique ces dernières années.

L'herbe (marijuana) et la résine (haschisch) disponibles en Europe maintiennent des niveaux historiquement élevés de teneur en principe actif (tétrahydrocannabinol, THC). Selon l'EMCDDA, elles sont responsables pour la majorité des nouvelles admissions en traitement déclarées pour consommation de drogues en Europe.

Le rapport ne vise pas seulement à pointer du doigt les problèmes liés aux drogues auxquels l'Europe est confrontée. Il est aussi voué à aider les décideurs et responsables politiques européens à lutter contre ces problèmes en se basant sur des informations récentes, fiables et détaillées.


Suivez Élise Blanchard sur Twitter : @eliseblchrd