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Europe

La Conférence de défense planétaire réunie pour nous sauver d’un astéroïde

Des chercheurs venus du monde entier participent toute cette semaine à un exercice mettant en scène un astéroïde qui arriverait droit sur l’Asie.
Image via NASA/JPL-Caltech

Depuis lundi, des scientifiques essaient de sauver la planète. Ces chercheurs venus du monde entier participent toute cette semaine à un exercice mettant en scène un astéroïde qui arriverait droit sur l'Asie, à l'occasion de la quatrième Conférence de défense planétaire qui se tient en Italie, non loin de Rome. Lors de la conférence précédente, il y a deux ans, les chercheurs n'ont pas réussi à sauver la ville de Nice, vers laquelle était alors dirigé le corps imaginaire. Les scientifiques planchent sur les solutions possibles pour éviter une situation qui, bien que peu probable, reste envisageable, et espèrent pouvoir monter une expérience grandeur nature d'ici 2020.

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Les conséquences directes de l'impact de cet astéroïde créé pour un exercice de simulation imaginé par les conférenciers toucheraient une région de la taille de l'Irlande. La chute de cet astéroïde provoquerait un tsunami de 10 mètres, et un tremblement de terre d'une magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter.

Gerhard Drolshagen un physicien de l'agence spatiale européenne (ESA) est l'un des organisateurs de la conférence. En plein sauvetage de la Terre, il explique ce mercredi à VICE News que les conférenciers profitent d'être réunis pour avant tout échanger sur les avancées scientifiques dans ce domaine. Il y a trois temps pour éviter qu'un astéroïde ne laisse un gros cratère sur la planète, explique le scientifique. « Il faut d'abord trouver et observer les astéroïdes. Ensuite, il faut calculer la probabilité pour qu'un astéroïde ne rentre en collision avec la terre, et enfin, décider des mesures à prendre, » détaille le chercheur.

Si les chercheurs anticipent qu'un astéroïde va tomber sur la Terre, alors la solution pour le moment privilégiée c'est d'essayer de dévier sa trajectoire — plutôt que de le faire exploser, comme dans le film Armageddon. L'option préférée par Michael Bay, le réalisateur du film, aurait pour conséquence dommageable de faire tomber une pluie de petits cailloux sur la Terre. « Si la recherche sur les méthodes de déviation existe sur le papier, elle n'a jamais encore été expérimentée », explique Patrick Michel.

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Mener une mission de détournement d'astéroïde, c'est l'objectif commun de plusieurs agences spatiales : l'ESA, la NASA, le Centre Aérospatial allemand (DLR), l'Observatoire de la Côte d'Azur (OCA) et l'université John Hopkins. Pour tester cette option elles ont développé un projet baptisé AIDA, pour« Asteroïd Impact and Deflection Assessment ». Le programme prévoit de lancer deux sondes vers un astéroïde — qui ne menace pas la Terre — Didymos (800 mètres de diamètre), et son « jumeau », Didymoon, (170 mètres de diamètre).

En 2020, les agences spatiales européennes pourraient envoyer la première sonde, AIM (Asteroid Impact Monitor), sur l'un des deux astéroïdes, pour en mesurer la trajectoire en attendant de mesurer sa déviation avec l'arrivée un an plus tard d'une autre sonde envoyée par les Américains. Elle s'appelle DART (Double Asteroid Redirection Test). L'impacteur DART serait précipité à 22 500 km/h contre Didymos. Patrick Michel, qui est responsable de la partie européenne du projet explique à VICE News « qu'il se peut qu'on ait besoin de plusieurs projectiles. » Le chercheur insiste sur l'importance de l'expérimentation : « Cette expérience a un aspect de défense planétaire, mais elle a aussi une importance scientifique. »

Aujourd'hui, aucun astéroïde connu de plus d'un kilomètre, susceptible de détruire des régions entières, ne nous menace directement. « On peut les prédire à cent ans, » explique à VICE News Patrick Michel, directeur de recherches du CNRS à l'observatoire de Nice-Côte d'Azur, qui précise qu'on ne connaît pas tous les astéroïdes — de gros cailloux — que l'on appelle des « géocroiseurs » qui sont susceptibles de rentrer en collision avec la Terre.

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Il rappelle ainsi qu'en 2013, un astéroïde s'est précipité sur la ville de Tcheliabinsk, en Russie à une vitesse de 66 000 km/h. D'environ 17 mètres de diamètre, cet astéroïde a fait un millier de blessés, et a causé d'importants dégâts matériels. « On ne peut pas se préparer à tous les événements locaux de ce genre, qui arrivent environ tous les cent ans, » indique Patrick Michel, qui explique que la probabilité que des astéroïdes tombent sur des zones habitées est relativement faible.

La surveillance des corps célestes est prise très au sérieux par les agences spatiales européennes et américaines. En septembre 2014, la NASA estimait que les recherches en la matière n'étaient pas suffisantes. La fondation américaine B612 qui partage ce constat — « Les astéroïdes peuvent frapper la terre, et ils le font », peut-on lire sur leur site — espère lancer son satellite à infrarouge Sentinel en 2018, afin d'observer les astéroïdes qui ne peuvent pas être surveillés depuis la Terre.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter : @meloboucho

Image via NASA/JPL-Caltech