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Burundi

La crise au Burundi aurait fait 70 morts, selon une ONG

La question du troisième mandat présidentiel reste un point de blocage entre l’opposition et le gouvernement.
Image via Wikimedia Commons / Geordie Mott

Depuis la fin avril, les affrontements entre manifestants et les forces de l'ordre du Burundi ont fait 70 morts et environ 500 blessés, a annoncé ce jeudi à l'AFP une ONG burundaise, l'Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh).

Les manifestants s'opposent à la candidature du Président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, qu'ils considèrent non constitutionnelle. Alors que certains notent une baisse de l'intensité des manifestations par rapport aux semaines précédentes, certains des bastions de la contestation restent actifs à l'approche des élections locales et nationales. Sur le plan politique, le pouvoir et l'opposition restent en total désaccord sur le calendrier électoral et la question du troisième mandat présidentiel.

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« Depuis le 26 avril […] nous avons recensé 70 personnes tuées, surtout par balles, mais aussi par des grenades […], » a dit à l'AFP le président de l'Aprodh, Pierre-Claver Mbonimpa, jeudi soir. « Très majoritairement des civils, ainsi que des policiers et soldats. »

Il dénombre également 500 blessés, dont « une cinquantaine » toujours hospitalisés. Il a également précisé qu'un civil avait été tué par des manifestants et que 800 à 1 000 personnes arrêtées pendant les manifestations sont encore détenues en prison, par la police ou par les services de renseignement.

Pierre-Claver Mbonimpa a également dénoncé des actes de « torture » sur des prisonniers, démentis par la police burundaise et le service national de renseignement.

Depuis fin avril et la décision du Président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, une vague de contestation et de violences a touché le Burundi. Au cours du mois de mai, un leader de l'opposition a été assassiné, des manifestations réprimées par des tirs à balles réelles et une tentative de coup d'État a échoué.

Début juin, l'ONU donnait le chiffre de plus de 70 000 personnes ayant fui le pays à cause des violences, dont de nombreux enfants.

À lire : Fusils d'assaut contre cailloux : une nuit avec les contestataires de Bujumbura

Les élections communales et législatives doivent avoir lieu le 29 juin et les élections présidentielles le 15 juillet. Elles étaient initialement prévues les 26 mai et 26 juin mais ont été décalées par décret présidentiel, le 10 juin dernier, sur proposition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et sous la pression de chefs d'États d'Afrique de l'Est.

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Dix-sept partis d'opposition ont menacé de boycotter ces élections. L'opposition rejette catégoriquement la candidature du Président à un troisième mandat et le nouveau calendrier électoral. Le gouvernement a déclaré quant à lui que cette candidature est « non négociable » et qu'« il n'y aura pas de énième report ».

« Comment aller aux élections quand des gens sont assassinés, lorsque les Imbonerakure [NDLR, les membres d'une milice pro-gouvernement] sont encore armés, lorsqu'il n'y a plus de commission électorale, lorsque les médias indépendants ne sont pas encore rétablis, lorsque des leaders politiques ne sont pas sécurisés ? » a déclaré Agathon Rwasa, chef de file de l'opposition, le 10 juin.

À lire : Des milices pro-gouvernement pourraient faire plonger le Burundi dans le chaos, selon l'ONU

Le 10 juin également, le médiateur de l'ONU dans ce conflit, l'Algérien Saïd Djinnit, a mis fin à sa médiation, après avoir été récusé par l'opposition.

Après une série de décrets présidentiels début juin réformant la commission électorale, des décisions approuvées par le Parlement burundais, l'opposition a dénoncé un organe prenant la forme d'un « instrument taillé sur mesure pour conduire Nkurunziza au pouvoir ». La commission réformée a ensuite approuvé huit candidatures pour l'élection présidentielle, dont celle du Président Nkurunziza et celle de l'opposant principal Agathon Rwasa.

Ce jeudi, le gouvernement burundais a accepté la venue d'experts militaires de l'Union africaine (UA), censés désarmer les milices qui contribuent aux violences dans le pays.

À dix jours de ces élections, les médias privés burundais, sur lesquels peuvent s'exprimer des membres de l'opposition, ne peuvent toujours pas émettre. Plusieurs radios privées, détruites pendant la tentative de coup d'État, sont accusées par le gouvernement de complicité dans ce coup d'État. Le procureur général de la République leur a interdit, cette semaine, l'accès à des studios qui venaient de rouvrir. Des décisions dénoncées par le média en ligne Iwacu.

— Iwacu (@abakunzi)June 19, 2015

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter : @MatthieuJublin

Marché de Bujumbura, image via Wikimedia Commons / Geordie Mott