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Boko Haram

La France veut monter une coalition contre Boko Haram

Plus de 40 pays sont réunis à Dakar pour identifier des causes et des solutions à une crise sécuritaire en Afrique. La lutte contre le terrorisme sur le continent est le dossier qui figure en haut de la pile.
Sangaris, sécurisation d'un-convoi entre Bangui et N'Délé / État major des armées, ECPAD

Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, a appelé lundi le Nigéria et ses voisins à créer un comité de liaison pour mieux se coordonner dans leur lutte contre les islamistes de Boko Haram qui terrorisent la région. Le ministre de la Défense s'est exprimé dans le cadre de la première édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui se tient les 15 et 16 décembre dans la capitale du Sénégal.

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« Il y a une menace grave pour l'intégrité du Nigeria et pour ses voisins, que ce soit le Cameroun, le Niger ou le Tchad », a déclaré Jean-Yves le Drian à la presse, rapporte Reuters. « Pour cette raison, nous aimerions voir la création d'un comité de liaison militaire constitué entre les autorités de ces quatre pays pour aider à coordonner leur action et leur capacité de réponse », a-t-il déclaré, ajoutant que la France - présente militairement dans la région avec sa mission Barkhane contre les djihadistes du Sahel - serait prête à détacher plusieurs personnes pour contribuer à cette initiative.

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La menace de Boko Haram dépasse les frontières du Nigéria, s'étendant vers le Niger au nord et le Cameroun à l'est. Le nord-est du Tchad pourrait également être entraîné dans le conflit. L'été dernier, les quatre pays s'étaient engagés à mobiliser une force commune de 2 800 soldats, mais cette force n'a toujours pas vu le jour. D'après une récente enquête de la BBC, au mois de novembre seulement, les attaques du groupe islamiste ont fait 786 morts.

Boko Haram, que l'on traduit souvent par « l'éducation occidentale est un péché », est un groupe armé qui multiplie les massacres et les enlèvements, depuis sa création en 2002. L'organisation, qui prône l'instauration de la Charia, est classée comme groupe terroriste par les États-Unis. Le groupe a kidnappé au moins 500 femmes et filles dans le nord du Nigeria depuis 2009. Le kidnapping le plus marquant a eu lieu mi-avril, quand 273 jeunes filles ont été enlevées dans un lycée de Chibok. 230 d'entre elles sont toujours portées disparues.

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Au-delà de Boko Haram, la réunion du 15 décembre a passé en revue les différents groupes terroristes ou radicalisés sur le continent. Sur place, des reporters de RFI ont rapporté les chiffres avancés lors de la conférence. Elle a dénombré 16 groupes armés actifs tels que Al-Shabab en Somalie. 342 attaques au total sur le continent en 2013. Pour ces seuls six derniers mois on dénombre 3400 morts, dont 2400 au Sahara et au Maghreb.

Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS, en charge de l'Afrique explique à VICE News que la France n'a « pas les moyens de mener une guerre contre les terroristes, qui ne peut être gagnée par voie militaire classique, ce sont des guerres qui se font sur le terrain et pas à distance. Mais la France peut donner un appui en termes de renseignement et d'équipement. Le véritable enjeu, c'est le 'nerf de la guerre', c'est-à-dire de savoir qui va payer, » analyse-t-il.

Pour le chercheur, « Le sommet de Dakar est plus un lieu d'échange d'informations qu'un lieu de décision politique, mais il a l'avantage de faire prendre conscience au continent de la gravité des actions de Boko Haram. »

Regroupant plus de 350 personnes, dont des chefs d'État, des responsables politiques, mais aussi des chercheurs, des journalistes, et des entrepreneurs de plus de 40 pays, ce sommet a pour objectif de devenir un point de rencontre annuel pour créer une dynamique de sécurité commune en Afrique, qui soit gérée par le continent.

Philippe Hugon précise que si l'organisation du sommet est sénégalaise, l'initiative revient au ministère de la Défense français, qui organisait il y a un an, en décembre dernier, le sommet de l'Élysée pour la paix et la sécurité à Paris, qui revenait déjà sur la question de Boko Haram.

La France est engagée sur plusieurs terrains en Afrique, notamment au Mali, avec l'opération Barkhane et en Centrafrique, avec l'opération Sangaris. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, Jean-Yves Le Drian a déclaré « Il importe que les Africains assurent leur sécurité. Il leur faut les moyens d'assurer cette souveraineté, donc d'avoir des armées structurées au service des États, pas des armées de clans. Cet effort-là suppose un minimum d'armement. »

À l'heure actuelle, neuf opérations de maintien de la paix, qui mobilisent 110 000 Casques bleus sont déployées par l'ONU sur le continent africain.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter: @meloboucho