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La France veut recouvrir ses routes de panneaux solaires

En cas de succès, ce projet pourrait produire assez d’énergie pour alimenter huit pour cent de la population française, soit plus de 5 millions de personnes.
Image via Colas

Imaginez des kilomètres de routes se déroulant vers l'horizon, étincelantes sous la lumière d'une après-midi ensoleillée. Maintenant, imaginez ces mêmes routes transformant les rayons du soleil en suffisamment d'énergie pour alimenter des millions de personnes. La France a un plan pour que cela devienne réalité.

Ségolène Royal, la ministre française de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, avait annoncé en janvier dernier que près de 1 000 kilomètres de routes allaient être recouverts de panneaux solaires dans les cinq prochaines années. En cas de succès, ce projet pourrait produire assez d'énergie pour alimenter huit pour cent de la population française, soit plus de 5 millions de personnes.

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Cela peut paraître trop beau pour être vrai. Pourtant, le groupe Colas, l'entreprise qui soutient ce projet, assure que non. Cette compagnie avait dévoilé en octobre dernier le projet de route solaire, baptisé « Wattway », et présenté comme étant « le fruit de cinq ans de recherche et développement en partenariat avec l'Institut français de l'énergie solaire ». Le PDG du groupe Colas, Hervé Le Bouc, a déclaré que ce projet était « unique au niveau mondial » et y voit un élément essentiel pour le futur de la transition énergétique entre le charbon, le pétrole, le gaz naturel et des ressources renouvelables comme l'énergie solaire ou éolienne.

Un cycliste emprunte la SolaRoad, la première route de panneaux solaires au monde, lors de son inauguration officielle à Krommenie, aux Pays-Bas (Photo via Evert Elzinga/EPA)

La SolaRoad lors de son inauguration officielle à Kromennie, aux Pays-Bas. (Photo via Evert Elzinga/EPA)

Les Pays-Bas avaient lancé un projet similaire — de bien plus petite taille — en novembre 2014, sous la forme d'une piste cyclable longue de 70 mètres. Depuis son lancement, le projet baptisé « SolaRoad » a produit plus d'énergie solaire que prévu. Durant les six premiers mois de sa mise en activité, cette piste cyclable a généré près de 3 000 kilowatts/heure, soit assez pour fournir de l'électricité à un foyer d'une personne pendant un an.

En France, le projet Wattway sera compatible avec les routes et infrastructures existantes et évite ainsi les problèmes liés aux installations solaires ou éoliennes de grande envergure. « Wattway produit de l'énergie électrique sans occuper des terres cultivables ou des paysages, et contribue à augmenter la part du photovoltaïque dans le mélange énergétique, à la fois en France et dans le monde. »

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« Il n'y a pas besoin de refaire des infrastructures », avait déclaré Le Bouc au magazine économique Les Échos l'année dernière. « À Chambéry et à Grenoble, nous avons testé Wattway avec succès sous une affluence d'un million de véhicules, soit 20 ans de trafic routier normal, et la surface ne bouge pas. » D'après l'Agence française pour l'environnement et le climat, une section de la Wattway longue d'un kilomètre pourrait assurer l'éclairage public d'une ville de 5 000 habitants.

Un camion garé sur une surface de panneaux solaires construite par le groupe Colas. (Image via Colas)

Jean-Luc Gauthier, directeur du Centre pour l'expertise au Campus Scientifique et Technique Colas, a indiqué dans un communiqué de presse que le projet Wattway, désormais protégé par deux brevets, est né d'une simple réflexion. « Les routes passent 90 pour cent de leur temps à regarder en haut vers le ciel. Quand le soleil brille, elles sont bien sûr exposées à ses rayons. C'est une surface idéale pour des projets énergétiques. »

D'après Colas, ces panneaux solaires — qui sont composés de cellules photovoltaïques incrustées dans plusieurs couches de substrat — sont conçus pour supporter n'importe quel type de trafic routier, y compris des camions. Cette entreprise présente ses panneaux transparents composés de cellules photovoltaïques comme un « gâteau parfaitement étanche ». Ces surfaces comme étant résistantes à l'eau, durables et sûres, aussi résistantes aux dérapages que l'est l'asphalt conventionnel. Épais de seulement quelques millimètres, ces panneaux peuvent être ajoutés aux routes, autoroutes, parkings ou pistes cyclables existantes, et sont conçus pour s'adapter aux variations thermiques naturelles de la chaussée.

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Certaines critiques s'élèvent tout de même, estimant que les routes solaires ne sont pas rentables et que le projet Wattway ressemble davantage à une manière de subventionner des entreprises françaises qu'à une bonne solution d'énergie alternative.

« Les routes solaires en France sont beaucoup moins efficaces/coûteuses que des panneaux photovoltaïques sur les toits des maisons et des parkings, et que les usines solaires », a par exemple écrit sur Twitter Mark Jacobson, un professeur d'ingénierie à l'Université de Stanford (Californie).

D'après le journal Le Monde, Ségolène Royal a proposé que 200 à 300 millions d'euros soient débloqués pour des projets d'amélioration des infrastructures — avec notamment des routes solaires — en augmentant les taxes sur le diesel.

Le début de l'installation de la Wattway — qui est surnommée la « route révolutionnaire » — est prévu pour le printemps prochain.


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