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La gronde populaire vénézuélienne se heurte à la brutale répression du pouvoir

Les manifestants s'opposent à une loi restreignant le peu de pouvoir qu'il reste à l'Assemblée Nationale, tenue par l'opposition.
REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

Des milliers de manifestants se sont violemment heurtés aux forces de sécurité dans les rues de Caracas mardi, dans une des plus grandes manifestations depuis des mois contre la « voie dictatoriale » empruntée par le président vénézuélien, Nicolas Maduro.

Le leader vénézuélien et son gouvernement ont été durement critiqués par les puissances régionales en place et la communauté internationale pour la « répression brutale » de députés de l'opposition et de manifestants. Ils se sont rassemblés dans les rues de la capitale cette semaine pour contester un décret de la Cour suprême restreignant les derniers vestiges du pouvoir de l'Assemblée nationale, la branche législative du gouvernement contrôlée par l'opposition.

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Cet ultime coup politique a été vu comme une démonstration de force de Maduro, qui essaie de consolider son pouvoir et étouffer les critiques face à la pression grandissante du peuple, et une crise économique interminable ne donnant aucun signe encourageant.

Les manifestations de mardi à Caracas étaient la dernière tentative en date des leaders de l'opposition de rallier la population à leur cause contre l'oppression du gouvernement Maduro.

« Le monde peut enfin constater la voie dictatoriale que M. Maduro a choisi de suivre », a déclaré mardi l'ancien candidat à la présidentielle Henrique Capriles.

Maduro blâme régulièrement les puissances extérieures – particulièrement les États-Unis – qu'il accuse d'attiser les tensions dans le pays. Le Venezuela connaît une série de problèmes économiques et sociaux inquiétants. « Ils [Les États-Unis] ont donné l'ordre à la droite déchue et fasciste du Venezuela de mettre les rues à feu et à sang », a accusé Maduro mardi soir.

Mais les États-Unis ne sont pas les seuls à subir la colère du leader assiégé. Luis Almagro, secrétaire général de l'Organisation des États Américains, a condamné l'usage de gaz lacrymogène, de tirs, de balles à blanc et de répression policière contre les manifestants pacifiques mardi. « Ce qui s'est passé aujourd'hui à Caracas m'oblige à condamner fermement la répression brutale du gouvernement vénézuélien envers les manifestants des rues de la capitale », a dénoncé Almagro.

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**Pourquoi les Vénézuéliens **manifestent-ils ?

La semaine dernière, la Cour suprême a voté une loi restreignant le peu de pouvoir qu'il reste à l'Assemblée Nationale, tenue par l'opposition. Ce vote a suscité une vague de critiques de la part de la communauté internationale. Beaucoup ont affirmé que le Venezuela n'était plus une démocratie.

Dimanche dernier, la Cour suprême et Maduro ont tenté de revenir sur leur décision, réinstaurant le pouvoir de l'Assemblée. Mais les leaders de l'opposition ont jugé trop faible et trop tardif ce retour en arrière. Ils ont donc appelé les citoyens à manifester contre leur président.

La police a bloqué l'itinéraire prévu par les manifestants, les forçant à se rassembler par milliers devant des logements sociaux, héritages de l'ancien président Hugo Chavez. Des résidents des quartiers alentour ont vite rejoint le mouvement, accompagnés par des militants de l'opposition.

Une poignée de manifestants a commencé à jeter des pierres sur la police, qui a répondu en les aspergeant avec des tanks à eau, des camions antiémeutes et du gaz lacrymogène. Des gangs pro-Maduro à moto se sont mêlés à l'affrontement, tirant en l'air. Une balle a atteint la cuisse d'un manifestant.

Les analystes ont fermement condamné la tentative de Maduro. Un éditorialiste du journal argentin Clarìn a écrit que le Venezuela était maintenant « entré dans une ère totalitaire classique », tandis qu'un éditorial du journal espagnol El Paìs a parlé de « coup d'État ».

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Cependant, les soutiens de Maduro estiment que les récentes manifestations ne sont que représentations. « Aujourd'hui, l'Assemblée nationale a essayé de monter un nouveau spectacle », a lancé Diosdado Cabello, membre du Congrès. « Le seul coup d'État ici est contre le président Nicolas Maduro ».

Et maintenant ?

De nouvelles manifestations sont prévues pour ce jeudi – l'opposition espérant mobiliser ses troupes.

Maduro a affronté une pression internationale constante et un soutien de l'opinion publique décroissant depuis le début de son mandat en 2013 à la tête du Parti socialiste unifié du Venezuela. Une chute dramatique du prix de l'essence – qui représente 96 pour cent des profits à l'export du Venezuela – et de fréquentes pénuries de nourriture ont paralysé le pays. Et Maduro est apparu comme extrêmement vulnérable.

En décembre dernier, le pays était sur le point de sombrer, résultat d'une crise monétaire née de la décision de Maduro de retirer de la circulation le plus billet le plus cher – une mesure très impopulaire, juste après la chute du prix de l'essence. D'autres questions essentielles restent en suspens, comme les pénuries massives de nourriture et de médicaments ; des coupures d'électricité titanesques ; l'inflation, au taux ahurissant de 800 pour cent en 2016 ; et le nombre de meurtres en hausse, en moyenne 60 par jour en 2016 – 33 pour cent de plus qu'en 2015.


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