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Crime

La Hongrie construit un mur anti-migrants le long de sa frontière avec la Serbie

La Hongrie veut stopper les réfugiés qui tentent de rentrer dans le pays — et ce, malgré la féroce opposition d’autres pays européens et de groupes de défense des droits de l’homme.
Des forces de défense hongroises préparent le terrain pour un mur temporaire. Photo par Zoltan Gergely Kelemen/EPA

La Hongrie veut stopper les réfugiés qui tentent de rentrer dans le pays — et ce, malgré la féroce opposition d'autres pays européens et de groupes de défense des droits de l'homme.

Ce lundi, les forces de défense hongroises ont commencé à construire un mur temporaire le long de la frontière que le pays partage avec la Serbie. Les autorités hongroises estiment qu'elles sont confrontées à un afflux inédit — par son importance — de réfugiés qui rentrent en Hongrie.

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« En moyenne, ce sont 1 000 personnes qui traversent illégalement la frontière chaque jour pour rentrer en Hongrie. Ainsi, l'immigration illégale est devenue un problème sérieux et sa gestion est une tâche de premier ordre, » expose une déclaration conjointe des ministères de l'Intérieur et de la Défense hongrois.

On estime que près de 80 000 réfugiés sont entrés en Hongrie cette année — en 2014, ils étaient 43 000. La grande majorité des migrants qui passent par la Serbie viennent de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak. Nombre d'entre eux font une demande d'asile en Hongrie pour ensuite rejoindre un autre pays de l'Union européenne, comme l'Allemagne ou la Suède.

La construction du mur, qui devrait atteindre les 4 mètres de haut, courir sur plus de 175 kilomètres et coûter près de 32 millions d'euros, a été annoncée par le gouvernement d'extrême droite hongrois en juin. Suite à l'annonce, le gouvernement s'est attiré les foudres de la Serbie et des autres partenaires européens de la Hongrie. « Construire des murs n'est pas une solution, » a expliqué le Premier ministre serbe, Aleksander Vucic, au quotidien allemand Deutsche Welle. « Je ne comprends pas cette décision et je vais en discuter avec nos partenaires de l'UE. »

La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré que le mur n'avait« aucun sens ». Un porte-parole de l'UE a aussi condamné le projet hongrois, confiant au Irish Times, « Nous avons dans notre histoire européenne récente réussi à abattre des murs, on ne devrait donc pas en remonter. »

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Le mur n'est qu'un aspect des initiatives hongroises récentes pour réduire le nombre de demandeurs d'asile dans le pays. Le mois dernier, le parlement a notamment voté une nouvelle loi permettant au personnel chargé de la sécurité des frontières, de refouler les migrants qui viennent de pays du Moyen-Orient. D'autres nouvelles lois permettent aussi aux autorités hongroises d'emprisonner des migrants dans des camps temporaires et de bloquer les appels pour les demandes d'asile qui auraient été refusées en première instance.

D'après un récent rapport d'Amnesty International, de nombreux migrants qui voyageaient dans les Balkans ont été confrontés à des abus et des violences perpétrés par des officiels gouvernementaux et des passeurs sans scrupule. Le nombre de personnes arrêtées à la frontière serbo-hongroise a augmenté de 2 500 pour cent depuis 2010. Amnesty a vivement critiqué la nouvelle législation anti-immigration hongroise, arguant que celle-ci allait mettre plus de vies en danger.

« Les réfugiés qui fuient la guerre et les persécutions se lancent dans ce voyage dans les Balkans avec pour espoir, celui de trouver un semblant de sécurité en Europe. Ils sont en réalité victimes d'abus ou exploités et se retrouvent à la merci des systèmes d'intégration défectueux, » expliquait le responsable pour l'Europe et l'Asie centrale d'Amnesty International à des journalistes, la semaine dernière.

« Alors qu'un nombre croissant de réfugiés vulnérables, des demandeurs d'asile et de migrants se retrouvent coincés dans ce no man's land des Balkans, la pression sur la Serbie ne fait qu'augmenter. »

Suivez Rachel Browne sur Twitter : @rp_browne

Des forces de défense hongroises préparent le terrain pour un mur temporaire. Photo par Zoltan Gergely Kelemen/EPA