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Crime

La menace du trafic d’enfants au Népal est plus importante après le tremblement de terre

Chaque année, environ 10 000 enfants népalais sont victimes de trafic d’être humains et travaillent dans des maisons closes ou des usines en Inde. Le séisme du 25 avril dernier a aggravé la situation.
Navesh Chitrakar/Reuters

La frontière entre l'Inde et le Népal est le point de passage d'un trafic d'enfants destinés à travailler dans des bordels indiens ou des usines. Chaque année, 10 000 enfants sont emmenés illégalement de l'autre côté de cette frontière de plus de 3 000 kilomètres, selon les estimations.

Le tremblement de terre du 25 avril dernier, qui a tué et déplacé des milliers de personnes, a aussi aggravé le problème du trafic d'enfants.

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« Après un désastre comme celui-ci, le trafic a tendance à augmenter, » explique Ramsey Ben Achour, un spécialiste de la protection de l'enfance auprès de l'Unicef au Népal.

Le séisme de magnitude 7,8, qui a tué près de 9 000 personnes et engendré des milliers de sans-abri, a touché près d'un million d'enfants dans le pays, selon l'Unicef. Depuis le tremblement de terre, les activistes du groupe anti-trafic Maiti Népal ont mis en place douze stations le long de la frontière, pour surveiller le trafic d'enfants. Ces stations sont gérées par d'anciennes victimes de trafic d'humains, qui savent quel type de comportements rechercher.

« Jusqu'ici, nous avons intercepté plus de 50 filles à la frontière, » annonce Bishwo Khadka, le directeur de Maiti Népal.

Ces 50 filles, victimes de trafic, ne sont pas les seules. La dernière semaine de mai, un responsable de la région de Bihar, au Nord-Est de l'Inde, a dit au journal anglais The Guardian que les autorités ont secouru 26 enfants venus du Népal lors des 20 jours précédents.

Selon Khadka, les trafiquants utilisent toutes sortes de méthodes pour faire passer illégalement des personnes de l'autre côté de la frontière.

Certains Népalais ne savent pas qu'ils sont en train d'être victimes de trafic. Ils peuvent traverser la frontière derrière des trafiquants qui se font passer pour des travailleurs humanitaires. D'autres fuient avec leur famille, et après avoir passé clandestinement la frontière, et doivent trouver du travail pour subvenir aux besoins de leurs proches. D'autres encore se font arnaquer via des réseaux sociaux et se retrouvent à travailler dans des maisons closes ou des usines.

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La destruction de larges zones dans la région de Katmandou ou de nombreux villages et villes alentour, à l'approche de la saison des pluies, ainsi que les nombreuses répliques du séisme ont donné de bonnes raisons de fuir à de nombreux Népalais.

« Ce que nous avons remarqué, c'est que des familles entières migrent en Inde, en particulier depuis les zones où le tremblement de terre a frappé le plus fort, » explique le directeur de Maiti Népal. « Les gens partent à cause de la peur. Mais même si les parents peuvent trouver des emplois en Inde, leurs enfants restent vulnérables. »

Aujourd'hui, peu de choses peuvent être faites pour les enfants qui traversent la frontière avec leurs familles, même si des organisations comme Maiti Népal pensent que c'est ce mouvement qui met les enfants en danger. Le 26 mai dernier, le gouvernement népalais a pris des mesures pour protéger les enfants qui ont perdu leurs familles où ont été déplacés.

Alors que les ressortissants népalais peuvent entrer en Inde sans visa, le ministère des Femmes, des Enfants et du Bien-être social a annoncé que tous les enfants de moins de 16 ans qui font le voyage doivent être accompagnés par un parent ou un tuteur légal. Ce décret vise à prévenir les trafics. Si un enfant est accompagné par un adulte qui n'est pas son parent ou son tuteur, ce dernier devra montrer une lettre d'approbation des autorités locales chargées de la protection de l'enfance, même s'ils voyagent d'une région à l'autre à l'intérieur même du pays. Cela afin d'éviter que ces enfants ne rejoignent les routes du trafic d'humains entre le Népal et l'Inde.

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« C'est une excellente mesure que le gouvernement a mis en place, » nous a dit Ben Achour, de l'Unicef.

En plus de ce nouvel encadrement des voyages, l'Unicef a signé un accord avec la police, afin de soutenir 84 postes de police dans le pays, pour qu'ils soient attentifs au trafic d'enfants. La semaine dernière, avant l'annonce de cette nouvelle règle, 44 enfants ont été interceptés alors qu'ils voyageaient de la région de Dadling à celle de Katmandou, accompagné par des adultes qui n'étaient pas leurs tuteurs légaux.

Alors que la mousson approche, la nécessité de protéger les enfants augmente. Des milliers de familles n'ont pas d'abri et doivent encore reconstruire leur maison, et les pluies torrentielles qui s'annoncent devraient rendre cette situation déjà difficile encore plus désespérée. Des familles pourraient envoyer leurs enfants ailleurs pour leur sécurité, ce qui créerait d'autres problèmes.

« Les familles vont être plus susceptibles de laisser leurs enfants dans des orphelinats car elles croient qu'ils seront plus en sécurité. Cela peut mener à des cas d'exploitation, » nous a dit Ben Achour.

Depuis le séisme du 25 avril, il y a eu plus de 300 répliques dans le pays.

À voir : En Photos : Les jeunes victimes du tremblement de terre au Népal

À regarder : Séisme au Népal (Dispatch 4)

Suivez Neha Shastry sur Twitter: @nehashastry