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Crime

La police allemande a identifié des suspects dans l’affaire des agressions sexuelles à Cologne

Les retombées se multiplient après qu’un énorme groupe d’homme a agressé 90 femmes aux abords de la cathédrale de Cologne le soir du Nouvel An.
Photo par Markus Boehm/EPA

Ce mercredi, la police allemande a identifié trois suspects en lien avec les agressions de masse qui ont eu lieu à Cologne en marge des festivités de Nouvel An, d'après une déclaration du ministre de l'Intérieur du Land Rhénanie-du-Nord - Westphalie (ouest du pays).

Ce mardi, la police a déclaré que 90 femmes avaient été agressées sexuellement, rackettées ou menacées aux abords de la cathédrale de la ville, une série d'événements que les autorités ont condamnés en les qualifiant de « nouvelle dimension dans le crime ».

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Le chef de la police Wolfgang Albers a déclaré à des reporters que les auteurs de ces attaques appartenaient à un groupe de près de 1 000 hommes apparemment âgés de 18 à 35 ans, principalement originaires de « pays arabes ou d'Afrique du Nord ». Aucun élément ne précise leur identité, rien ne dit que ce sont des migrants ou des réfugiés alors plusieurs détracteurs de la politique migratoire de Merkel font de ce rapprochement.

« Nous avons une plainte qui relève du viol, » a-t-il ajouté.

Ces attaques ont exacerbé les tensions entre d'un côté les réfugiés et migrants récemment arrivés, et de l'autre les militants anti-immigration — l'Allemagne ayant accueilli un million de migrants l'année passée.

Les femmes visées ont commencé à parler dans la presse, à l'image d'une jeune fille de 18 ans prénommée Michelle, qui a indiqué à la chaîne d'information allemande N-TV qu'elle et ses 11 amies avaient été harcelées, tripotées et rackettées le soir du Nouvel An.

« Vers 23 heures, nous étions à la gare centrale pour nous déplacer afin de voir les feux d'artifice et c'est à ce moment-là que nous avons pour la première fois remarqué tous ces hommes qui se tenaient autour, » a-t-elle raconté.

« Nous avons réussi à entrer dans la cathédrale et nous avons voulu nous rendre derrière le musée Ludwig pour rejoindre tout le monde et regarder les feux d'artifice le long du fleuve, mais soudain nous étions entourées par un groupe d'environ 20 à 30 hommes. »

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« Ils étaient pleins de colère, et nous avons dû faire attention à ce qu'ils n'attrapent pas l'une d'entre nous. Ils nous tripotaient et nous avons essayé de nous enfuir aussi vite que possible. »

Anne, une femme âgée de 27 ans, a raconté au Spiegel Online que « toute la place était presque exclusivement remplie d'hommes, avec seulement quelques femmes apeurées qu'ils regardaient fixement. Je peux à peine le décrire. C'était très dérangeant. » Elle a indiqué avoir été tripotée peu de temps après être arrivée.

D'après une autre femme, Katja, « Quand nous sommes sortis de la station, nous étions très surprises par le groupe que nous avons rencontré, qui était exclusivement composé d'hommes étrangers… Nous avons traversé le groupe d'hommes, il y avait un passage au milieu d'eux, nous avons traversé… J'ai été touchée partout… Malgré le fait que nous ayons crié et que nous les ayons frappés, les hommes n'ont pas arrêté. J'étais horrifiée et je pense que j'ai été touchée près de 100 fois sur deux cents mètres. »

La zone où se trouvaient ces femmes attire normalement des milliers de fêtards le soir de Nouvel An.

« Nous ne tolérerons pas des attaques aussi lâches et odieuses, » a déclaré ce mardi le ministre de la Justice allemand Heiko Maas. « C'est vraisemblablement une dimension complètement nouvelle que prend le crime organisé. » Il a par ailleurs indiqué que toute personne impliquée doit être « identifiée et poursuivie ».

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Ralf Jaeger, ministre de l'Intérieur de la région Rhénanie-du-Nord - Westphalie, a déclaré « Nous ne tolérerons pas que des groupes organisés d'hommes originaires d'Afrique du Nord humilient des femmes sans défense par le biais d'agressions sexuelles éhontées, » avant d'ajouter « Nous avons une dette envers les femmes ainsi qu'envers ces réfugiés d'Afrique du Nord qui aspirent à vivre en paix parmi nous. »

Dans le même temps, le commissaire allemand à l'Intégration, Aydan Ozoguz, a demandé une enquête rapide, « car d'un côté, les femmes ont besoin de clarté et d'un autre côté, les réfugiés et étrangers sont rapidement en train de devenir la cible d'une suspicion générale. »

La maire de Cologne, Henriette Reker, a déclaré qu'il n'y avait aucune raison de croire que les auteurs de ces agressions étaient des réfugiés. Elle a qualifié ces événements « d'impensables et d'intolérables. »

Reker fait face à la critique depuis qu'elle a suggéré, lors d'une réunion de crise ce mercredi, que les femmes devaient suivre un « code de conduite » qui comprend des suggestions telles que se tenir à bonne distance des inconnus, demander de l'aide aux passants, signaler les agressions à la police, et rester à l'intérieur d'un groupe.

La chancelière allemande Angela Merkel a également condamné ces attaques, en disant à Henriette Reker lors d'un appel téléphonique que ces agressions méritaient une réponse ferme.

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« Tout doit être fait pour enquêter sur ceux qui sont responsables, de manière aussi rapide et complète que possible, et pour les punir, quel que soit leur pays d'origine, » a-t-elle dit selon son porte-parole.

Demonstrators from various left-wing organizations protest against sexism and violence outside of Cologne Main Station on Tuesday. (Photo by Oliver Berg/EPA)

Au sortir d'une réunion de crise, Reker a annoncé que de nouvelles mesures seraient prises pour éviter que ces événements ne se répètent. Les effectifs de police seront par exemple renforcés lors des grands événements, et davantage de caméras de sécurité seront installées.

Elle a insisté sur le fait que les femmes doivent se sentir en sécurité lors des festivités du carnaval traditionnel qui se tiendront le mois prochain, quand la ville sera fermée pour cinq jours de parades et de fêtes alcoolisées.

Henriette Reker avait été poignardée au cou et sérieusement blessée en octobre dernier, un jour seulement après avoir été élue maire de la ville. La police avait déclaré que l'attaque pouvait avoir été motivée par le fait que Reker soutenait la cause des réfugiés.

Ce mardi soir, près de 150 personnes se sont rassemblées devant la cathédrale de Cologne pour manifester contre les violences faites aux femmes. L'une d'entre elles portait un panneau sur lequel était écrit « Mme Merkel où êtes-vous ? Que dîtes-vous ? Cela nous fait peur ! »

Le parti de droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a vu sa cote de popularité augmenter — au détriment de celle de Merkel — grâce à une campagne contre les réfugiés, a déclaré que la Chancelière devait fermer les frontières.

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« Mme Merkel, l'Allemagne est-elle assez ''colorée et cosmopolite'' à votre goût après la vague de crimes et d'agressions sexuelles ? » a demandé sur Twitter la présidente de l'AfD Frauke Petry.

Dans le même temps, les attaques contre les centres d'hébergement pour réfugiés sont quasi quotidiennes à travers l'Allemagne. « Des événements comme ceux de Cologne sont un terreau fertile pour la xénophobie, » a déclaré Roland Schaefer, président de l'association des villes et villages d'Allemagne (DStGB).


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