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Crime

La police de Baton Rouge sort son attirail de guerre face aux manifestants

C'est à l'aide de véhicules blindés et de méthodes agressives que la police de Baton Rouge, en Louisiane, à fait face aux manifestants venus protester ce dimanche contre la mort d'Alton Sterling.
Photo par Shannon Stapleton/Reuters

C'est à l'aide de véhicules blindés et de méthodes agressives que la police de Baton Rouge, en Louisiane, s'est confrontée aux manifestants venus protester ce dimanche contre la mort d'Alton Sterling, un homme noir abattu la semaine dernière par des policiers blancs.

Un jour après la diffusion d'une vidéo montrant la mort de Sterling d'autres images ont fait le tour du web, montrant cette fois-ci un homme en train de mourir dans sa voiture. Des millions de personnes ont vu les images de Philando Castile sur Facebook Live, peu de temps après que la police lui a tiré dessus.

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Les deux drames ont déclenché des manifestations partout dans le pays.

Sarah Hollows, de la Nouvelle-Orléans, s'est rendue à Baton Rouge dimanche pour manifester. Hollows nous a expliqué que les manifestations s'étaient déroulées dans le calme, jusqu'à l'intervention de la police.

L'événement avait d'abord pris la forme d'un « rassemblement pacifique », organisé par des jeunes militants noirs de la ville. Les manifestants ont lu des poèmes et des déclarations sur les marches du Capitole de l'État.

« C'était réconfortant et beau » ,explique Hollows. « Il y avait des fanfares, de la chanson, et des gens qui scandaient, 'pas de justice, pas de paix'."

La situation s'est crispée lorsque les manifestants se sont dirigés vers l'église Wesley United Methodist. Ils étaient tellement nombreux qu'il n'y avait pas suffisamment de place pour tout le monde dans le parking de l'église.

« Les gens ont commencé à se disperser, à quitter le groupe », dit Hollows. Un groupe de manifestants a commencé à suivi la route en direction d'un carrefour très fréquenté, pour se rendre à l'université de Louisiana State. À l'aide d'un haut-parleur, un policier a ordonné à la foule de se disperser.

Tensions high in Baton Rouge as police clash with protesters wearing riot gear and gas masks pic.twitter.com/3KRN9NMKHa
— wynton yates (@WyntonYates) July 11, 2016

« Les gens regardaient autour d'eux confus et en état d'alerte. Il n'y a pas eu de confrontation, mais c'est devenu de plus en plus tendu », explique Hollows. « Soudain, de nulle part, une femme — l'une des organisatrices de lSU — a commencé à crier, 'ils sortent du gaz lacrymogène et des masques à gaz, il faut qu'on bouge. »

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WashPo--Fears grow that Baton Rouge—with its militarized police force—could be next Ferguson https://t.co/ZNMNMWFYw4 pic.twitter.com/H05x2PXZz5
— Steven Greenhouse (@greenhousenyt) July 11, 2016

La foule a commencé à paniquer. Certains ont tenté de quitter les lieux, d'autres ont voulu rester. Soudain, raconte Hollows, ils se sont retrouvés nez à nez avec « un mur de police anti-émeute ».

L'une des habitantes du quartier a autorisé les manifestants à occuper sa pelouse. S'en est suivi un face-à-face tendu de trois heures avec la police. Plus de 100 officiers équipés de masques à gaz et de gilets pare-balles ont encerclé les lieux. La plupart des officiers portaient également des fusils d'assaut. La police a notamment utilisé un LRAD — appareil acoustique de longue portée , un canon à son — pour disperser la foule.

Au moins 48 personnes ont été arrêtées. C'est la deuxième vague d'arrestations massives ce week-end, après l'arrestation d'au moins 101 personnes vendredi — dont DeRay McKesson, une figure connue du mouvement Black Lives Matter.

Disperse or be arrested, police say — Rebekah Allen (@rebekahallen)July 10, 2016

More photos from — Julia O'Donoghue (@JSODonoghue)July 11, 2016

Les évènements de dimanche rappellent les scènes de manifestation vues à Ferguson, dans le Missouri, à l'été 2014, lorsque les forces anti-émeutes se sont heurtées aux manifestants qui protestaient contre la mort de Michael Brown, un adolescent noir abattu par un policier blanc. Les photos et les vidéos de policiers équipés comme des militaires avaient à l'époque provoqué un débat sur la militarisation de la police du pays.

Selon une enquête de la chaîne de radio NPR, le Pentagone aurait financé à hauteur de 1,9 milliard de dollars, l'achat de matériel pour les commissariats de police depuis 2006. Parmi ces équipements figurent 79 288 fusils d'assaut, 205 lance-grenades, ou encore 479 robots-bombes — comme celui utilisé pour neutraliser l'attaquant de Dallas — et pour 124 millions de dollars de matériel de vision nocturne.


Suivre Tess Owen sur Twitter: @misstessowen

Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.