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La police italienne saisit 600 000 contrefaçons dangereuses de préservatifs

Les faux préservatifs « imitaient à la perfection des marques célèbres ».
Image via Flickr / Paul Keller

Une brigade des douanes italienne a découvert 600 000 préservatifs contrefaits dans une cargaison de produits frauduleux. Le chargement a été intercepté à l'aéroport Léonard de Vinci à Rome.

Ce mardi, les autorités ont annoncé la saisie en indiquant que les faux préservatifs — « imitant à la perfection les marques célèbres ». Ils présentent toutefois des défauts de fabrication qui les rendent dangereux pour la santé. Ils n'ont pas été par exemple correctement stérilisés.

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Fabriqués en Chine et entreposés en Albanie avant leur arrivée en Italie, ces produits auraient pu se retrouver sur les marchés européens. À ce moment de l'enquête leur destination et usage final ne sont pas encore connus.

Les agents de la Guardia di Finanza italienne — le service regroupant la police douanière et financière — ont saisi cette importante cargaison de produits pharmaceutiques contrefaits qui transitait par l'aéroport Léonard de Vinci à Rome. Au total, plus d'un million d'articles auraient été saisis, dont 500 000 comprimés alimentaires,150 000 articles de bijouterie fantaisie et donc 600 000 préservatifs contrefaits.

Les autorités italiennes ont indiqué que les préservatifs étaient des contrefaçons très bien faites de ceux de la marque britannique Durex. Les logos de la marque étaient présents sur les différents emballages et sur le petit dépliant illustré inclus dans les boîtes. La presse italienne a rapporté que le niveau de finition des produits était en mesure de « tromper l'oeil le plus expérimenté. »

Contacté par VICE News ce mercredi, l'entreprise Durex n'a pas pu commenter cette saisie dans les délais de parution de cet article.

Les préservatifs saisis ont fait l'objet d'une série de tests menés par un laboratoire officiel. Ils auraient été mal stérilisés et conçus à l'aide de produits chimiques dangereux pour la santé.

Les enquêteurs ont pour l'instant remonté la filière jusqu'à un entrepôt en Albanie, où la marchandise avait été transportée depuis la Chine. Selon un média italien, le procureur de Civitavecchia (région de Rome) aurait interpellé vingt personnes, principalement d'origine chinoise.

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Selon un autre média italien, une partie des comprimés alimentaires interceptés dans la même cargaison étaient des imitations de produits de la marque Via-Ananas, une gamme de pilules censées aider à mincir. Ce type de comprimé peut par exemple être acheté sur Internet via des sites spécialisés.

Face à ce phénomène, l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol) avait lancé une alerte mondiale en mai dernier, déconseillant fortement d'acheter ce genre de médicament sur Internet.

Ce mercredi, VICE News a joint par téléphone Bernard Leroy, directeur de l'Institut International de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM). En 2013, l'institut estimait que 700 000 personnes étaient mortes dans le monde à cause de médicaments contrefaits. Son directeur prévient que la situation actuelle est « beaucoup plus compliquée » car les flux se multiplient du Nord au Sud et Internet a décuplé les possibilités pour les trafiquants.

« C'est un domaine dans lequel les zones d'ombre sont considérables » explique-t-il, en précisant que la lutte contre ce phénomène « dépend énormément du bon vouloir des autorités nationales, en Afrique et en Asie notamment. » Il estime que 550 millions de doses contrefaites ont été saisies dans le monde en 2014.

Le directeur de l'IRACM précise qu'en Europe, les médicaments contrefaits représenteraient 1 pour cent du volume global. Ce taux avoisine les 10 pour cent en Russie et grimperait jusqu'à 30 pour cent des médicaments utilisés en Afrique, où « l'importance du marché de rue rend la traçabilité des doses très difficile. »

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Les risques liés aux médicaments contrefaits sont très divers, et varient selon la demande émanant des différents pays. « En Europe, cela concerne surtout les médicaments que les gens n'osent pas acheter en pharmacie, comme le Viagra, les pilules pour mincir ou les anabolisants » indique-t-il.

En avril 2015, une jeune femme âgée de 21 ans est décédée en Angleterre après avoir ingéré des pilules pour mincir, achetées sur Internet. L'autopsie a plus tard révélé que les faux médicaments contenaient du DNP, un produit chimique industriel qui aurait « consumé la jeune fille de l'intérieur. »

Bernard Leroy rappelle que le trafic de faux médicaments est avant tout international, « avec des réseaux qui se rapprochent de plus en plus des groupes criminels voire terroristes. » Il cite notamment le cas du captagon, une sorte d'amphétamine utilisée par les djihadistes au Moyen-Orient pour « améliorer les performances de leurs combattants et calmer les prisonniers avant les exécutions filmées, » précise Leroy.

La lutte contre la contrefaçon de médicaments mobilise de nombreuses organisations internationales comme l'Office des Nation-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avec des enquêtes d'envergure mondiale confiées à Interpol.

Selon l'IRACM, de faux traitements contre le paludisme et des médicaments de qualité inférieure auraient causé la mort de 122 350 enfants sur le continent africain en 2013.

Suivez Pierre-Louis Caron sur Twitter: @pierrelouis_c

Image d'illustration. Image via Flickr / Paul Keller