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FRANCE

La pollution de l’air tue presque autant que l’alcool en France

Un Parisien de 30 ans perd en moyenne 15 mois d’espérance de vie à cause de la pollution aux particules fines.
Vue de Paris depuis la tour Eiffel (Etienne Rouillon / VICE News)

La pollution aux particules fines est à l'origine de 48 000 décès par an en France continentale. Cette estimation est le résultat d'une étude menée par l'agence Santé publique France et publiée ce mardi. Cela représente 9 pour cent de la mortalité dans le pays.

« Le fardeau [c'est-à-dire le poids sanitaire] de la pollution de l'air se situe au troisième rang, derrière celui du tabac (78.000 morts) et de l'alcool (49.000 morts) », souligne le Pr François Bourdillon, directeur général de l'organisme public, cité par l'AFP. La pollution est une « espèce de mortalité invisible », ajoute-t-il.

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Pour la première fois, cette étude repose sur des données environnementales et sanitaires françaises, consolidées par des données européennes. Elle a été réalisée pour les années 2007-2008 sur la totalité des 36 219 communes de France continentale (hors Corse, départements et territoires d'outre-mer), rassemblant plus de 61,6 millions d'habitants.

Les chercheurs ont utilisé les particules fines de 2,5 micromètres de diamètre, appelées PM2,5, comme indicateur global de la qualité de l'air. « Il s'agit de l'indicateur de pollution le plus étudié en termes d'effets sur la santé », précisent-ils dans l'étude.

Leurs analyses ont visé à établir l'impact de la pollution par ces particules fines, liée aux activités humaines (transports, agriculture, industrie, etc.), sur la santé des Français. Selon l'étude, l'espérance de vie d'une personne âgée de 30 ans vivant dans une zone urbaine de plus de 100 000 habitants chute en moyenne de 15 mois. Dans une zone entre 2 000 et 100 000 habitants, la baisse est en moyenne de 10 mois. Les habitants des zones rurales ne sont pas épargnés. Ils perdent à 30 ans en moyenne 9 mois d'espérance de vie.

Si les chercheurs assurent qu'en moyenne, les concentrations de PM2,5 sont plus élevées dans de grandes zones urbaines (région parisienne, Nord-Est de la France, axe Lyon-Marseille), quelques communes dites « rurales » sont en fait « sous influence industrielle ». L'étude cite notamment les alentours de l'Étang de Berre ou l'Est de la France.

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« Plus de 800 000 personnes résidant dans des communes rurales sont exposées à des valeurs dépassant 14 µg/m3 [microgrammes par mètre cube] en moyenne annuelle », dit le rapport, ce qui est supérieur à la valeur recommandée par l'OMS de 10 µg/m3.

Améliorer la qualité de l'air aurait selon les chercheurs un impact significatif sur le nombre de décès par an. Ils ont ainsi envisagé plusieurs scénarios dans leur travail. Plus de 34 000 décès pourraient être évités chaque année si l'ensemble des communes de la France continentale réussissaient à atteindre les niveaux de particules fines PM2,5 observés dans les 5 % des communes équivalentes (en taille de population) les moins polluées. Cela représenterait 7 pour cent de la mortalité en France et correspondrait à un gain moyen d'espérance de vie à 30 ans de 9 mois.

Autre scénario examiné : si la valeur recommandée par l'OMS était respectée. Cette fois, ce sont 17 700 vies qui pourraient être épargnées, dont plus de 12 800 dans les communes appartenant à des unités urbaines de plus de 100 000 habitants. Dans ces communes, les habitants pourraient gagner en moyenne 7 mois d'espérance de vie à 30 ans.

Ces résultats confirment une l'étude menée par le programme européen CAFE (Clean air for Europe), en 2000. Celle-ci estimait que les particules fines en lien avec l'activité humaine étaient responsables de 42 000 décès en France. En 2015, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) établissait pour sa part à 400 000 le nombre de décès attribuables chaque année à la pollution aux particules fines PM2,5 en Europe, dont plus de 43 000 en France.

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Par ailleurs, Santé publique France a mené une étude dans 17 villes en France, de 2007 à 2010, sur les effets des pics de pollution sur la santé. Les résultats établissent que ces pics ont en réalité un impact marginal. Le plus gros impact sur la santé provient de l'exposition « quotidienne et dans la durée » à la pollution.

« La baisse des niveaux de pollution de l'air constitue l'un des leviers d'action majeurs pour la prévention des maladies respiratoires, cardiovasculaires et des cancers en France », conclut l'étude.

L'exposition à la pollution de l'air, notamment aux particules fines, contribue en effet au développement de maladies chroniques comme des maladies cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques, et des cancers. Elle favorise également des troubles de la reproduction et du développement de l'enfant.


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