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Etats-Unis

La première opération militaire de l’administration Trump tourne au fiasco

Les États-Unis ont mené une opération sécrète au Yémen fin janvier, qui s'est soldée par la mort d'une douzaine de civils, dont neuf enfants, et celle d'un soldat américain.
(REUTERS/Jonathan Ernst)

Les États-Unis ont mené une opération sécrète au Yémen fin janvier, qui s'est soldée par la mort d'une douzaine de civils, dont neuf enfants, et celle d'un soldat américain. Mais selon des hauts dirigeants américains, qui ont parlé à la chaîne NBC News, cette opération n'a fourni aucune information utile.

Les informations de NBC News viennent s'ajouter à une série de révélations troublantes qui nous en apprennent plus sur la première opération militaire que Donald Trump a dirigée en tant que président. Elles contredisent aussi l'argument de la Maison blanche selon lequel ce raid a été un succès.

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S'il fait face à des critiques sur la manière dont son administration a géré l'opération, Trump assure que la mission a été un succès. Il l'a répété une nouvelle fois à Fox News ce mardi, tout en prenant ses distances avec la mission. Il a dit à l'émission matinale « Fox and Friends » que « selon le général [James] Mattis [actuel secrétaire de la Défense], c'était une mission très fructueuse », et que grâce à elle les militaires « ont récolté des quantités énormes d'information ».

Mais les hauts fonctionnaires cités par NBC News n'ont pas eu vent d'une quelconque information utile résultant de l'opération. Et l'armée a du mal, pour le moment, à fournir des exemples concrets au public et à prouver que cette intervention a été un succès. d'autant plus que l'armée essaye de faire profil bas, notamment après que le Commandement central des États-Unis (CENTCOM) a publié par erreur une vidéo censée illustrer les informations « délicates » obtenues pendant le raid… qui date en réalité d'il y a 9 ans.

Au cours du week-end, le père du soldat décédé pendant l'opération a critiqué le président et l'opération qui a tué son fils, le Navy SEAL Ryan Owens. Il a demandé l'ouverture d'une enquête approfondie pour savoir ce qui a mal tourné et pourquoi cette opération, vouée à l'échec, a été approuvée depuis le départ.

« Pourquoi fallait-il lancer cette mission stupide alors que l'administration [Trump] était en place depuis moins d'une semaine ? » s'est indigné Bill Owens vendredi dernier dans le journal Miami Herald. « Depuis deux ans… tout était [fait par] des missiles et des drones [au Yémen]… Et maintenant, tout d'un coup, on devait faire cette grande démonstration ? »

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Owens s'en est également pris à l'administration parce qu'elle accusait les critiques de l'opération d'entacher la mémoire de son fils décédé.

« Ne vous cachez pas derrière la mort de mon fils pour empêcher la tenue d'une enquête », a-t-il dit au Herald.

Apparemment, l'administration Trump n'arrive pas à dépasser l'échec de sa première opération militaire. Un officier a décrit celle-ci à NBC News comme « un échec total ».

L'opération s'est conclue avec le premier militaire à mourir sous le mandat de Trump et également avec la mort d'une citoyenne américaine de 8 ans, la fille du leader de l'Al-Qaïda, Anwar Al-Awlaki, tué par un raid il y a cinq ans. Au total, au moins 14 civils ont également été tués pendant l'opération, dont neuf enfants.

Les projets de cette opération au Yémen avaient débuté sous l'administration Obama, mais l'ancien président avait finalement refusé de l'autoriser pendant son mandat. Cinq jours après avoir pris le pouvoir, Trump a autorisé la tenue de la mission. Selon les informations du New York Times, le milliardaire aurait apposé sa signature pendant un dîner avec le secrétaire de la Défense, James Mattis, son bras droit et conseiller, Steve Bannon, et son gendre, Jared Kushner.

Les hauts fonctionnaires de l'armée américaine ont dit à l'agence Reuters que Trump a autorisé l'opération sans avoir été briefé suffisamment par les services secrets et sans avoir assez d'informations sur les risques encourus.

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Selon les informations du Huffington Post, Trump n'aurait pas été dans la Situation Room de la Maison blanche pendant la durée du raid. Environ une demi-heure après le début de l'opération de la Navy, on pouvait lire un tweet sur son compte personnel pour annoncer sa future apparition sur la chaîne Christian Broadcasting Network. Ce tweet a depuis été supprimé.

Mardi, le président Trump semblait esquiver toute responsabilité pour l'opération, alors qu'il avait autorisé début janvier.

« C'est une mission qui a commencé avant que j'arrive ici », a dit Trump au présentateur de l'émission « Fox and Friends » Steve Doocy. « C'est quelque chose qu'ils [les généraux de l'ancien président Obama] voulaient faire. Ils sont venus me voir; ils m'ont expliqué ce qu'ils voulaient faire. »

Lundi, le Pentagone a confirmé que des enquêtes sur l'opération secrète au Yémen étaient en cours. « Il y a déjà plusieurs enquêtes en route sur cela », a dit le porte-parole du Pentagone, le capitaine Jeff Davis.


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