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La situation est si grave au Yémen que des civils préfèrent fuir en Somalie

La Somalie n’est pas vraiment considérée comme un havre de paix, mais ce pays de la Corne de l’Afrique a vu débarquer, ces derniers jours, des réfugiés yéménites.
Photo par Mohamed al-Sayaghi/Reuters

La Somalie n'est pas vraiment considérée comme un havre de paix, mais ce pays de la Corne de l'Afrique a vu débarquer, ces derniers jours, des réfugiés yéménites. Ils ont traversé le Golfe d'Aden pour échapper aux combats de plus en plus violents qui ont lieu dans leur pays.

La Somalie elle-même est extrêmement instable et minée par une guerre civile. Les attaques récurrentes et les flambées de violence, en plus de l'extrême pauvreté, ont poussé, ces dernières années, plus de 238 000 Somaliens à faire le voyage dans l'autre sens pour être en sécurité au Yémen.

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Reste que la situation du Yémen est devenue si précaire ces derniers jours que certains préfèrent trouver refuge en Somalie plutôt que de rester entre les feux des forces gouvernementales et des rebelles Houthis, soutenus par l'Iran. Depuis une semaine, le Yémen est frappé par des raids de l'armée saoudienne, qui soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles.

Jusqu'ici, l'afflux de réfugiés yéménites en Somalie reste faible. Trente-deux d'entre eux sont arrivés en début de semaine dans la ville portuaire de Berbera. Un deuxième bateau transportant 80 réfugiés supplémentaires est attendu en fin de semaine. Les autorités migratoires doivent encore confirmer son arrivée. Dans cette première vague de départs, on trouve plusieurs Somaliens qui ont quitté le Yemen pour revenir chez eux, selon un groupe de travail coordonné par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

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Carlotta Wolf est la porte-parole de l'UNHCR pour la Somalie. Jointe par VICE News, elle affirme que des personnes âgées et des enfants figuraient parmi les premiers arrivants yéménites. Ces derniers ont voyagé sur des bateaux commerciaux et ont dit aux travailleurs humanitaires ne pas avoir fait appel à des passeurs. La traversée entre le Yémen et la Somalie a duré entre 12 heures et deux jours, a ajouté Carlotta Wolf.

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« Certains réfugiés, en particulier les Somaliens, ont déclaré avoir manqué d'eau pendant le voyage, » précise-t-elle. « Et les conditions météo ne sont pas très bonnes. » D'autres réfugiés ont débarqué à Djibouti, ajoute-t-elle. Dans ce pays voisin de la Somalie, l'UNHCR cherche des lieux pour les héberger.

La ville de Berbera est située dans la région semi-autonome du Somaliland, au Nord de la Somalie. C'est une zone relativement sécurisée, mais le fait même de se réfugier en Somalie indique à quel point la situation a empiré au Yémen. Plusieurs victimes civiles ont été signalées et, en début de semaine, un camp de déplacés dans les frontières a été touché par un raid aérien de l'armée Saoudienne.

« C'est révélateur », estime Laetitia Bader, une chercheuse spécialiste de la Somalie chez l'ONG Human Rights Watch (HRW) jointe par VICE News, à propos de ces migrations inhabituelles de certains Yéménites. « Bien sûr, le Somaliland n'est pas la Somalie du centre ou du sud sur le plan de la sécurité, mais la région compte déjà ses propres déplacés internes et il est difficile de savoir qui sont les Yéménites récemment arrivés, et s'ils pourront s'intégrer facilement. »

Human Rights Watch a déjà fait part d'attaques xénophobes sur des réfugiés dans le passé. Quant au soutien matériel et juridique que le Somaliland pourrait fournir aux réfugiés yéménites, il est encore flou, selon Laetitia Bader.

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« Le cadre n'est pas clair », explique-t-elle, en précisant que l'enregistrement des réfugiés est bloqué depuis des années. « Le contexte juridique n'est vraiment pas idéal et le Somaliland est incroyablement pauvre. »

Alors que le conflit au Yémen continue d'empirer, les perspectives des dizaines de milliers de déplacés internes, dont beaucoup d'immigrés et de réfugiés africains, sont inquiétantes.

« Nos partenaires sont préoccupés par la grave crise humanitaire qui pourrait naître du conflit, et la possible augmentation du nombre de déplacés si les populations fuient ailleurs au Yémen ou dans des pays voisins, » a déclaré Lisa Piper, responsable du Yémen au Conseil Danois pour les Réfugiés.

Les autorités somaliennes ont déclaré, ce week-end, qu'elles travaillent à l'évacuation des Somaliens pris dans les violences au Yémen, mais la réalité et les conditions de cette évacuation sont floues. La décision du gouvernement somalien d'apporter son soutien au gouvernement yéménite contre les rebelles Houthis a provoqué l'inquiétude chez les réfugiés somaliens du Yémen, qui pourraient être visés en représailles, selon l'AFP.

Suivez Alice Speri sur Twitter: @alicesperi