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Crime

La Tunisie construit un mur le long de sa frontière avec la Libye pour empêcher les terroristes de passer

Le mur, qui devrait couvrir un tiers de la frontière, sera constitué de tranchées et de dunes de sables. Il doit permettre « d’empêcher les terroristes de s’infiltrer » en Tunisie, après une série d’attaques dans le pays.
Photo par Mohamed Messara/EPA

La Tunisie a pour projet de construire une palissade le long de sa frontière avec la Libye (près de 500 kilomètres de long) pour empêcher les terroristes établis en Libye de pénétrer en Tunisie.

Le Premier ministre, Habib Essid, a annoncé le projet (la construction a déjà commencé) lors d'une déclaration télévisée ce mardi. La barrière, qui devrait couvrir un tiers de la frontière sera composée de tranchées et de fortifications en sable. Elle devrait permettre « d'empêcher les terroristes de s'infiltrer, » d'après l'officiel tunisien.

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La Tunisie a récemment connu une vague d'attaques terroristes sur son sol. Les deux dernières attaques — du musée du Bardo et de Sousse — ont été perpétrées par des individus qui étaient passés par la Libye pour suivre des entraînements de maniements aux armes. Le 26 juin dernier, Seifeddine Rezgui — un ressortissant tunisien — a ouvert le feu sur une plage de Sousse, faisant 38 morts. Le 18 mars, trois hommes armés, qui s'étaient aussi entraînés en Libye, comme Rezgui, avaient tué 22 personnes lors de l'attaque contre le musée national du Bardo à Tunis, la capitale tunisienne.

À lire : La Tunisie dévoile une vidéo de l'assaut du musée du Bardo par la police et arrête 23 suspects

La Libye est plongée dans une guerre civile aux multiples fronts depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Sa frontière avec la Tunisie est devenue au fil des années de plus en plus poreuse et la Tunisie peine depuis 3 ans à y maintenir l'ordre. Des milliers de migrants ont déjà pris d'assaut des points de passage et essayé de déborder les gardes frontières. En août dernier, le pays avait fermé le principal point d'entrée de sa frontière. Des bombes lacrymogènes avaient été lancées pour disperser des milliers d'étrangers qui tentaient de forcer une clôture.

En octobre 2014, l'organisation terroriste État islamique (EI) avait annoncé avoir établi des filières en Libye. L'EI a aussi revendiqué les deux attaques récentes — celles de Sousse et du musée du Bardo.

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À lire : Attentat de Sousse : 12 suspects arrêtés, 3 autres personnes toujours recherchées

Lors de son allocution de mardi, Essid a néanmoins prévenu que rendre la frontière étanche pourrait s'avérer être « très difficile » à faire. Il a évoqué le fait que la Tunisie devrait obtenir l'aide financière de partenaires étrangers pour constituer un réseau de check points électroniques le long de la frontière — mais il n'a pas donné plus de détail sur ce point. Des officiels tunisiens estiment que la palissade devrait être finie d'ici la fin de l'année.

Cette clôture s'intègre dans une vaste initiative de contre-terrorisme établie par le gouvernement tunisien. Peu de temps après l'attaque de Sousse, Essid a imposé la fermeture de 80 mosquées qu'il accusait de « diffuser le venin. » Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, avait déclaré l'état d'urgence dans le pays une semaine après l'annonce d'Essid. Cette disposition donne aux autorités la possibilité d'arrêter quiconque dont « les agissements peuvent mettre en péril la sécurité et l'ordre public ». Les manifestations et rassemblements sont vus comme une menace et peuvent aussi être bannis. Un certain contrôle des médias sera aussi exercé par le gouvernement.

À lire : Que change la mise en place de l'état d'urgence en Tunisie ?

Ce mardi, Human Rights Watch (HRW) note que l'état d'urgence — qui dure 30 jours et qui peut être renouvelé — doit certes permettre au gouvernement de combattre le terrorisme, mais risque de mettre en danger les droits de l'homme en Tunisie.

« Les défis auxquels est confrontée la Tunisie doivent s'accompagner d'une réponse claire, mais celle-ci ne doit pas remettre en cause les droits que les Tunisiens ont réussi à se constituer dans leur constitution post-révolutionnaire, » expliquait Eric Goldstein, le responsable du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord chez HRW.