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Brésil

La vidéo de l'exécution d’une femme transgenre au Brésil met le pays en émoi

La vidéo de la torture et du meurtre d’une femme transgenre est devenue virale au Brésil — le pays au plus fort taux de meurtres de transgenres au monde.
(REUTERS/Ana Carolina Fernandes)

Une vidéo montrant la torture et le passage à tabac d'une femme transgenre le mois dernier a scandalisé le Brésil et illustre sa difficulté à lutter contre la violence anti-LGBT, en particulier pour les meurtres d'hommes et de femmes transgenres, toujours plus nombreux.

La victime, Dandara dos Santos, 42 ans, a été battue, torturée et exécutée d'une balle dans la tête à Fortaleza, la capitale côtière du nord-est de l'État brésilien de Cearà, le 15 février dernier. La vidéo de sa torture a été postée sur YouTube le 3 mars et a été rapidement diffusée par les médias à travers tout le pays.

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La mort atroce de Dandara n'est pas un cas isolé au Brésil. L'an dernier, le pays a connu un pic de 144 meurtres de transgenres. À titre de comparaison, le deuxième plus haut taux de meurtres de transgenres est au Mexique (52), en 2016, suivi des États-Unis (23). 14 transgenres ont également été tués en Colombie et au Venezuela, selon transrespect.org.

Le Brésil a donc le plus fort taux de meurtres de transgenres dans le monde — environ 16,4 pour cent de plus qu'ailleurs — et selon le Grupo Gay de Bahia, la plus ancienne association brésilienne de défense des droits LGBT, presque 1 600 Brésiliens ont été tués par des attaques motivées par la haine sur les cinq dernières années. Selon les calculs du Grupo, un gay ou un transgenre est assassiné presque chaque jour, dans ce pays de plus de 200 millions d'habitants.

Dans la vidéo de l'incident, on peut voir trois assaillants jeter Dos Santos dans une brouette et frapper sa tête à l'aide d'une grosse pierre. Selon les autorités, elle a été emmenée dans une rue adjacente, puis battue et tuée de deux balles dans le visage. Le meurtre n'apparaît pas dans la vidéo.

La police brésilienne a arrêté trois adolescents et deux hommes en lien avec le crime. Les officiers ont déclaré que la vidéo avait permis d'identifier les cinq suspects, mais qu'il leur en manquait toujours plusieurs.

Ce tragique évènement rappelle le combat continu des transgenres dans le pays le plus peuplé d'Amérique du Sud, où les tribunaux ont pris un virage progressiste envers les droits LGBT ces dernières années, notamment avec la légalisation du mariage gay en 2013. Mais les violences anti-LGBT demeurent en hausse.

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Alors que le gouvernement du pays penche nettement vers la droite après 14 ans de politique libérale, les activistes et les humanitaires craignent que la situation n'empire. Le puissant groupe « Bible, boeuf et balles », allié au gouvernement du président Michel Temer, a d'ores et déjà annoncé vouloir revenir sur les récentes avancées pro-LGBT.

Flavio Alves, un réalisateur gay américano-brésilien, s'est vu accorder l'asile politique en 1998 après avoir été menacé de mort pour son livre traitant des soldats gays et lesbiennes dans l'armée. Selon lui, les lois progressistes des dernières années ne protègent pas les gays et trans dans les faits.

Alves a ajouté que le problème était que la police n'appliquait pas la loi, quand elle n'est pas elle-même responsable des violences anti-LGBT. Selon lui, un autre composant culturel favorise cette violence : le machisme. La violence anti-gay, selon Alves, reste ancrée dans la culture brésilienne.

« La violence est un problème chronique au Brésil. Chacun est vulnérable, car la loi ne protège personne. C'est encore pire dans le nord du Brésil, où Dandara a été tuée », a affirmé Alves à VICE News. Pour obtenir l'asile face au juge américain, Alves a tenté d'expliquer qu'il était difficile pour les étrangers de considérer la violence généralisée anti-LGBT alors qu'il existe des traditions comme Mardi Gras, et la fameuse gay-parade de Sao Paulo.

« C'est difficile à expliquer, oui. Nous avons des lois comme les États-Unis, pour protéger les minorités, mais elles ne sont pas appliquées », a-t-il ajouté.

Le gouvernement de l'Etat de Ceara a déclaré condamner les assaillants, et ajouté que les meurtriers seraient punis.


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