FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

L’Arabie saoudite forme une coalition de 34 pays musulmans pour combattre le terrorisme

On ne sait que peu de choses sur ce que va pouvoir faire cette coalition. Certains observateurs estiment que quelques pays membres de cette coalition, dont l'Arabie saoudite, sont au coeur du problème quand on en vient à l’extrémisme islamiste.
Le ministre de la Défense saoudien Mohammed bin Salman avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en avril. Photo via Egyptian presidency/EPA

Des pays musulmans du monde entier se sont accordés pour former une coalition militaire de 34 nations afin de combattre ensemble le terrorisme. C'est ce qui a été révélé ce mardi dans un communiqué commun diffusé par l'agence de presse saoudienne SPA.

« Les pays susmentionnés ont décidé de la formation d'une alliance militaire, menée par l'Arabie saoudite, pour lutter contre le terrorisme. Le centre des opérations sera basé à Riyad pour coordonner et soutenir les opérations militaires, » peut-on lire dans le communiqué.

Publicité

Une longue liste de pays arabes comme l'Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis (EAU), avec des pays musulmans comme la Turquie, la Malaisie, le Pakistan et des nations africaines comme le Nigeria et le Soudan font partie de la coalition. « Les Palestiniens » font aussi partie des 34 pays cités.

Le communiqué évoque « une obligation de protéger la nation islamique des diables de toutes les organisations terroristes — peu importe leurs noms et leurs sectes — qui sèment la mort et la corruption dans le monde entier et visent à terroriser l'innocent. »

L'Iran, pays musulman chiite et principal rival de l'Arabie saoudite sunnite dans la région, ne fait pas partie de la coalition — notamment parce que les deux puissances s'opposent à distance en Syrie et au Yémen.

Les États-Unis ont répété à plusieurs reprises qu'ils souhaitaient plus d'aides de la part des pays arabes du Golfe dans le cadre de la coalition militaire contre l'organisation terroriste État islamique (EI) en Irak et en Syrie.

Lors d'une rare conférence de presse, le prince saoudien âgé de 30 ans et ministre de la Défense du pays, Mohammed bin Salman, a expliqué aux journalistes ce mardi que cette campagne permettrait de « coordonner » les efforts pour combattre le terrorisme en Irak, en Syrie, en Libye, en Égypte et en Afghanistan. Mais il n'a offert que peu d'indications concrètes quant aux traductions militaires de cette coalition.

Publicité

« Une coordination internationale avec les principales puissances et les organisations internationales sera mise en place en Syrie et en Irak. Nous ne pouvons pas mener ces opérations sans se coordonner ensemble, et avec la communauté internationale, » a déclaré bin Salman sans élaborer.

Quand on lui demande si la nouvelle alliance se concentrera principalement contre l'EI, bin Salman répond que la coalition ne frappera pas seulement ce groupe, mais « toute organisation terroriste qui se dressera face à nous. »

Certains observateurs ont rapidement noté que l'Arabie saoudite et ses alliés ne sont sans doute pas les pays les plus à même de mener un combat contre la brutalité islamiste. « Plusieurs experts vous diront que l'Arabie saoudite est au coeur du problème quand on en vient à l'extrémisme islamiste, » écrit Sam Kiley, journaliste spécialiste des relations internationales pour Sky News. « La branche de l'islam la plus extrême et violente, le salafisme, est diffusée dans le monde entier par des organisations, des mosquées et des écoles religieuses fondées par l'Arabie saoudite et le Qatar. En plus, il est difficile de penser qu'une nouvelle vision plus libérale du monde émerge de Riyad de sitôt. »

Iyad el-Baghdadi, un militant des Printemps arabes originaire des EAU, indique que nombre de membres de la nouvelle cotation sont de « prolifiques violeurs des droits de l'homme » estimant que l'annonce saoudienne n'est qu'un « coup de pub ».

Publicité

Do ask me how I feel about an "Islamic anti-terror coalition" being headed by a country that competes with ISIS in public beheadings.

— Iyad El-Baghdadi (@iyad_elbaghdadi) December 15, 2015

Traduction : Demandez moi mon avis sur une « coalition islamique contre le terrorisme » menée par un pays qui concurrence l'EI en nombre de décapitations publiques.

L'annonce a été bien accueillie par l'Allemagne et la Turquie ce mardi matin, et d'autres pays vont probablement leur emboîter le pas. L'Arabie saoudite et ses voisins arabes du Golfe sont engagés dans une guerre qui dure depuis 9 mois au Yémen contre les rebelles soutenus par l'Iran. Des centaines de frappes aériennes ont frappé le pays voisin de l'Arabie saoudite.

Les États-Unis estiment que la force de frappe saoudienne (utilisée au Yémen) serait plus utile à combattre l'EI.

Alors qu'un cessez-le-feu est censé commencer ce mardi au Yémen (accompagné de négociations de paix supervisées par l'ONU), l'annonce de Riyad pourrait signaler son désir de focaliser son attention sur le conflit qui se joue au nord de sa frontière.

L'EI a pour objectif de renverser les monarchies du Golfe et a mené une série d'attaques contre des mosquées chiites et les forces de sécurité du Koweït et de l'Arabie saoudite.

Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR