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Philippines

L'armée philippine peine à repousser les combattants de l'EI – malgré l'aide américaine

Alors que les combats entrent dans leur quatrième semaine, des officiels militaires admettent que les djihadistes contrôlent une importante partie de la ville de Marawi.
ASSOCIATED PRESS

Le président philippin, Rodrigo Duterte, avait promis que les combattants de l'organisation État islamique (EI) seraient défaits au plus tard ce lundi dans la ville de Marawi. L'ultimatum ne sera finalement pas été respecté, puisque les djihadistes semblent loin d'être vaincus dans cette ville du sud du pays. Plus inquiétant, le groupe terroriste serait plus puissant aux Philippines que certains voulaient bien le croire.

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Duterte souhaitait que l'armée philippine, appuyée par des conseillers américains, vienne à bout des djihadistes d'ici ce lundi, après trois semaines de féroces combats, qui ont contraint 200 000 personnes à fuir la ville.

Le porte-parole de l'armée, le Brigadier Général Restituto Padilla, a dit ce mardi que les avancées ont été moins importantes que prévu. Une centaine de combattants de l'EI (à la fois des locaux et des étrangers) se sont abrités dans le centre-ville, formant des poches de résistance importantes tout en se servant des locaux comme boucliers humains. De son côté, l'armée de l'air philippine a eu recours à des frappes aériennes. Padilla était incapable de dire quand la situation reviendrait au calme.

Ce n'est pas la première fois que les échéances fixées par le gouvernement ne sont pas respectées. Début juin, le président avait annoncé que la ville serait reprise en trois jours, alors que l'armée tablait sur une semaine.

Alors que les combats entrent dans leur quatrième semaine, des officiels militaires admettent que les djihadistes contrôlent une plus grande partie de la ville qu'ils pensaient. Le Lieutenant Général Carlitos Galvez a indiqué à Reuters que les combattants de l'EI contrôlaient 20 pour cent de la Marawi – deux fois plus que ce que les militaires avaient établi la semaine précédente.

L'EI jubile de l'incapacité de l'armée philippine de les déloger de la ville. Dans un communiqué diffusé via leur organe de propagande Amaq, le groupe estime que l'armée « a complètement échoué », et assure avoir tué 200 soldats tout en contrôlant deux tiers de la ville.

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Le gouvernement a démenti ces affirmations, indiquant que 58 membres des forces de sécurité, 20 civils, et plus de 200 djihadistes ont été tués pour le moment.

La lente progression de l'armée philippine se fait pourtant avec l'appui technique des forces américaines. Le Pentagone, qui déploie régulièrement des dizaines de membres des forces spéciales pour des exercices dans le sud du pays, dit fournir aux Philippines une aide sécuritaire et une formation en matière de renseignement, reconnaissance et surveillance. Un avion de surveillance américain, un P-3 Orion, a été vu au-dessus de Marawi, et des forces américaines ont été photographiées en train de faire voler des drones de surveillances au-dessus de la ville.

Duterte a admis ce dimanche que la bataille était plus compliquée qu'anticipée, et a assuré que le leader de l'EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, avait personnellement ordonné cette attaque.

La crise a éclaté le 23 mai, quand des combattants du clan Maute – affilié à l'EI – ont envahi Marawi en réaction au raid par l'armée de la cache d'Isnilon Hapilon, le leader d'Abu Sayyaf, un groupe affilié à l'EI. Hapilon aurait été nommé par Al-Baghdadi émir des forces proches de l'EI aux Philippines.

En réaction, Duterte a déclaré la loi martiale sur l'île de Mindanao, où se trouve Marawi. Si les Philippins sont majoritairement catholiques, une minorité musulmane habite dans le sud du pays. Pendant des décennies, le gouvernement a combattu de nombreux groupes rebelles qui cherchaient à établir un État islamique indépendant dans le sud.

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Rohan Gunaratna, à la tête du Centre international de recherche sur la violence politique et le terrorisme de Singapour indique à VICE News qu'en se montrant capables de contrôler un territoire, les combattants affiliés à l'EI cherchent à crédibiliser leur volonté de former une véritable province de l'EI.

Des dizaines de combattants étrangers de l'Asie du sud-est et du Moyen-Orient ont été aperçus en train de combattre à Marawi. Ils ont répondu à l'appel de l'EI : choisir de faire le djihad dans le sud des Philippines, s'ils ne pouvaient pas se rendre en Syrie ou en Irak. L'intensité des combats à Malawi laisse penser que le paradigme sécuritaire a changé dans le sud des Philippines et que la région pourrait devenir un nouveau point chaud du djihad, alors que le califat de l'EI rétrécit.


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