FYI.

This story is over 5 years old.

VICE News

Le bourreau normand de l’organisation État islamique

Maxime Hauchard a été identifié sur la vidéo de l’EI présentant, entre autres, le corps de l’otage américain Peter Kassig. La présence d’un deuxième français à ses côtés est confirmée par les autorités.
Capture d'écran de la vidéo de l'EI présentant l'homme qui serait Maxime Hauchard

Le ministre de l'intérieur français Bernard Cazeneuve a confirmé lundi, au cours d'une courte déclaration qu'il existe « une très forte probabilité » pour que l'un des bourreaux de l'organisation de l'État islamique (EI) présent sur une vidéo publiée ce dimanche soit bien Maxime Hauchard, un djihadiste normand de 22 ans. Un deuxième Français figure sur la vidéo, mais il n'a pas encore été formellement identifié, son nom reste inconnu des médias.

Publicité

Bernard Cazeneuve confirme la "très forte… par LEXPRESS

L'EI a revendiqué avoir exécuté l'otage américain Peter Kassig à travers une vidéo publiée ce dimanche sur des sites djihadistes et des comptes Twitter affiliés au groupe terroriste. La vidéo montre également l'égorgement et la décapitation de 18 hommes présentés comme des pilotes syriens du régime de Bachar Al-Assad. L'exécution de Peter Kassig (capturé le 1er octobre 2013 alors qu'il était à Racca pour une mission humanitaire) n'est pas filmée, et l'on voit seulement une tête ensanglantée aux pieds d'un des bourreaux, que celui-ci présente comme celle de l'otage américain.

« Peter, qui a combattu les musulmans en Irak alors qu'il servait dans l'armée américaine, n'a pas grand-chose à dire, » prévient le bourreau. « Ses précédents compagnons de cellule ont déjà parlé pour lui. Mais nous te le disons Obama, il y a quatre ans tu as prétendu t'être retiré d'Irak. On t'avait dit alors que vous êtes des menteurs. »

Parmi les bourreaux de la vidéo se trouve un français. Originaire du petit village normand du Bosc-Roger-en-Roumois, Maxime Hauchard est né en 1992 et s'est converti à l'Islam à 17 ans. Le ministre français de l'intérieur a indiqué qu'il a effectué un séjour en Mauritanie en 2012 et est parti en Syrie en août 2013. Hauchard, qui se fait désormais appeler Abou Abdallah al Faransi, avait donné une interview par Skype à BFMTV l'été dernier depuis Racca en Syrie. Détendu et souriant, il racontait à visage découvert son départ vers Istanbul - « J'avais la barbe, les cheveux longs, les bottes militaires, j'étais pas du tout caché » - ainsi que sa prise en charge dans un camp d'entraînement de l'EI.

Publicité

DOC BFMTV - Maxime, jeune combattant jihadiste… par BFMTV

Le journaliste de RFI David Thomson a été le premier à faire le lien entre le djihadiste interviewé par BFMTV et un des bourreaux de la vidéo de l'EI. Pendant un ralenti au début de la vidéo, on reconnaît très clairement Maxime Hauchard qui ramasse un long couteau dans une boîte en bois, tout en tenant sa victime.

Il s'agit de Abu Abdallah al Faransi, Maxime de son vrai prénom, converti, originaire de Normandie - David Thomson (@_DavidThomson)16 Novembre 2014

VICE News a contacté Romain Caillet, chercheur et consultant pour les questions islamistes.

Romain Caillet est chercheur et consultant pour les questions islamistes. Il s'est entretenu avec David Thomson pour confirmer l'identité de Abou Abdallah al Faransi, alias Maxime Hauchard, et déterminer l'identité du deuxième français qui serait présent dans la vidéo.

Caillet affirme à VICE News que Hauchard n'est « qu'un petit soldat », car « quand quelqu'un apparaît régulièrement à visage découvert, c'est qu'il n'a aucune importance dans la chaîne de commandement de l'État islamique. »

Le chercheur basé à Beyrouth nous explique que cette vidéo de l'EI diffère des précédentes vidéos de l'EI montrant des exécutions d'otages occidentaux.

« La mise en scène ne correspond pas à celle des précédentes vidéos d'exécution d'otages occidentaux. Les bourreaux ont le visage découvert, et ce sont des soldats de Bachar Al-Assad qui sont exécutés. À mon avis la vidéo ne visait pas à l'origine le public occidental, et on voit que le passage où figure Peter Kassig a été greffé à la fin. »

Publicité

Pour Romain Caillet, ce rajout tardif du passage où figure Kassig peut indiquer que les choses ne se sont pas passées comme les combattants de l'EI l'auraient voulu. Il explique : « Peter Kassig est un ancien soldat américain vétéran d'Irak et Barack Obama vient d'annoncer que les États-Unis vont envoyer plus de troupes dans le pays pour combattre l'EI. La médiatisation de l'exécution de l'otage américain a été expédiée alors qu'elle aurait dû être importante et bien préparée. »

Le chercheur explique qu'il est possible que Kassig soit mort avant que sa décapitation puisse être mise en scène. Il aurait selon lui pu mourir de mauvais traitements, de maladie, ou être tué au cours d'un bombardement. Le jeune américain aurait également pu tenter de s'enfuir et être abattu à ce moment.

Autre point de divergence par rapport aux vidéos précédentes : aucune prochaine victime n'est annoncée, comme c'était habituellement le cas après l'exécution d'un otage occidental. Selon Caillet, les islamistes de l'organisation de l'EI n'ont plus d'otages occidentaux sous la main.

« Leur problème, c'est qu'ils n'ont plus tellement d'otages exécutables à part une femme américaine. Ils ont déjà exécuté des femmes peshmergas [ndlr : des combattantes kurdes] mais jamais des otages femmes. »

Le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve a indiqué que le dossier de Maxime Hauchard avait été « judiciarisé » et confié à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à la suite de l'interview du jeune homme donnée à BFMTV en juillet. D'après la chaîne de télévision, le casier judiciaire d'Hauchard était vierge avant son départ pour la Syrie.

La prison de Fresnes regroupe les islamistes radicaux. À lire ici.

Le ministre français a par ailleurs rappelé qu'en matière de lutte contre le terrorisme, 138 individus ont été interpellés en France, dont 90 mis en examen et 65 écroués.

Suivez Virgile Dall'Armellina sur Twitter : @armellina