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Crime

Le Burundi ne veut pas de soldats de maintien de la paix — Mais l’Union africaine veut lui en envoyer 5 000

Le Burundi, dont les responsables des Nations unies disent qu’il est au bord d’une guerre civile, affirme ne pas avoir besoin d’une mission de maintien de la paix. Mais l’Union africaine a invoqué une loi qui lui permet de déployer ses forces.
Photo par Dai Kurokawa/EPA

Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a proposé d'envoyer 5 000 gardiens de la paix au Burundi, en invoquant pour la première fois une règle qui l'autorise à déployer sa force sans le consentement d'un pays, a déclaré un diplomate.

Le Burundi, dont certains responsables de l'ONU disent qu'il est au bord de la guerre civile, a affirmé qu'il n'avait pas besoin d'une mission de maintien de la paix.

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Interrogé sur cette proposition, un ministre a dit qu'il s'agissait selon lui encore d'un brouillon, et qu'il ne souhaitait pas le commenter à ce stade.

La décision de l'UA, rédigée tard ce jeudi, attend encore l'approbation du Conseil de sécurité de l'ONU, qui examine les différentes options pour résoudre cette crise, dont l'envoi de gardiens de la paix.

« Nous avons autorisé le déploiement d'une force de 5 000 hommes pour le Burundi, dont le mandat inclut la protection des civils », a déclaré le diplomate de l'un des pays membres à Reuters.

À lire : Le Burundi pourrait « retourner en enfer »

Des responsables des Nations unies et des envoyés occidentaux se sont alarmés de l'escalade de violence au Burundi, qui s'est remis d'une guerre civile à composante ethnique en 2005, après 12 ans de combats.

Les Nations unies ont déclaré qu'au moins 400 personnes ont été tuées depuis avril, lorsque des troubles ont éclaté après que le président Pierre Nkurunziza a annoncé vouloir se représenter pour un troisième mandat. La crise se joue entre les opposants à la ré-élection du président et les loyalistes.

Ces violences ont troublé une région qui reste instable, deux décennies après le génocide qui a eu lieu dans le Rwanda voisin. Les troubles sont principalement centrés sur la capitale Bujumbura, où des insurgés ont attaqué une base militaire vendredi de la semaine passée. Près de 90 personnes sont mortes à la suite de ces affrontements.

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Les diplomates craignent un conflit prolongé au Burundi, qui pourrait relancer les vieilles rivalités ethniques. La guerre civile avait dressé l'armée, qui était à l'époque dirigée par une minorité Tutsi, contre des groupes rebelles à majorité hutu, dont une dirigée par Nkurunziza.

« Cette résolution [de l'UA] marque la première fois que l'Union africaine décide d'invoquer l'article 4 », a déclaré un diplomate.

Selon l'article 4 de l'Acte constitutif de l'Union africaine, l'Union a le droit d'intervenir dans un pays membre « dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité. »

Le diplomate a déclaré que la mission, baptisée Mission de prévention et de protection au Burundi, serait constituée de la Force est-africaine en attente. La force devrait avoir pour mission de protéger les civils et de créer les conditions d'un dialogue.

Le Conseil de l'UA a demandé à la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, de soumettre une liste d'individus qui pourraient connaître des sanctions dans la semaine à venir.

La présidence du Burundi a déclaré jeudi qu'elle était ouverte à un « débat généralisé et inclusif ». Les opposants ont rejeté de telles promesses par le passé, affirmant que le gouvernement n'était pas prêt à discuter les problèmes fondamentaux, comme celui du nouveau mandat du président.

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