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Crime

Le Canada a légalisé le suicide assisté, mais manque de docteurs pour faire face à la demande

Dans la province occidentale de l'Alberta, les autorités cherchent plus de docteurs qui souhaiteraient pratiquer le suicide assisté.
Wanda Morris, la présidente de Dying With Dignity, prend dans ses bras David Holgate, le 6 février 2015. (Fred Lum/The Globe and Mail)

Quelques mois après avoir légalisé le suicide assisté, le Canada n'arrive plus à faire face à la demande, notamment dans une province du pays qui cherche de nouveaux docteurs pour aider les gens à mourir.

Des centaines de personnes ont choisi de mourir avec l'aide d'un médecin depuis que cette pratique a été légalisée en juin dernier. Dans la province occidentale de l'Alberta, 29 personnes ont eu recours au suicide assisté — dont 14 pour la seule capitale provinciale d'Edmonton.

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Si ces chiffres ne paraissent pas énormes, l'homme en charge des procédures de suicides assistés dans l'Alberta se dit choqué par le nombre de demandes et précise que son département cherche d'autres docteurs pour faire face à la demande.

« Je pensais qu'on aurait beaucoup de gens au début puis que ça allait se calmer. Mais en fait non, » explique à VICE News, le docteur James Silvius, le responsable des procédures de suicides assistés dans l'Alberta.

À lire : L'aide au suicide est désormais légale au Canada

Un spécialiste en bioéthique dans le sud de l'Alberta prédit que la province va connaître environ 150 suicides assistés par an.

Le département organise des tables rondes sur ce sujet dans l'Alberta afin de montrer aux médecins que le suicide assisté n'est qu'une méthode parmi d'autres en fin de vie, comme les soins palliatifs.

L'âge moyen des habitants de l'Alberta qui ont eu recours au suicide assisté est de 67 ans. La plupart des patients souffraient de cancer, de multiples scléroses, ou encore de la maladie de Charcot. 23 personnes n'ont pas eu le droit d'avoir recours à cette méthode parce qu'ils ne remplissaient pas les critères — parmi lesquels on retrouve le fait d'être mentalement apte et d'avoir une maladie incurable dont l'issue est proche.

Silvius ajoute que si le suicide assisté est largement accepté dans l'opinion canadienne, de nombreux docteurs s'y refusent pour un tas de raisons. Cela va de la mauvaise connaissance des médicaments utilisés à l'opposition morale au concept de suicide assisté.

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« Cette pratique n'est pas encore normalisée dans notre société, » estime Silvius.

Le cadre législatif de la procédure se trouve aussi sous le coup de diverses critiques. Des patients et des défenseurs des libertés civiles estiment que la loi est trop restrictive, alors que de l'autre côté du spectre, certains évêques catholiques refusent des funérailles à l'église aux gens qui sont morts avec l'aide d'un docteur.

La British Columbia Civil Liberties Association (BCCLA) attaque en justice le gouvernement, arguant que la loi est anticonstitutionnelle et devrait être abrogée.

Des groupes conservateurs clament eux qu'il s'agit d'une loi qui viole la dignité humaine et le droit à la vie. Ces entités cherchent et trouvent de nouveaux moyens de combattre cette pratique.

Cette semaine, un groupe d'évêques catholiques de l'Alberta et des Territoires du Nord-Ouest a diffusé des directives pour que les prêtes puissent refuser de tenir des funérailles pour ceux qui sont morts avec l'aide d'un médecin, ce qui serait un « grave péché » selon eux.

D'après ces directives, les familles qui veulent organiser des funérailles pour un être cher qui a eu recours au suicide assisté ne pourraient pas le faire dans une église.

Les partisans du droit à mourir ont critiqué cette décision des évêques qu'ils ont qualifiée de « menace à peine voilée » destinée aux paroissiens qui seraient tentés par le suicide assisté.

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« C'est juste effarant, » a dit à la presse canadienne la présidente de Dying With Dignity Canada, Shanaaz Gokool.

« Vous dites à des gens qui sont au plus mal que s'ils veulent avoir recours au suicide assisté… et bien ils doivent faire un choix entre leur souffrance et leur croyance, » dit-elle.

L'Association Médicale Canadienne a indiqué que ses membres sont satisfaits de la loi actuelle sur le suicide assisté et que « les choses se déroulent relativement bien. »


Suivez Rachel Browne sur Twitter :@rp_browne