Le Canada saisit des quantités monstres de fentanyl

La quantité de fentanyl exportée vers le Canada a atteint des niveaux historiques au cours des quatre derniers mois. Les douanes canadiennes ont saisi un nombre record de colis contenant cet opiacé synthétique mortel — la plupart venant de Chine.

Selon de nouvelles données de l'Agence des services frontaliers du Canada — fournies en exclusivité à VICE News — les douanes ont saisi du fentanyl à 32 reprises entre le mois de mai et vendredi dernier.

Ces saisies représentent 8,46 kg de fentanyl, soit assez pour produire 8,4 millions de comprimés. À la revente, cela représente une valeur d'environ 169 millions de dollars canadiens (114 millions d'euros).

Plus de la moitié des saisies ont eu lieu au Centre de courrier des douanes de Vancouver et les paquets venaient de Chine ou d'Hong Kong. La Colombie britannique est actuellement en état d'urgence à cause du fentanyl. On estime que 800 personnes auront perdu la vie cette année à cause du fentanyl dans cette province de l'ouest canadien.

Ces données montrent que l'Amérique du Nord peine à lutter contre cette vague de décès dus aux opiacés : le fentanyl de contrebande et ses équivalents arrivent aux portes du Canada et des États-Unis par courrier.

Dans la seule ville de Calgary, la police a saisi du fentanyl à 34 reprises l'année dernière. Au cours d'une de ces saisies, 11 000 comprimés ont été retrouvés. Les officiers en charge de la lutte contre la drogue indiquent que la majorité de la came vient de Chine.

Au niveau national, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a mis la main sur plus de 30 000 « doses » et 22,8 kg de fentanyl entre août 2014 et le mois dernier. Si la GRC n'a pas précisé d'où venait la drogue, elle collabore avec l'ONU et la Chine pour freiner l'afflux d'opiacés vers le Canada.

Les législateurs canadiens peinent encore à trouver la réponse adaptée à cette crise du fentanyl. Le Premier ministre de Colombie britannique Christy Clark souhaite que les douaniers fouillent tous les petits paquets, même les enveloppes.

Aux États-Unis, un groupe de sénateurs exhorte l'administration Obama à adopter une réglementation plus stricte pour les colis envoyés aux États-Unis depuis l'étranger par des transporteurs privés.

« Un million de colis arrivent chaque jour au États-Unis sans le fichage électronique nécessaire pour les surveiller, » indique le groupe Americans for Securing All Packages. « Alors que nous luttons contre cette épidémie d'opiacés, nous ne pouvons ignorer ce pipeline de biens illicites qui arrive chez nous. »

L'agence douanière canadienne est sur le point de saisir cette année autant de fentanyl que lors des 6 dernières années réunies. De 2010 à avril 2016, on a recensé 84 saisies de fentanyl sous diverses formes — principalement des patchs et des pilules. Le deuxième plus gros exportateur de fentanyl vers le Canada serait les États-Unis.

Jusqu'à mai dernier, les autorités douanières canadiennes regroupaient les saisies de fentanyl dans la catégorie des « autres drogues contrôlées », et ne conservaient pas de statistiques ciblées sur les saisies de fentanyl. Un porte-parole de l'agence nous a indiqué dans un e-mail reçu ce lundi que les douanes ont isolé les saisies de fentanyl en mai pour « faciliter le processus de collection d'informations statistiques spécifiques au Fentanyl. »

Les données des quatre derniers mois montrent que le problème des opiacés n'est pas confiné aux provinces occidentales du Canada.

Par exemple, les douaniers ont saisi 1,2 kg de fentanyl au Centre de courrier de Toronto dans un colis en provenance de Hong Kong. 57,8 grammes ont aussi été retrouvés dans un paquet venant de Hollande et saisi du côté d'Halifax.

Le sergent d'état-major de Calgary, Martin Schiavetta, a confié que son équipe travaillait souvent avec les services des douanes pour essayer de tarir le flot de colis contenant du fentanyl.

En août, la police de Calgary et la GRC ont mené une opération conjointe après qu'un officier des douanes de Vancouver a saisi du fentanyl dans un colis qui était censé contenir un cache-nez. Un homme a été arrêté pour avoir essayé d'importer une substance illicite.

La nature de la drogue la rend difficile à repérer, et les polices locales n'ont pas le droit d'intervenir sur des substances saisies par les autorités douanières.

« Peut-être que les douanes n'ont pas l'équipement ou le personnel pour faire face, » explique Schiavetta. « Il suffit d'une petite quantité de fentanyl pour produire beaucoup de comprimés, et c'est ça le problème. »

Avec les fichiers de Michael Robinson

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