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Crime

Le chef du Parlement du Burundi a fui vers la Belgique et dénonce la tenue des élections

Le leader du Parlement burundais, annonce avoir quitté le pays, dénonçant la poursuite d’un troisième mandat « illégal » par le président en place, Pierre Nkurunziza.
Photo par Dai Kurokawa/EPA

Le chef du Parlement burundais aurait fui le pays — alors que les violences reprenaient de plus belle — dénonçant la tentative du président en place, Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat « illégal ».

Les élections législatives doivent se tenir ce lundi au Burundi. Le vote pour les présidentielles est quant à lui prévu pour le 15 juillet. Des élections qui doivent se tenir après des semaines de manifestations sanglantes et une tentative de coup d'État. Des milliers de manifestants protestent depuis avril contre la volonté du président Pierre Nkurunziza de se faire réélire pour un nouveau mandat — ce qui serait contre la Constitution selon les protestataires.

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Le leader parlementaire, Pie Ntavyohanyuma, serait désormais en Belgique et n'aurait pas pour projet de rentrer au Burundi dans l'immédiat. Dans une interview, accordée depuis Bruxelles à la chaine France 24, Ntavyohanyuma explique qu'il est parti à cause des « difficultés dans [son] pays » dues à « l'illégal troisième mandat » de Nkurunziza.

« À la veille des élections… J'aimerais dire à [Nkurunziza] que le mandat qu'il veut briguer est illégal, » a expliqué Ntavyohanyuma, selon l'AFP. « J'aimerais lui dire que forcer le processus électoral n'a aucun sens. »

Il a appelé à un « changement de cap positif » de Nkurunziza — qui consisterait, selon lui, en une organisation d' « élections inclusives » pour permettre à des milliers de personnes, qui ont fui le Burundi ces dernières semaines, de pouvoir voter.

Ce jeudi, le deuxième vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, avait aussi fui le pays pour la Belgique, craignant pour sa vie.

En 2005, Nkurunziza est arrivé au pouvoir après avoir été nommé par le Parlement — à la fin de la décennie de guerre civile qui a embrasé le pays. La Constitution burundaise limite les présidents à deux mandats. Nkurunziza et ses partisans estiment que — parce qu'il a été nommé pour son premier mandat — il pourrait chercher à briguer un deuxième mandat où il serait élu par le peuple — comme en 2010 (date du début de son deuxième mandat, et le premier où il aurait été élu et non pas nommé).

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De grandes manifestations ont suivi l'annonce du projet de Nkurunziza de se présenter aux présidentielles en 2015. Le gouvernement a inlassablement essayé de casser les mouvements protestataires et de les interdire. Au moins 77 personnes sont mortes pendant les troubles, et près de 500 autres ont été blessées. Environ 90 000 personnes ont aussi fui dans les pays limitrophes du Burundi. La plupart essayaient d'échapper aux violences infligées par les Imbonerakure, une milice pro-Nkurunziza.

Au moins deux personnes sont mortes dans la nuit de ce samedi à dimanche, au cours d'attaques qui auraient été perpétrées par la police burundaise, selon l'Associated Press. Des témoins de la scène dans le quartier de Jabe (à Bujumbura, la capitale) ont décrit d'intenses échanges de coups de feu dans le cadre d'opérations de répression policière, dans des quartiers qui hébergeraient des manifestants anti-gouvernement. Un témoin rapporte que la police aurait lancé une grenade qui aurait tué son frère, précisant que l'assaut a laissé le visage de la victime « totalement broyé ».

L'élection présidentielle avait déjà été décalée une première fois, à la suite de manifestations, mais Nkurunziza n'a pas abandonné l'idée de se présenter. Des leaders de l'opposition ont annoncé la possibilité d'un boycott.

« Toute l'opposition a décidé unanimement de boycotter les élections, explique, Charles Nditije — un membre clé de l'opposition — dans une lettre envoyée par tous les groupes d'opposition à la Commission électorale, selon l'AFP.

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Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avait demandé que les élections soient repoussées, encore une fois. Dans un communiqué, Ban Ki-moon avait demandé aux leaders burundais de « repousser les élections afin de créer un environnement propice à la tenue d'élections inclusives, pacifiques et transparentes. »

L'ambassadeur de l'ONU au Burundi, Albert Shingiro, a cependant déclaré ce samedi, que les élections allaient se dérouler comme prévu. Il a pointé du doigt une « minorité radicale » qui cherche à repousser les élections, et a expliqué que 95 pour cent du pays voulait se rendre aux urnes.

« Le gouvernement ne peut simplement pas accepter de foncer la tête la première dans un vide institutionnel, dans un précipice, » a déclaré Shingiro. « On va aller de l'avant et voter ce lundi. »

L'Associated Press a contribué à la rédaction de cet article.

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