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Crime

Le chikungunya atteint le stade épidémique en Polynésie française

La maladie, qui se transmet par les moustiques, a gagné l’archipel français ces derniers jours et se propage rapidement.
Image via Army Medicine

Une épidémie de chikungunya a été déclarée jeudi dernier par les autorités locales de la Polynésie française, un archipel qui compte 270 000 habitants et qui est situé dans l'Océan Pacifique, à 4000 km d'Hawaii. 59 cas ont été recensés ce jour là sur la seule île de Tahiti, et les autorités sanitaires signalent que 200 personnes de plus seraient susceptibles d'avoir contracté le virus.

Trois malades sont actuellement pris en charge par le centre hospitalier de Papeete, chef lieu de l'archipel. Ils sont traités pour cette maladie faiblement mortelle (1 mort pour 1000 cas) mais qui peut avoir des conséquences graves et durables sur la santé.

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Des cas ont également été rapportés dans les îles voisines des Tuamotu et des Australes, signe que le virus voyage rapidement dans la zone. Le virus est présent en Asie du Sud et en Afrique, il a également fait quelques apparitions dans le sud de l'Europe ces dernières années. En revanche, c'est une première dans cette région du monde.

« La maladie est arrivée en Polynésie, elle n'est pas endémique. C'est un phénomène nouveau ici », a confirmé ce vendredi à VICE News le docteur Marc Lévy, biologiste à l'hôpital de Papeete, à Tahiti.

« C'est bien le début d'une épidémie », dit-il. « Il y a d'abord eu confusion entre les symptômes de la dengue [une autre maladie tropicale] et ceux du chikungunya. On a ainsi découvert rétrospectivement plusieurs dizaines de cas [de chikungunya]. »

Transmise par les moustiques, la maladie provoque de fortes fièvres accompagnées de grandes douleurs articulaires. Elle peut entraîner la mort dans certains cas. Il n'existe pour l'instant aucun vaccin.

Les autorités françaises ont annoncé qu'elles allaient mettre en place une campagne d'éradication des moustiques, vecteurs de chikungunya, pour lutter contre la propagation de la maladie.

VICE News a contacté Didier Raoult, professeur à la faculté de médecine de Marseille, dans le sud de la France et directeur de l'unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes.

« On parle d'"épidémie" s'il y a un nombre important de cas dans certaines zones géographiques. On parle de pandémie lorsque la maladie touche plusieurs régions différentes du monde. Aujourd'hui, le chikungunya est en passe de devenir une pandémie. »

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Le professeur explique que ce sont des moustiques de genre aédes ou « moustiques tigres » qui sont vecteurs de la maladie.

« Les moustiques ne sont pas porteurs de la maladie eux mêmes, ils la transmettent d'un humain à un autre humain. Lorsqu'un humain est infecté, un moustique le pique et transmet la maladie à un autre humain au cours de la prochaine piqûre. Il faut un humain infecté pour que cela se répande, le virus migre donc avec les déplacements humains. Dans toutes les régions où vivent ces moustiques, il peut potentiellement y avoir chikungunya. »

Didier Raoult poursuit en expliquant que si les conséquences de la contraction du virus chikungunya ne sont habituellement pas mortelles, la férocité des symptômes est toutefois préoccupante.

« Il faut faire très attention aux gens qui associent la prise d'aspirine avec la maladie, aux consommateurs d'alcool, et aux personnes âgées. À cause des symptômes très désagréables, les gens se bourrent d'anti-douleurs au point qu'ils peuvent en mourir. »

Suivez Virgile Dall'Armellina sur Twitter : @armellina

Image via Flickr