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Crime

Le Luxembourg veut devenir le pays du monde le plus sympa avec les animaux

Des politiques du Luxembourg ont proposé il y a quelques jours un projet de loi portant sur la condition des animaux. Si le texte devient une loi, ses partisans pensent que cela ferait du Luxembourg le pays le plus en avance sur la question.
Photo par Pavel Wolburg/EPA

Des politiques au Luxembourg ont proposé il y a quelques jours un projet de loi portant sur la condition des animaux. Si le texte devient effectivement une loi, ses partisans pensent que cela ferait du Luxembourg le pays le plus en avance sur la question de la protection des animaux.

«Cela va plus loin que toute autre législation dont j'ai connaissance », estime Kitty Block, le vice président de Humane Society International, qui oeuvre pour la protection des animaux dans le monde. «C'est remarquable et cela va beaucoup plus loin que les traditionnelles lois contre la cruauté envers les animaux. »

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C'est le ministre de l'Agriculture Fernand Etgen qui a proposé le texte écrit avec l'aide de militants pour les droits des animaux. Le projet de loi pose le fait qu'un animal est un « être vivant non humain doué de sensibilité en ce qu'il est doté d'un système nerveux le rendant scientifiquement apte à ressentir la douleur et à éprouver d'autres émotions », comme «des souffrances et de l'angoisse », peut-on lire dans un communiqué du ministère.

Cette nouvelle législation ne s'appliquerait pas à la plupart des fermes animales, comme c'est souvent le cas avec les lois portant sur les animaux. Mais le texte interdirait d'élever des animaux dans le but principal de les tuer pour leurs fourrures, leurs plumes, leurs peaux ou leurs laines. C'est notamment en cela que le projet de loi est novateur explique Block. Par ailleurs, le texte limite la vente de chats et de chiens aux seuls éleveurs dont la réputation est sans failles. En dehors de ce cadre, il est interdit de donner ou vendre des animaux, par exemple comme des prix de récompense ou comme cadeau. Le projet de loi interdit aussi le massacre des poussins males, tués parce qu'ils ne peuvent pas produire d'oeufs.

«Cet acte est punissable parce que la dignité de l'animal prime sur le profit de l'activité industrielle », dit le communiqué du ministère, en référence à cette pratique.

Ceux qui violeraient les interdits du texte s'exposeraient à des amendes pouvant aller jusqu'à 200 000 euros. Des peines de prison peuvent également être prononcées, allant de huit jours à trois ans, en fonction de la gravité des faits et de la cruauté dont sont victimes les bêtes.

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Les amendes proposées sont significatives et devraient être dissuasives, selon Jared Goodman, un responsable des questions de législation portant sur les animaux à la fondation PETA. «La loi est prometteuse », nous dit-il.

Le ministre Etgen, a expliqué que la législation concernant les animaux devait connaître une «réforme de fond » en raison des avancées dans le monde scientifique qui ont permis de mieux comprendre les animaux. Il motive cette réforme également par le fait que notre regard sur les bêtes a changé. «La définition même de l'animal et de ses besoins a été largement enrichie. »

Kitty Block a remarqué que l'opinion publique était de plus en plus ouverte à des lois comme celle proposée au Luxembourg, en partie parce que cela est une étape logique dans un processus plus global qui vise à considérer de manière plus humaine tout être vivant sur la planète. Elle met en lien la cause animale et des batailles pour les droits des femmes, des personnes LGBT, et d'autres combats pour l'égalité des droits.

«Je ne distingue pas le mouvement animal d'autres mouvements. Cela fait partie d'une évolution, »dit Block. «Il y a clairement une évolution de la pensée vis-à-vis des animaux et vis-à-vis du rôle de notre société envers eux, de ce qu'il est bon de faire pour être de bons gestionnaires des animaux et de l'environnement. »

Si elle passe, la loi luxembourgeoise placerait le pays aux côtés de l'Allemagne et le Royaume-Uni, les pays parmi les plus protecteurs des animaux explique Block. De l'autre côté du spectre, on trouve la Chine et de nombreux pays du continent africain.

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«Transparence, bonne gouvernance, de lois fortes pour l'égalité des droits — si l'on parle d'un pays qui n'a pas tout ça, alors vous pouvez être sûrs qu'il n'a pas une bonne loi contre la cruauté envers les animaux », estime Block.

La loi proposée par le Luxembourg reconnaît des droits aux animaux. «Les animaux ne sont plus à considérer comme une chose, mais comme des êtres vivants non humains doués de sensibilité et titulaires de certains droits » dit un compte-rendu d'une réunion du Conseil de gouvernement.

Le projet de loi va désormais passer devant le Parlement du Luxembourg.


Suivez John Dyer sur Twitter: @johnjdyerjr

Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.