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Crime

Le lycéen prodige du basket, qui avait en fait 29 ans, veut être expulsé du Canada

Originaire du Soudan du Sud Jonathan Nicola a indiqué lors d’une audience que sa famille ne savait pas quel était son âge réel, et que quelqu’un d’autre s’était occupé de son formulaire de visa.
Image via video par Livestrong Foundation

Il y a quelques semaines, Jonathan Nicola était encore le joueur vedette de l'équipe de basket-ball de son lycée. Son entraîneur pensait même qu'il avait une chance de passer pro. Mais il s'est avéré que ce lycéen de 17 ans était en fait un homme âgé de 29 ans. Depuis, ses ambitions - quelles qu'elles soient - sont mises en pauses, alors que l'homme supplie le gouvernement canadien de le renvoyer chez lui, au Soudan du Sud.

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« Pour être honnête mademoiselle, je ne suis pas un menteur. Je suis religieux, je prie Dieu », a déclaré Nicola, selon la retranscription d'une audience tenue quelques jours après son arrestation, une audition au cours de laquelle il a évoqué des pensées suicidaires.

« Je n'en ai même pas parlé avec le [professionnel de santé] mentale parce que je ne veux pas qu'ils me donnent de pilule, pour que j'y devienne accro et que je fasse des choses qui nuiraient à moi-même. »

Nicola est placé sous la garde de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) depuis le 15 avril dernier, après avoir été discrètement retiré de son école. Il avait été convoqué au bureau du directeur, où il avait été arrêté.

Nicola vivait au Canada avec un visa d'étudiant, et étudiait dans un lycée de Windsor, dans l'Ontario, grâce à une bourse d'athlétisme complète. Sur ses bourses d'études et sur son visa, ainsi que sur son passeport, la date de naissance de Jonathan Nicola indiquait le 25 novembre 1998.

Bien qu'il n'ait pas témoigné à la dernière audience, Nicola avait auparavant dit à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié qu'il ne cherchait pas à mentir sur son âge mais plutôt que ni lui, ni ses parents ne savaient quel âge il avait réellement.

Ce fut seulement en décembre dernier, lorsqu'il a demandé un visa de visiteur pour voyager aux États-Unis avec son équipe de basket-ball, que des interrogations ont été soulevées. Les autorités américaines ont en effet découvert que les empreintes digitales de Nicola correspondaient à celles de quelqu'un ayant le même nom et né le 1er novembre 1986 — un individu qui avait en vain demandé le statut de réfugié en 2007.

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L'an dernier, Jonathan Nicola — qui est né en Arabie Saoudite, où son père travaille toujours comme ingénieur en mécanique — s'était vu refuser un visa de visiteur américain qui avait été traité par Nairobi, car les autorités croyaient qu'il tentait plutôt d'immigrer aux États-Unis, et qu'il s'était alors présenté sous une fausse identité.

Lors de la précédente audience, Nicola avait expliqué comment la fausse date de naissance était apparue sur ses documents. Il a raconté que sa mère avait indiqué des dates de naissance différentes aux écoles qu'il fréquentait — la situation financière de la famille avait souvent poussé Nicola à changer d'école — parce qu'elle ne se souvenait pas exactement quand son fils était né.

« Là-bas, ils ne vous demandent pas votre âge, ils ne vous demandent rien, tout ce qu'ils font, c'est un simple test, puis ils vous mettent dans une classe », a-t-il déclaré, toujours d'après une retranscription de l'audience.

Jonathan Nicola a également raconté qu'un homme appelé « Coach Steyn » lui avait dit que toutes les informations sur son passeport sud-soudanais étaient probablement un mensonge. Cet entraîneur s'était occupé de toutes les formalités pour que Nicola puisse aller au Canada, avec la bénédiction de sa mère — qui est séparée de son père et était retournée au Soudan du Sud avec ses enfants en 2007 ou 2008.

Nicola a affirmé que c'était ce « Coach Steyn » qui avait inscrit 1998 comme année de naissance. Quand Nicola a exprimé des doutes, on lui a dit de demander confirmation auprès de sa mère, qui n'a pas pu lui fournir une réponse fiable.

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« Donc j'y suis retourné et ce gars-là, il m'a juste fait le papier, donc après un certain temps [inaudible] donc il a fait l'ensemble des papiers, il a tout fait. »

Face à l'agent du Conseil de l'immigration, Nicola a souligné que son seul but en venant au Canada était « d'étudier et d'obtenir une éducation, afin que je puisse rentrer à la maison, aider ma mère, aider le reste de la famille ».

« Donc, je suis ici et toute la famille compte sur moi pour obtenir une bonne éducation et de bonnes études afin que je puisse revenir et les aider là-bas », a-t-il dit, en ajoutant qu'il se sentait mal pour son entraîneur actuel, avec lequel il avait vécu, parce que cet homme était complètement ignorant de la situation. L'entraîneur, qui était présent à l'audience en guise de soutien, n'a pas versé la caution de 5 000 dollars canadiens afin que Nicola soit libéré.

Mesurant environ 2 mètres 10, Jonathan Nicola avait non seulement réussi à passer une série de tests sans encombres, il avait également trompé son entraîneur et était devenu membre de son équipe de basket, d'après des médias locaux.

« Je pense que ce gamin aura une chance en NBA », avait déclaré l'entraîneur Pete Cusumano au journal Windsor Star en janvier dernier. « Je ne l'ai jamais dit à propos de n'importe quel autre enfant à Windsor. »

Néanmoins, tout le monde n'était pas aussi convaincu. « Physiquement, il n'a tout simplement pas l'air d'être [un lycéen] », a déclaré au Globe and Mail Gym Gymnopoulos, entraîneur d'une équipe de basket-ball adverse à la Vaughan Secondary School. « Il a juste l'air plus vieux. »

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Actuellement, les renvois vers le Soudan du Sud sont suspendus, mais Jonathan Nicola a dit qu'il préférait être expulsé plutôt que de rester en détention, car il est préoccupé par ce qui se passerait si sa mère — qui souffre de diabète et d'hypertension artérielle — venait à savoir que son fils était en prison.

« Donc, s'il vous plaît, si vous me laissez […] renvoyez-moi à la maison, ce serait beaucoup mieux pour moi et pour ma famille et pour ma santé mentale », a-t-il dit. « Je ne veux pas que quelque chose arrive [inaudible] alors que je suis ici, à attendre en prison. »

Dans sa décision, l'employée du Conseil de l'immigration, Valerie Currie, a néanmoins indiqué qu'elle pensait que Nicola avait utilisé une fausse date de naissance sur sa demande de visa étudiant, pour être en mesure d'étudier dans le secondaire et obtenir une bourse complète.

Bien qu'elle sympathisait avec son désir d'aider sa famille, Currie a noté que le chemin qu'avait emprunté Jonathan Nicola « était franchement illégal ».


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