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Roumanie

Le mouvement anti-corruption ne s'essouffle pas en Roumanie

Si le gouvernement a fait machine arrière sur la loi qui visait à assouplir la lutte contre la corruption, les Roumains continuent de manifester en nombre.

Près de 500 000 personnes ont manifesté de partout en Roumanie au cours de la semaine dernière. Et le mouvement ne semble pas s'essouffler. Pourtant, le gouvernement roumain a fait machine arrière sur la loi qui visait à assouplir la lutte contre la corruption — l'étincelle qui avait déclenché les manifestations.

Ce lundi marquait le septième jour de manifestation. Pendant le week-end, des manifestations d'une envergure historique ont eu lieu de partout dans le pays. Si les Roumains sont descendus dans les rues pour s'opposer à la loi décriée, ils demandent désormais des réformes structurelles — certains appelent même à la démission du Premier ministre, Sorin Grindeanu, membre du PSD (Parti social démocrate).

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Une pancarte sur laquelle on peut lire : « Je te donne le pouvoir. Je peux le reprendre. Regarde-moi faire ! » (Photo de Dan Bateman/VICE News)

Les manifestations de la semaine dernière, les plus grandes depuis la chute du leader communiste Nicolae Ceausescu en 1989, ont forcé le gouvernement à retirer la fameuse loi qui aurait permis d'amnistier et de gracier des personnalités politiques accusées de corruption. Cette loi aurait permis à nombre de représentants du PSD d'échapper à la justice — dont Liviu Dragnea, le leader du parti.

À lire : Les Roumains se soulèvent contre la corruption

Cependant, les manifestants restent sur leurs gardes. Ils se demandent si le gouvernement a vraiment abandonné cette loi pour de bon. Ce dimanche, 300 000 Roumains ont manifesté à Bucarest. Ils étaient nombreux à dire qu'ils craignaient que le gouvernement — qui est au pouvoir depuis seulement un mois — réécrive la loi et la fasse passer de force au parlement.

Un manifestant agite le drapeau roumain. (Photo de Dan Bateman/VICE News)

Octavia Cornea, 32 ans, a dit à VICE News qu'elle ne faisait pas confiance aux autorités. « Je ne les crois pas, j'y croirais [à l'abandon de la loi] une fois que j'en aurais la preuve. » Interrogée sur l'efficacité des manifestations, elle a ajouté qu'aucun mouvement n'avait été aussi important : « Manifester est devenu plus mainstream dans le pays, les gens comprennent que c'est un élément clé de la démocratie — nous n'avons plus peur. »

Les manifestations de ce dimanche étaient pacifiques, beaucoup de familles étaient présentes dans les rangs. L'hymne national a été entonné, entrecoupé de « Voleurs ! » et « Démissionnez ! ». Les manifestants ont aussi projeté des messages grâce à des lasers sur des bâtiments du gouvernement posés autour de la place de la Victoire. On pouvait y lire entre autres « Démissionnez ! » et « Dragnea, la Roumanie ne t'appartient pas. »

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Des manifestants s'embrassent à Bucarest. (Photo de Fred Tiffin/VICE News)

Certains manifestants ont dit qu'ils continueraient à manifester jusqu'à ce que la loi soit totalement abandonnée. D'autres estimaient que seule la démission du gouvernement pourrait permettre de rassurer les Roumains, qui veulent en finir avec un système corrompu.

Mircea Serdin, un étudiant de 32 ans, a expliqué à VICE News qu'il manifestait depuis le début du projet de loi. « J'estime que la légalisation du vol ou l'abus de pouvoir sont totalement inacceptables… Tellement de gens sont descendus dans les rues pour montrer au monde l'injustice qui règne ici. Et tout ce que le gouvernement fait c'est dire « Okay, on va abandonner la loi pour le moment ». »

Grindeanu refuse pour le moment de démissionner, estimant que son gouvernement a « une responsabilité envers les gens qui ont voté pour nous. »


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