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Crime

Le nombre de combattants étrangers dans les groupes djihadistes a doublé en un an

Environ la moitié d’entre eux viennent du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Sur le vieux continent, 3 700 des 5 000 combattants européens viennent de seulement quatre pays : la France, la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Quatre personnes suspectées de terrorisme arrêtées en Italie le 1er juillet 2015 (Stefano Porta/EPA)

Au moins 31 000 combattants étrangers, de 86 nationalités différentes, se sont rendus en Syrie et en Irak pour rejoindre les rangs de l'organisation terroriste État islamique (EI) ou d'autres groupes extrémistes depuis 2011.

Dans un nouveau rapport, le Soufan Group — un cabinet de conseil new-yorkais spécialisé dans le suivi des phénomènes extrémistes — note que ces chiffres ont pratiquement doublé depuis leur dernière estimation de l'été 2014. Les dernières évaluations du groupe rejoignent celles réalisées par les Nations unies et les États-Unis plus tôt dans l'année, et permettent d'avoir une vision plus précise des différents pays d'origine de ces combattants étrangers.

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Environ la moitié d'entre eux viennent du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Les combattants originaires de Tunisie sont les plus représentés du contingent d'étrangers, avec près de 7 000 individus présents en Syrie et en Irak. Des chiffres importants vu la population totale du pays : seulement 11 millions d'habitants en Tunisie. Si on applique ce ratio à un pays comme les États-Unis, cela représente 200 000 combattants.

Sur le vieux continent, 3 700 des 5 000 combattants européens viennent de seulement quatre pays : la France, la Belgique, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Les autorités françaises estiment que 1 800 ressortissants français sont en Irak et en Syrie — dont certains en sont revenus pour perpétrer les attaques du 13 novembre dernier, qui a fait 130 morts.

« Cette augmentation du nombre de combattants étrangers prouve que les efforts pour contenir le flux de recrues étrangères n'ont qu'un impact limité, » peut-on lire dans le rapport du Soufan Group.

Dans une interview avec VICE News, le directeur des projects spéciaux du Soufan Group, Patrick Skinner explique que le flux de combattants étrangers a probablement connu son pic à la fin de l'année passée — suite aux expansions éclairs de l'EI dans le nord de l'Irak. « Cela a explosé pendant l'automne et l'hiver, » pose Skinner.

Il faut noter que les estimations du Soufan Group — comme le chiffre global de plus de 30 000 combattants — pourraient inclure ceux qui sont morts au combat ou qui sont retournés dans leur pays d'origine. En juin dernier, des officiels du Département d'État américain ont estimé que 10 000 combattants de l'EI (étrangers et locaux) avaient été tués depuis le début des bombardements de la coalition menée par les États-Unis, lancée en 2014. Ce chiffre est sans doute plus élevé aujourd'hui, notamment depuis la participation accrue de certains pays comme la France  aux bombardements.

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« Ils ont perdu beaucoup de gens, » estime Skinner.

Skinner explique qu'une large portion de ceux qui se sont rendus en Syrie et en Irak — entre 20 et 30 pour cent en l'occurrence — ont fait demi-tour et sont réapparus dans leur pays d'origine, surtout en Europe.

D'après les dernières estimations du Soufan Group, 2 500 Saoudiens et 4 700 Russes se sont rendus en Irak et en Syrie depuis 2011 pour combattre dans les rangs d'organisations extrémistes.

En comparaison avec certains de ses alliés occidentaux et arabes, les États-Unis font face à relativement peu de départs (proportionnellement à la taille des différents pays). Les services de renseignement estiment que plus de 250 personnes ont essayé ou réussi à rejoindre l'un des deux pays. Une étude de septembre dernier du House Homeland Security Committee relate que sur 58 cas étudiés, 12 combattants américains ont été tués après avoir rejoint des groupes djihadistes — donc environ 20 pour cent. La même étude révèle que 40 combattants américains sont déjà rentrés de Syrie, mais le comité précise que seulement « cinq d'entre eux ont été arrêtés par les autorités. »

Le rapport du Soufan Group explique que les réseaux sociaux jouent un rôle prédominant pour recruter des Américains, qui vivent à des milliers de kilomètres des territoires contrôlés par l'EI — bien plus loin que la plupart des pays dont les ressortissants nourrissent les rangs de combattants.

« La présence de l'EI sur les réseaux sociaux prépare surtout le terrain pour se persuader, plus que pour prendre la décision [d'un départ vers la Syrie et l'Irak], » note le rapport.

Suivez Samuel Oakford sur Twitter : @samueloakford