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Crime

Le Parlement grec a approuvé le plan d’aide dans le vacarme des cocktails Molotov

Le Parlement grec a voté de nouvelles mesures d’austérités. À l‘extérieur des murs : des cocktails Molotov, des grenades incapacitantes et du gaz lacrymogène.
Photo by Yannis Kolesidis/EPA

Après cinq heures de débats soutenus, les parlementaires grecs ont voté en faveur de nouvelles mesures d'austérité ce mercredi, permettant de faire avancer un plan d'aide à hauteur de 86 milliards d'euros. Un vote qui a eu lieu dans un contexte de dissensions au sein du parti au pouvoir Syriza et une atmosphère tendue aux abords du Parlement à Athènes, où les manifestants se sont rassemblés sur la place Syntagma pour protester.

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Les manifestants ont joué du tambour, chanté et agité des drapeaux de plusieurs partis de gauche. Ensuite, à la tombée de la nuit, les premiers cocktails Molotov, grenades incapacitantes et grenades de gaz lacrymogène ont commencé à voler.

Pendant près de six mois, la Grèce a bataillé avec ses créanciers européens et le Fonds monétaire international (FMI). Un nouveau parti de gauche mené par le Premier ministre Alexis Tsipras a espéré négocier un meilleur accord et ainsi mettre fin aux coupes sévères dans les salaires, les retraites, aux nouvelles taxes et au chômage en hausse — tout ce qui a handicapé la structure sociale et économique du pays.

À lire : Sur les îles grecques, la souffrance des migrants s'ajoute à la crise économique

61 pour cent des Grecs ont voté le 5 juillet dernier contre la dernière mouture du plan de sauvetage. Malgré ce vote retentissant, les dirigeants grecs se sont engagés à prendre des mesures strictes ce lundi, afin d'éviter un chaos financier et ce que l'on appelle le « Grexit », c'est-à-dire une sortie de l'euro.

« Les Grecs sont pleinement conscients et peuvent comprendre la différence entre ceux qui se battent dans une bataille injuste et ceux qui rendent juste leurs armes » a déclaré Tsipras dans un discours avant le vote de ce mercredi, appelant à l'approbation du plan de renflouement.

La présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a quitté la salle avant le vote, appelant cela un « jour noir pour la démocratie en Europe. »

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Dehors, les manifestants mécontents portaient des bannières écrites en rouge et noir, appelant le public à rejeter l'austérité et à « Libérer la Grèce de l'euro. » D'autres pancartes appelaient le peuple à prendre la rue : « L'espoir a disparu. Désormais la bataille commence. »

Le ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos et le Premier ministre Alexis Tsipras parlent durant la session parlementaire de mercredi à Athènes. (Photo par Orestis Panagiotou/EPA)

Malgré la présence de vendeurs de drapeaux, de vendeurs de snacks et de stands offrant des boissons et de la viande grillée, il n'y avait pas l'atmosphère carnavalesque qui avait marqué les rassemblements pour la victoire du « Non » au référendum. L'humeur était sombre, alors que des jeunes anarchistes se préparaient à en découdre avec la police antiémeute. Des gens de tous âges se sont assis l'air morose sur la place principale et sur une route barrée, en face du Parlement. Certains sont venus avec leurs enfants. D'autres, qui portaient des masques et tenaient des bâtons, se sont massés en groupes de quatre ou cinq, parlant calmement.

« C'est très simple », a expliqué à VICE News un père de famille de 33 ans accompagné de son fils de 3 ans. « Je suis ici pour le futur de mon enfant. Les nouvelles mesures sont telles que je vais payer pour elles, mon fils va payer, ses enfants et petits-enfants vont payer. »

« Ils nous ont piégés avec le référendum, nous ne savions pas ce que voulaient dire le oui ou le non », a-t-il ajouté. « La seule solution est de quitter l'Union européenne et de vivre de manière indépendante. Les banques ont pris l'argent, pas nous. Si les nouvelles mesures passent, nous allons vraiment lutter. »

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Heurts entre police et manifestants anti-austérité, hier soir, à Athènes, près du Parlement . — Le JDD (@leJDD)16 Juillet 2015

Niki, une mère de famille âgée de 52 ans, a déclaré à VICE News que les rassemblements comme celui de mercredi sont la seule manière pour les citoyens de s'exprimer eux-mêmes. « Je me sens trahie » a-t-elle dit. « Nous pensions que l'opinion publique serait respectée par ce gouvernement. Je m'en fiche s'ils ont été forcés, les gens comptent davantage que les marchés. »

« Le nouveau programme est très sévère et ne va pas régler nos problèmes » a-t-elle continué. « Si ce programme est mis en place, nous allons mourir de faim et nos enfants aussi. Je ne vois pas d'espoir s'il est mis en place. » Elle a indiqué que tous ses enfants ont pensé à quitter la Grèce.

Manos, un membre anti-capitaliste du groupe politique ANTARSYA, a dit à VICE News qu'il avait l'intention de combattre l'austérité. « Ce gouvernement est arrivé au pouvoir grâce à un message anti-austérité, » a-t-il dit. « Si ce programme passe, nous ne le laisserons pas être appliqué, parce que nous n'en pouvons plus. Nous le bloquerons à chaque étape. »

Interrogé sur une potentielle envie de quitter le pays, Manos a répondu, « Je veux rester ici, pas parce que j'ai un problème avec les autres pays, mais parce que nous avons une bataille ici. Et si nous gagnons, nous serons un bon exemple pour d'autres pays. »

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Non loin de là, une étudiante en mathématiques de 19 ans assise avec ses amis a estimé que la nouvelle loi d'austérité était « une erreur. »

« Nous sommes venus ici parce que nous sommes contre l'Union européenne, » a-t-elle dit. « C'est mieux de traverser cinq années de difficultés supplémentaires en dehors de la zone euro que d'y rester. »

« Je ne crois pas Tsipras quand il dit que cette fois le plan de renflouement sera plus équitablement réparti » a-t-elle ajouté. « Ce choix ne lui appartient pas. »

Après le coucher du soleil, l'habituel jeu du chat et de la souris a repris entre les anarchistes et la police antiémeute, durant près de 30 minutes. À un kiosque, près de la place Syntagma, le propriétaire n'était pas impressionné par l'agitation nocturne. « Ils peuvent tous aller en enfer » a-t-il déclaré en parlant des anarchistes. « La loi va passer. Peut-on y faire quelque chose ? Tout ce que l'on peut faire, c'est essayer et se débrouiller avec ça. »

Maria, qui vendaient du maïs grillé sur un stand mobile, allait dans le même sens

« Ce qui va arriver ensuite sera très dur » a-t-elle dit à VICE News, pointant du doigt les affrontements non loin de là. « Regardez ça ! Comment allons nous réussir si nous ne sommes pas unis ? »

Suivez Omaira Gill sur Twitter : @OmairaGill

Regardez le documentaire de VICE News - Grèce : jeune et anarchiste