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Le président du Burundi réélu une troisième fois sur fond de contestation à propos de sa légitimité

Pierre Nkurunziza a reçu 69 pour cent des suffrages lors d’une élection contestée au Burundi, alors que des militants de l’opposition à Bujumbura ont déclaré à VICE News qu’ils ne respecteraient pas le résultat de l’élection.
Photo par Jerome Delay/AP

Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a remporté vendredi dernier un troisième mandat de cinq ans à la tête du pays sur fond de contesation à propos de sa candidature, jugée illégitime par certains.

Pierre Claver Ndayircariye, qui siège à la tête de la commission électorale du pays, a indiqué aux journalistes que le président sortant avait reçu 69 pour cent des suffrages, devançant le second — Agathon Rwasa — qui a obtenu 19 pour cent des votes.

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Le gouvernement a annoncé que le taux de participation avait été de 73 pour cent — ce qui veut dire que Nkurunziza a obtenu 1 961 510 votes et Rwasa 536 235 votes. Au total, 2 654 062 votes ont été comptabilisés.

Dans le quartier de Musaga à Bujumbura — qui est réputé pour être un intense foyer d'opposition, et où d'importantes manifestations ont eu lieu ces derniers mois — un jeune homme qui disait s'appeler Eddy a déclaré à VICE News : « C'est des conneries tout ça. Par exemple ici, à Musaga, nous ne sommes pas allés voter. »

« Je ne respecte pas l'élection. Comment pourrais-je ? Cette élection a violé la Constitution, comment le peuple pourrait-il la respecter ? »

La crise au Burundi a atteint un pic depuis le 26 avril dernier, lorsque Nkurunziza et le parti au pouvoir CNDD-FDD ont annoncé que le président allait briguer un troisième mandat, ce que beaucoup voyaient comme étant inconstitutionnel.

La manoeuvre politique a déclenché de violentes altercations entre les partisans du parti au pouvoir et ceux qui s'opposaient à une telle candidature, provoquant une vague de répression et d'intimidations organisée par le gouvernement — face à laquelle beaucoup ont fui.

L'annonce des résultats à l'Hôtel du Palais Royal à Bujumbura. Photo par Eric Fernandez/VICE News

À Musaga, un autre jeune homme, Jimmy, a dit à VICE News : « Ils devraient annuler l'élection et les résultats, et préparer une nouvelle élection organisée de manière juste. Comment peut-on organiser une élection quand des gens sont tués et que d'autres fuient le pays ? »

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« Beaucoup de gens n'acceptent pas l'élection parce qu'il [Nkurunziza] était le seul dans la compétition ! » a déclaré un autre homme, qui s'appelait Jean. Selon lui, les violences qui avaient ensanglanté les préparatifs de l'élection vont continuer.

Pendant ce temps, devant un bar de Kamenge — un quartier qui soutient fortement le parti CNDD_FDD — des hommes rassemblés déclarent qu'ils éliraient même Nkurunziza pour un quatrième mandat s'ils le pouvaient. « Nous [les partisans du président] sommes nombreux. Ils doivent le reconnaître, » déclare la serveuse, une jeune femme qui a tenu à rester anonyme. « Ils disaient que nous n'aurions pas d'élection mais cela a été le cas. Ils doivent respecter les résultats. »

Nkurunziza est sorti gagnant dans toutes les provinces, sauf deux — la capitale Bujumbura et la campagne autour de cette ville, que Rwasa a remportées.

Le gouvernement a par ailleurs indiqué que les résultats définitifs et officiels ne seront pas annoncés avant neuf jours — soit le 2 août prochain.

Le vote a finalement eu lieu mardi dernier, malgré des appels à un nouveau report du fait de l'insécurité en hausse. Des candidats d'opposition ont également boycotté le vote, même si leurs noms sont restés sur les bulletins.

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Regardez notre reportage - Une journée d'élection au Burundi