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Crime

Le Salvador lance une unité spéciale pour chasser les gangs jusque dans les campagnes

Alors que le taux d'homicide dans le pays atteint chaque mois des niveaux records, le gouvernement salvadorien a annoncé la création d'une unité militaire spéciale pour chasser les gangs dans les zones rurales.
Photo de Oscar Rivera/EPA

Le gouvernement du Salvador a maintes fois essayé de contenir la violence qui fait rage dans le pays en réprimant lourdement les principaux acteurs de celle-ci : les gangs. Mais jusqu'ici cette répression n'a pas vraiment porté ses fruits.

Alors que le taux d'homicide dans le pays atteint chaque mois des niveaux records, le gouvernement salvadorien a annoncé la création d'une unité militaire spéciale pour chasser les gangs dans les zones rurales.

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« Le moment est venu de mettre un terme à la progression de la violence, qui a causé tant de bains de sang ces dernières années, » a déclaré mercredi dernier, Oscar Ortiz, le vice-président du pays. Il s'exprimait à l'occasion du lancement officiel de cette nouvelle unité d'élite. « Aujourd'hui, nous faisons naître un nouvel espoir, et vous, braves membres de cette nouvelle unité, vous faites partie de ce nouvel espoir. »

Ortiz a expliqué que les 1 000 membres de ces forces spéciales seront responsables de la « neutralisation » des gangs. L'unité aura pour mission de traquer le top 100 des leaders de gangs, qui se cachent dans les zones rurales, après avoir été chassés des villes par des opérations de police d'envergure.

Le lancement de cette nouvelle force a été accueilli avec scepticisme de la part des observateurs spécialistes de la violence intergangs. Celle-ci est principalement due à l'affrontement entre les deux principaux gangs du pays : les Mara Salvatrucha (ou MS13 en abrégé) et les Barrio 18.

Ces deux gangs sont originellement originaires des États-Unis et de Californie, mais se sont exportés au Salvador quand le gouvernement américain a commencé à déporter de nombreux Salvadoriens, suite à l'accord de paix signé dans le pays en 1992. Mais les institutions fragiles du petit État d'Amérique centrale n'ont pas pu gérer cet afflux de criminels.

« Le Salvador connaît un problème de violence depuis plus de 20 ans. Mais tout ce qu'a fait le gouvernement, c'est essayer d'anéantir la violence par plus de violence, » explique Raul Mijango, un ancien guérillero, qui a participé à la médiation d'une trêve entre gangs en 2012.

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Cette trêve s'est accompagnée d'une chute importante — mais brève — du niveau de taux d'homicide. Mais très vite, la situation est revenue « à la normale », quand le cessez-le-feu s'est délité et que le gouvernement a intensifié ses dispositions antigang. Celles-ci ont été encore un cran plus loin quand la Cour suprême du pays a permis, l'année dernière, de qualifier les gangs de « groupes terroristes ».

Le Salvador a fini l'année 2015 en tête du classement des pays les plus violents du monde (hors pays en guerre). Le pays affiche un taux de 104 meurtres pour 100 000 habitants. Pour 2016, la police fait déjà état de 2 230 personnes tuées entre le 1er janvier et 20 avril — ce qui représente une augmentation de 158 pour cent par rapport à la même période en 2015.

« Au lieu de régler le problème, ils ne font qu'empirer la situation, » explique Mijango à propos de la longue liste de mesures répressives, qui n'en finit pas de s'allonger. « Surtout parce qu'en faisant un usage extensif de la violence, ils risquent de violer les droits des citoyens qui n'ont rien à voir avec le conflit. »

Le lancement de la nouvelle unité militaire survient trois semaines après que les gangs ont proposé une trêve au gouvernement en échange d'améliorations en matière de conditions carcérales. La réponse des autorités ? La déclaration de l'état d'urgence dans 7 prisons et le transfert de centaines de leaders de gangs dans des prisons de haute sécurité.

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À lire : Les gangs du Salvador ont proposé une trêve — le gouvernement leur déclare la guerre

« Un des problèmes de ce gouvernement, c'est qu'il pense que la violence dans le pays ne peut être anéantie qu' avec des balles, » postait sur Twitter, Óscar Martínez, un reporter du site d'information local, El Faro.

Le chef de la police nationale, Howard Cotto, a indiqué que la nouvelle unité avait été entraînée et préparée aux méthodes d'investigations modernes et formée aux droits de l'homme, pour éviter tout abus.

« Notre succès ne sera pas basé sur le nombre de balles que l'on va tirer. Notre succès se mesurera au niveau de confiance des résidents quand ils verront arriver l'unité, » a déclaré Cotto. « Nous voulons que les gens puissent dire "Voilà notre police qui arrive pour nous défendre." »

Regarder notre reportage — Les gangs du Salvador


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