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Crime

Les Colombiens rejettent l’accord de paix avec les FARC

Un accord censé mettre fin à cette guerre qui dure depuis 52 ans entre les FARC et le gouvernement colombien a été rejeté par référendum.
Photo de Ariana Cubillos/AP

La Colombie a rejeté dimanche — de justesse — un accord de paix historique qui devait mettre fin à la guerre qui oppose le gouvernement et le plus grand groupe rebelle colombien, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Ce conflit dure depuis plus d'un demi-siècle.

Lors d'un référendum, 50,24 pour cent des votants se sont opposés à l'accord de paix avec les FARC. Une très mince majorité, car 0,5 pour cent des votants de plus, soit 61 000 de voix, auraient suffi pour que l'accord soit adopté.

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Pourtant, selon les derniers sondages, le « oui » devait largement l'emporter. Tant le président Juan Manuel Santos que les leaders des FARC militaient pour son succès, ces derniers ayant également tenu un congrès en septembre dernier pour annoncer leur transformation en parti politique dans une ambiance festive.

Le résultat laisse désormais le pays dans l'incertitude.

Santos et un leader des FARC, connu sous le pseudonyme de Timochenko, ont signé ce traité lundi 26 septembre lors d'une cérémonie. Ils ont ensuite été applaudis par un public constitué de 15 chefs d'État, du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et du secrétaire d'État américain John Kerry.

À lire : « Ici la paix ressemble à la guerre » — dans le Choco on redoute la fin du conflit avec les FARC

Alors que le résultat du scrutin de ce dimanche était encore tout frais, le président Santos a convoqué une réunion d'urgence avec les principaux négociateurs de l'accord et l'état-major de la sécurité du pays. Il a ensuite publié un communiqué en acceptant la défaite du "oui", tout en indiquant qu'il maintenait le cessez-le-feu avec la guérilla.

La campagne contre l'accord de paix a été menée par l'ancien président Alvaro Uribe, qui souhaite que les rebelles répondent devant la justice de leurs actes commis pendant le conflit. Cet accord, dont la négociation a duré quatre ans, devait s'accompagner d'une Cour de Justice spéciale et de dispositions qui permettraient aux rebelles d'éviter la prison à partir du moment où ils avoueraient leurs crimes.

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La guerre avec les FARC a été le plus long et le plus intense des nombreux conflits colombiens. Au total, ils ont fait environ 220 000 victimes et 7 millions de déplacés. Alors que les groupes rebelles ont été responsables de nombreux actes de violence, une bonne partie des pires atrocités ont été commises par des groupes paramilitaires soutenus par Bogotá ou par des forces gouvernementales financées avant tout par les États-Unis.

Les opposants à l'accord ont également reproché aux négociateurs du gouvernement de permettre aux anciens membres des FARC de commencer une carrière politique avec de l'argent sale. Car les rebelles ont financé une bonne partie de leur guerre avec le trafic de cocaïne.

Les FARC se sont formées à partir d'un soulèvement paysan en 1964, dans ce qui a constitué la première vague de rébellions marxistes en Amérique Latine. Presque tous les groupes armés constitués à ce moment-là ont disparu pour devenir des partis politiques.

Cet accord colombien a ouvert la voie à la métamorphose des FARC. Ses 7 000 combattants restants se sont tout d'abord regroupés dans des zones surveillées par l'ONU, conçues comme une première étape avant le retour à la vie civile. Pour les rebelles et le gouvernement, le référendum d'hier ne devait être qu'une formalité.

Mais désormais, les FARC, le gouvernement et le peuple colombiens ignorent ce que le futur leur réserve. Selon des commentateurs de la chaîne de télévision colombienne Caracol TV, l'avenir sera avant-tout dicté par la manière dont les rebelles vont réagir au vote.

« Les FARC réitèrent leur volonté de n'utiliser que les mots comme leur arme dans le but de construire le futur », a tout de même annoncé Timochenko dans sa première réaction, quoiqu'évasive, au résultat du référendum. « Le peuple colombien qui rêve de paix peut compter sur nous : la paix triomphera. »


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