FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Les députés brésiliens votent pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff

C’est désormais au Sénat de décider de poursuivre le processus de destitution et de suspendre temporairement Rousseff.
Photo de Fernando Bizerra Jr./EPA

La Chambre des députés brésiliens s'est prononcée ce dimanche soir en faveur de la destitution de la présidente du pays, Dilma Rousseff. Ce vote pousse un peu plus vers la sortie la présidente empêtrée dans divers scandales.

C'est désormais au Sénat de décider de poursuivre le processus de destitution et de suspendre temporairement Rousseff. Elle est accusée d'avoir essayé de cacher l'étendue réelle des déficits en manipulant les budgets de l'État.

Publicité

Les députés ont annoncé leur vote un par un lors d'une session parlementaire exceptionnelle et agitée. Certains applaudissaient, d'autres huaient, pendant que des confettis volaient dans l'air. Quelques échauffourées ont aussi eu lieu.

Le Parti des Travailleurs (PT) de Rousseff a concédé sa défaite quand il était clair que les pro-destitution approchaient inexorablement de la majorité des deux tiers. Au moment de l'abandon du PT, 314 députés avaient voté pour la destitution de la présidente, et 110 contre.

« La bataille va continuer désormais dans les rues et au Sénat, » a déclaré Jose Guimaraes, le leader du PT à la Chambre des députés, tout en acceptant la défaite. « Nous avons perdu parce que les partisans d'un coup d'État étaient plus forts. »

Rousseff et son administration sont très impopulaires à cause d'une grave récession et de scandales de corruption. Cependant, ses partisans arguent que la présidente n'est pas impliquée directement dans aucun des scandales (qui émanent pour la plupart d'une grande enquête contre la compagnie pétrolière Petrobras).

Les partisans de Rousseff déclarent aussi à l'envi que les pro-destitution ont trempé dans des scandales — dont Eduardo Cunha, le speaker de la Chambre des députés, qui a lancé le projet de destitution en décembre dernier. Cunha est accusé de faits de corruption et de blanchiment d'argent. Il doit aussi être entendu par le comité d'éthique du Congrès pour ne pas avoir déclaré des comptes bancaires en Suisse.

Publicité

« Que Dieu ait pitié de cette nation, » a lâché Cunha en votant pour la destitution de Rousseff.

Si la Chambre des députés est profondément divisée, le pays l'est tout autant. Des manifestations ont été organisées par les deux camps à travers le pays, au moment où le vote était retransmis à la télévision. Cette polarisation de la vie politique brésilienne était particulièrement visible sur l'esplanade devant le Parlement à Brasilia, où des manifestants pro et anti-destitution étaient séparés par une longue barrière en métal.

Si le Sénat accepte de poursuivre le processus de destitution, Rousseff sera remplacée par le vice-président Michel Temer, le temps de son procès. Si Rousseff est déclarée coupable, Temer restera président — en théorie — jusqu'à la fin du mandat de Rousseff en 2018.

Puisque Temer appartient à un parti politique différent, la destitution de Rousseff représenterait la fin du règne de 13 ans du Parti des Travailleurs, qui a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté selon ses partisans. Cette ère avait commencé avec les deux premiers mandats d'Inácio Lula da Silva. Rousseff avait pris la suite en 2011, avant d'être réélue en 2014.

Les sondages laissent penser qu'une majorité (environ 60 pour cent) de Brésiliens est pour la destitution de Rousseff. Les manifestations pro-destitution sont dominées par les classes moyennes. Pendant ce temps, la présidente et son parti conservent une solide base de soutiens dans les classes inférieures de la société brésilienne.


Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez VICE News sur Facebook : VICE News