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Canada

Les mafieux de Montréal passent entre les mailles de la justice

Une vaste enquête sur la mafia locale risque d'accoucher d’une souris.
Justin Ling
Montreal, CA
Graham Hughes/The Canadian Press

Meurtre. Trafic de cocaïne. Kidnapping.

La liste des crimes imputés aux chefs de la mafia de Montréal est longue, mais les procureurs canadiens abandonnent certaines charges par manque de preuves solides, après avoir rayé de la liste un dossier entier impliquant plus d'une trentaine de présumés criminels.

Tout cela intervient après des années de querelles internes à propos des techniques de surveillance policières, que le gouvernement a tenté de cacher. La réticence du Canada à révéler comment la police a traqué et intercepté les messages cryptés d'appareils BlackBerry a conduit à l'échec de l'affaire, selon La Presse.

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Les procureurs ont déclaré ce mardi en salle d'audience qu'ils ne poursuivraient pas les 36 prévenus dans cette affaire – l'un d'entre eux est mort depuis – pour trafic de cocaïne, kidnapping et incendie volontaire. Les procureurs ne sont pas obligés de justifier l'abandon ou le maintien des charges.

Les arrestations avaient été menées dans le cadre de l'Opération Clemenza, une enquête dirigée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui s'est achevée en 2014.

VICE News a beaucoup écrit sur Clemenza, et sur le procès d'un meurtre en réunion qui a abouti à de nombreuses condamnations en 2016.

À lire : La mafia de Montréal est en guerre

Les documents du tribunal ont révélé comment la GRC a obtenu la clé de décryptage des BlackBerry en 2011, directement via la firme qui les commercialise, Research in Motion (RIM). Ils ont également détaillé l'utilisation par la police de téléphones traqueurs surpuissants pour surveiller les suspects d'un bout à l'autre de Montréal – mais cette technologie ne fonctionnait pas toujours.

Dans l'affaire du meurtre en réunion, les avocats du gouvernement ont essayé durant des mois de protéger les détails de leur programme secret de décryptage des BlackBerry, allant jusqu'à la cour d'appel du Québec pour lutter contre l'avocat de la défense, arguant que la révélation des informations pouvait compromettre de futures enquêtes policières.

La motion déposée en appel – qui aurait imposé aux avocats de la Couronne de livrer les détails de la clé de décryptage – a finalement été tuée dans l'oeuf lorsque six hommes ont avoué avoir fomenté un complot pour commettre un meurtre en 2016. Une motion similaire est actuellement en jeu dans l'affaire mise en stand-by depuis ce mardi.

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À lire : Pourquoi la mafia de Montréal est-elle en guerre ?

La GRC a également refusé de révéler quoi que ce soit à propos de leurs logiciels de surveillance téléphonique, et n'a jamais admis posséder les appareils, apparentés à des Stingrays ou des IMSI catchers – même si des documents obtenus par VICE News prouvent qu'ils les ont et les utilisent.

La GRC et les avocats de la Couronne ont tout tenté pour garder secrète cette information. VICE Media a dû aller au tribunal défendre le fait qu'elle relevait du domaine public.

L'abandon des poursuites de Clemenza est le dernier coup d'arrêt porté à la lutte du gouvernement contre le crime organisé de Montréal.

En 2015, les procureurs avaient dû laisser tomber diverses accusations contre les bikers des Hells Angels, après que de nombreux vices de procédures aient été découverts au procès.

Au milieu de tout ça, le milieu criminel interlope de Montréal est dans la tourmente. Assassinats ciblés, bombes incendiaires et coups de feu tirés d'une voiture sont les signes d'une lutte de pouvoir émergente – avec des mafieux désireux de prendre la place des membres incarcérés, jusqu'à leur retour dans les rues d'ici quelques mois.

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