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Crime

Le business de la weed légale génère tellement de cash que les magasins ne savent plus où le ranger

Puisque la marijuana est illégale au niveau fédéral, les banques refusent encore de travailler avec les « pot shops ». Les marchands doivent alors composer avec des piles de billets verts.
Photo de Robert Galbraith/Reuters

Le business de la marijuana légale est l'industrie qui progresse le plus vite aux États-Unis, d'après une nouvelle étude. Les ventes de weed (approuvées par certains États américains) ont augmenté de 80 pour cent depuis l'année dernière, jusqu'à dépasser la barre des 5 milliards de dollars engrangés — et la plupart de ces achats sont faits avec du cash.

Alors que le business de la weed légale fleurit dans de nombreux États américains  (23 États et Washington DC autorisent certains types d'herbe médicinale et quatre États permettent la vente d'herbe à titre récréatif) la marijuana reste illégale au niveau fédéral. Cela signifie que les banques, qui sont réglementées par le gouvernement fédéral, refusent encore de travailler avec les « pot shops » (magasins de weed) de peur d'enfreindre les lois qui régissent le blanchiment d'argent. Cette situation complique particulièrement la vie des entrepreneurs de la marijuana qui doivent gérer ces énormes piles d'argent liquide.

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En juillet dernier, un groupe de sénateurs a présenté le Marijuana Businesses Access to Banking Act (Loi d'accès aux Banques pour les Magasins de Marijuana), afin de satisfaire cette demande.

Des sacs pleins de billets

« Forcer des hommes et des femmes d'affaires — qui opèrent selon la loi en vigueur dans l'État de l'Oregon — à transporter des sacs de gym pleins de cash est une invitation au crime et aux méfaits, » a déclaré le sénateur démocrate de l'Oregon, Jeff Merkley. « Il est temps de laisser ces banques servir les intérêts de ces business légaux, sans craindre les représailles dévastatrices du gouvernement fédéral. »

Le sénateur du Colorado, Cory Gardner, a exprimé des inquiétudes semblables. Pour lui, le refus continuel des banques à fournir des services financiers de base a « forcé l'industrie à adopter un business model basé sur le tout liquide, ce qui encourage le développement de crimes violents et met en danger tous les habitants du Colorado. »

Le Fourth Corner Credit Union de Denver espérait bien devenir la première institution financière du pays à répondre aux besoins spécifiques de l'industrie de la weed légale, mais le plan de la banque a été anéanti l'année dernière par la Banque fédérale de réserve de Kansas City (dont le district financier de Denver dépend). Cette dernière a refusé la demande de création de compte principal de Fourth Corner — indispensable pour opérer. Fourth Corner a porté cette affaire devant les tribunaux, mais le juge R. Brooke Jackson du Tribunal d'État du Colorado a refusé leur demande, arguant que cet arrangement risquait de « faciliter l'activité criminelle ».

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Un flou juridique

Le ministère de la Justice américain a publié des « lignes directrices » pour les banques qui souhaitent gérer l'argent de la marijuana, précisant que les procureurs et les organismes de régulation bancaire n'enquêteraient pas activement sur les banques qui pourraient travailler avec des magasins de marijuana. Cependant, les directives indiquent que « le ministère de la Justice se garde le droit d'appliquer les lois fédérales, notamment les lois fédérales s'appliquant à la marijuana, et ce, peu importe les lois de l'État ». Il est aussi indiqué que les institutions financières sont tenues de rapporter « toute activité suspecte ».

Dans son rendu de jugement pour le cas de Fourth Corner, le juge Jackson a fait savoir que les lignes directrices du ministère de la Justice étaient inutiles et que les banques devraient respecter la loi à la lettre et continuer à fuir les vendeurs de weed.

« Ces directives suggèrent simplement que les procureurs et les institutions régulatrices du secteur bancaire pourraient "détourner le regard" si les institutions financières violent la loi, » a déclaré Jackson. « Une cour fédérale ne peut pas détourner le regard. »

Dans le même temps, de nouveaux États devraient légaliser la marijuana — créant de nouveaux magasins qui seront eux aussi obligés de traiter uniquement avec du liquide. La Pennsylvanie, l'Ohio, la Floride et le Missouri devraient promulguer des lois permettant l'utilisation médicale d'herbe en 2016, alors que la Californie, le Nevada, l'Arizona, le Massachusetts, le Maine, Rhode Island et le Vermont pourraient potentiellement permettre la vente d'herbe à titre récréatif.

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Boom économique

Avec son développement toujours plus rapide, l'industrie de la marijuana légale devrait générer 6,7 milliards de dollars en 2016, une augmentation de 25 pour cent par rapport à l'année dernière. D'ici 2020, les ventes pourraient atteindre les 21,8 milliards de dollars d'après un rapport publié ce lundi par ArcView Market Research et New Frontier, deux organisations californiennes spécialisées dans le business de l'herbe.

Il n'existe pas de solution immédiate pour mettre fin à ce casse-tête bancaire, mais plusieurs candidats à l'élection présidentielle ont appelé au retrait de la marijuana de la liste "Schedule I" des substances contrôlées. L'herbe y est actuellement classifiée aux côtés de l'héroïne, du LSD et d'autres drogues qui présentent un risque élevé d'abus et ne présentent aucune utilisation médicale reconnue, selon le gouvernement. Un tel changement pourrait permettre aux banques d'ouvrir leurs chambres fortes au business de la weed.

Malgré les restrictions fédérales, une poignée de coopératives de crédits locales et d'autres institutions régies par les États de l'Oregon et du Washington ont permis à certains marchands d'herbe d'ouvrir des comptes en banque. Le site spécialisé dans l'industrie de la marijuana, Leafly, cite des chiffres du Réseau de Lutte contre les Crimes Financiers du Département du Trésor qui montrent que 266 institutions financières au niveau national tiennent des comptes liés à des magasins d'herbe. Certains shops permettent aux clients de payer par carte de crédit, mais pour le moment, la plupart des têtes de marijuana vont continuer à être achetées avec des billets verts.

Suivez Tess Owen sur Twitter : @misstessowen