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Crime

Les Polonaises descendent dans la rue pour défendre leur droit à l’avortement

Le Parlement polonais doit se prononcer sur une loi qui interdirait l’interruption de grossesse.
REUTERS/Kacper Pempel

Ce lundi, partout en Pologne, des milliers de femmes ont suivi un appel à la grève contre un projet de nouvelle loi anti-avortement. Le Parlement polonais doit se prononcer sur une loi qui interdirait définitivement l'interruption de grossesse, alors que la législation actuelle ne l'autorise qu'en cas de danger pour la mère ou pour le foetus, ou encore dans le cas de viol ou d'inceste.

Ce projet de loi est venu d'une pétition poussée par l'ONG conservatrice Ordo Luris. Le Parlement est obligé de se prononcer sur une pétition si elle obtient au moins 100 000 signatures. La requête d'Ordo Luris a été signée par plus de 450 000 personnes.

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Cette grève suit plusieurs actions survenues en réaction au projet de loi. Ces deux derniers week-ends, des milliers de Polonaises ont investi les rues devant le Parlement, à Varsovie. Habillées en noir, elles ont porté des pancartes avec des messages comme « Girls just wanna have fundamental human rights » (NDLR — « Les filles veulent avoir des droits fondamentaux », en référence à la chanson « Girls Just Wanna Have Fun » de Cindy Lauper). Dans la foule, l'on pouvait voir des femmes de tous âges, ainsi que quelques hommes.

MASSIVE turnout in Warsaw — Exen (@Exen)October 3, 2016

7 men discussed abortion rights in Poland in tv yesterday ????— Ola Sitarska (@olasitarska)October 3, 2016

La Pologne a déjà l'une des législations européennes les plus strictes en la matière. Beaucoup craignent que des nouvelles lois finissent par criminaliser les femmes et leurs médecins, que la police enquête sur des fausses couches ou que des procédures de routine, comme la césarienne, ne soient plus réalisées par peur de la mort du foetus. « J'ai une patiente avec une pré-éclampsie et qui est enceinte de 32 semaines », raconte le professeur Romuald Debski. médecin dans un hôpital de Varsovie« Si je lui fais une césarienne et l'enfant meurt, je peux aller en prison pendant trois ans, car l'enfant était prémature », a-t-il raconté aux médias polonais.

Cette journée de grève est inspirée par le « Women's Day Off », en Islande. En Octobre 1975, 90 pour cent les Islandaises ont refusé de travailler, de prendre soin des enfants ou de faire toute tâche ménagère pour demander des droits équitables. Les manifestantes polonaises protestent dans un pays très catholique où l'Eglise soutient le projet de loi.

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Les Polonaises ont été soutenues par des femmes du monde entier sur les réseaux sociaux. Celles-ci ont publié des photos avec le hastag #czarnyprotest en solidarité.

Berlin in solidarity with Poland in the fight against barbaric anti-abortion laws! — Julia Damphouse (@remarksist)October 3, 2016

You're not alone, London stands with you — Amnesty UK (@AmnestyUK)October 3, 2016

Selon les données du Fonds national de la Santé, il y a eu 1 812 avortements en Pologne en 2014. Mais pour la Fédération pour les femmes et pour le planning familial, le nombre de grossesses interrompues atteindrait plutôt les 80 000 par an, voire plus si l'on compte également les procédures illégales ou réalisées à l'étranger.


Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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