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FRANCE

Les trafiquants de drogue de Marseille utiliseraient des balises GPS pour espionner leurs rivaux — et les éliminer

L’information révélée par RTL arrive après un week-end sanglant à Marseille. Entre samedi et lundi, quatre personnes ont été tuées et trois autres blessées dans des règlements de compte.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via Martin Fisch / Flickr

Les gangs marseillais semblent avoir décidé de s'inspirer des techniques de la police pour régler leurs différends. D'après une information de la radio RTL donnée ce mardi, les trafiquants de drogue de la cité phocéenne utiliseraient des balises GPS pour espionner leurs concurrents et ensuite les éliminer.

Le journaliste Damien Delseny, qui cite des sources policières marseillaises, expliquait ce mardi matin sur les ondes de la radio française que lors de plusieurs règlements de compte à Marseille, les voitures des victimes étaient « balisées » — comprendre qu'elles portaient un mouchard GPS.

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Delseny cite notamment le cas d'un double homicide de novembre dernier ,qui a eu lieu à la sortie du tunnel Prado-Carénage, à deux pas du Vieux-Port. Deux occupants d'une BMW apparemment mouchardée avaient été tués le 9 novembre, à la suite d'une fusillade à l'arme de guerre. Pour le procureur de Marseille, Brice Robin, ce double assassinat était lié « avec des conquêtes de territoires » pour le trafic de drogue.

Ainsi, à la manière de la police, les gangs marseillais s'espionneraient, se surveillant et s'épiant grâce à des petites balises GPS collées directement sur les véhicules — avant de passer à l'acte et d'éliminer les rivaux gênants.

Plusieurs compagnies privées proposent en France des balises GPS plus ou moins puissantes et discrètes. Comme le précise le site d'un des leaders du marché, « aucun texte n'interdit la vente, la possession et l'utilisation des traceurs GPS. » En revanche, « leur utilisation à l'insu des personnes est interdite et même passible d'amendes et de peines de prison, que ce soit dans un contexte professionnel ou familial. »

Les balises GPS sont utilisées à la fois dans un cadre professionnel pour les entreprises de transports qui ont besoin de savoir où sont leurs chauffeurs, mais aussi par des particuliers qui s'en servent comme de traceurs en cas de vol de voitures.

Il existe de nombreux modèles dont la plupart tiennent dans la paume de la main, sont aimantés et étanches. Il faut compter entre 200 et 500 euros pour les modèles de base. Il est possible de les commander en ligne et de poser le dispositif soit même — ainsi, tout le monde peut se procurer une balise GPS sans trop de difficultés.

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11 tués par balles depuis le début de l'année

L'étonnante information révélée par RTL survient après un week-end sanglant à Marseille. Entre samedi et lundi, quatre personnes ont été tuées et trois autres blessées dans le cadre de règlements de compte. « Nous sommes face à un Everest de folie meurtrière », s'est inquiété le procureur de Marseille, Brice Robin, ce lundi.

Samedi soir c'est la cité Bassens qui a été le théâtre de cette guerre de territoire à laquelle se livrent plusieurs groupes de trafiquants de drogue. Deux ou trois personnes équipées d'armes automatiques ont débarqué devant une épicerie sur les coups de 22 heures. Trois individus âgés de 20 à 30 ans sont mortellement touchés — ils regardaient le Clasico (FC Barcelone - Real Madrid) dans le petit commerce au moment des faits. Une des victimes n'avait vraisemblablement rien à voir avec les trafics de stupéfiants et aurait pris une balle perdue.

Lundi matin, une victime a été retrouvée le torse criblé de balles à la cité de la Paternelle. Alors que deux hommes venaient acheter de la drogue dans le quartier, ils auraient été pris pour cible par plusieurs tireurs. Un homme de 50 ans a été mortellement touché. La victime avait été condamnée en 2001 à 17 ans de prison pour assassinat d'après le procureur de Marseille.

Plusieurs gangs sont impliqués dans les différents règlements de compte qui agitent Marseille d'après Brice Robin. Ce lundi, il indiquait que le clan formé autour de la famille Remadnia et celui regroupé autour des familles Tir et Berrebouh sont impliqués dans « 22 dossiers de règlements de compte ou tentatives ».

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Deux autres clans — celui de la famille Ahamada (le clan dit des « Blacks ») et celui de la famille Bengler (le clan dit des « Gitans ») — seraient à l'origine de 18 règlements de compte, d'après Eric Arella, le directeur interrégional de la police judiciaire de Marseille.

Depuis le début de l'année 2016, 11 personnes ont été tuées par balles en pleine rue à Marseille, contre 19 individus pour toute l'année 2015.


Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Image via Martin Fisch / Flickr