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Santé

L’Europe lance ses « Casques blancs », un corps médical d’urgence

Ce dispositif, qui repose sur la bonne volonté des États-membres, permettra d’apporter une aide médicale rapide aux pays qui en font la demande — que ce soit à l’intérieur de l’Union ou dans d’autres régions du monde.
© European Union/ECHO/Jean-Louis Mosser

« Des dizaines de cas chaque jour, une région entière menacée, le monde entier retenant son souffle […] S'il y a une leçon que nous avons tous retenu d'Ebola, c'est celle-ci : nous étions tous insuffisamment préparés. » Ce lundi à Bruxelles, c'est par ces mots que Christos Stylianides — le commissaire européen à l'aide humanitaire — a ouvert la réunion de lancement du Corps médical européen (CME).

Ce nouveau dispositif doit permettre à l'Union européenne de réagir plus rapidement aux situations de crise sanitaire, grâce à une réserve de volontaires envoyés par les États-membres.

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« Le Corps médical reprend l'initiative initiale des "Casques blancs", que l'Allemagne et la France ont proposée en 2014 », a expliqué à VICE News un porte-parole de la Commission européenne, joint par téléphone ce mardi matin.

Concrètement, le CME ne crée aucune structure, il met simplement en relation les pays européens désirant alimenter la réserve en personnel et en matériel. Il repose sur le mécanisme européen de protection civile déjà existant — mais jusque-là davantage tourné vers les catastrophes naturelles — qui dispose notamment d'un centre de contrôle et de coordination actif 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

À l'heure actuelle, neuf pays européens dont la France ont annoncé qu'ils mettraient des moyens et des équipes à disposition du CME. Les besoins de ce corps sont très divers : équipes médicales, experts en coordination, laboratoires mobiles, ainsi que des moyens logistiques plus classiques, notamment en matière de transport.

« Le CME est basé uniquement sur le volontariat, il n'y a aucune obligation pour les États membres », a assuré Hans Das lors de la réunion de lancement. C'est le chef d'unité à l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO). Il a par ailleurs indiqué que « tout pays peut faire une demande » d'intervention du CME.

Le Dr. Margaret Chan, qui dirige l'Organisation mondiale de la santé (OMS), était également présente lors de cette réunion.

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« Les équipes médicales du Corps doivent être certifiées par l'OMS avant de pouvoir intervenir sur le terrain », nous a indiqué le porte-parole de la Commission européenne. Dans un communiqué de presse publié ce lundi, la Commission a assuré que l'UE pourrait prendre en charge jusqu'à « 100 pour cent » des dépenses effectuées par les équipes pour atteindre cette certification internationale.

Sitôt les équipes médicales référencées et certifiées, elles deviennent disponibles et sont censées répondre rapidement à l'appel du centre de coordination en cas de crise sanitaire dans une région du monde. Les États membres dont ces équipes sont originaires ont toutefois le droit de refuser que ces dernières participent à certaines opérations.

Sur place, le fonctionnement du CME prévoit que les équipes médicales seront placées soit sous le commandement d'un centre de crise créé pour l'occasion, soit sous la coordination des Nations Unies. Une équipe du CME peut également être dirigée par les autorités du pays dans lequel elle intervient.

Le choc Ebola

L'épidémie du virus Ebola — qui a fait plus de 11 000 morts en Afrique de l'Ouest entre 2014 et 2015 — semble avoir marqué certains dirigeants européens qui s'étaient rendus sur place à l'époque.

Saluant les nombreuses mesures de l'Europe face au virus Ebola, le commissaire Christos Stylianides a toutefois déploré ce lundi le faible engagement de certains pays européens sollicités à la fin du mois de novembre 2014, suite à sa visite en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée.

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« Quand nous avons demandé […] du personnel médical pour aider sur la ligne de front contre Ebola, la réponse a été très inégale », a-t-il rappelé dans son discours.

D'après les engagements provisoires pris par les 9 pays participants, le CME devrait disposer à court terme de quatre équipes médicales d'urgence, six équipes logistiques, et de deux laboratoires de sécurité biologique pouvant être projetés rapidement sur le terrain.

Destiné à endiguer des pandémies comme celle d'Ebola — dont la dernière personne infectée aurait été soignée le 7 février dernier —, le CME a également pour objectif d'assurer la sécurité sanitaire des Européens sur leur territoire, comme l'a expliqué ce lundi le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis.

« Si à l'origine nous n'arrivons pas à contrôler [un virus], nous pourrions avoir une propagation à l'échelle planétaire », a-t-il prévenu, ajoutant à titre d'exemple qu'« en Finlande, 72 pour cent des infections constatées sont liées à des bactéries résistantes importées d'autres pays ».

À lire : Le monde se met en alerte face au virus Zika

Face au virus Ebola, l'UE et ses pays membres avaient mobilisé près d'1,8 milliards d'euros d'aides financières pour aider à endiguer cette épidémie.

En avril dernier, le mécanisme européen de protection civile avait été déclenché suite au tremblement de terre qui avait dévasté le Népal. Un an auparavant, ce mécanisme avait également permis le sauvetage de plus de 1 700 personnes, lors des gigantesques inondations en Serbie et en Bosnie-Herzégovine.

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Image : © European Union/ECHO/Jean-Louis Mosser