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Crime

L’histoire du mystérieux accord signé entre la DEA et « l’homme le plus dangereux du monde »

Paul Le Roux aurait commandité de nombreux meurtres et serait impliqué dans plusieurs trafics de drogue de grande envergure. Pourquoi le gouvernement américain collabore-t-il avec cet individu ?
Joseph Manuel Hunter, qui aurait collaboré avec Le Roux. Ici en 2013. (Photo de Narong Sangnak/EPA)

Les mercenaires s'étaient rassemblés à Phuket, une île paradisiaque de la côte ouest thaïlandaise, pour discuter d'une nouvelle mission. L'objectif était d'assurer la sécurité du transfert de 300 kilos de cocaïne colombienne depuis les Bahamas jusqu'à New York, mais aussi de tuer 2 personnes : un agent de la DEA et sa source, un capitaine de bateau un peu trop bavard.

Joseph Hunter, un ancien sergent instructeur de l'armée américaine qu'on surnommait « Rambo » pour son côté robuste, a commencé à briefer les mercenaires.

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« C'est vraiment comme une mission militaire, » a lâché Hunter devant les 4 ex-snipers des forces armées américaines, allemandes et polonaises. « On n'est pas là pour rigoler. Quand tu mates un James Bond et tu te dis "Oh, ouais, je peux le faire ça." Et bah, là, vous allez le faire. Tout ce que vous voyez, ou tout ce à quoi vous avez pensé, vous allez le faire. »

Hunter s'est ensuite assuré que ses hommes étaient conscients de ce dans quoi ils s'engageaient — leur rappelant notamment de ne pas voler leur nouvel employeur.

« Si vous volez du cash, ils vont vous tuer, » a posé Hunter.

Le problème avec ce type de mission est qu'il y a toujours des gens qui deviennent gourmands. Hunter avait déjà entendu des mecs lui promettre qu'ils ne voleraient rien — avant de les voir disparaître avec une pile de cash.

« S'ils ne vous trouvent pas, ils vont s'en prendre à votre famille, » a prévenu Hunter. « Ils peuvent s'en prendre à vos enfants, votre mère, votre père. J'en sais rien. Peu importe qui ils trouvent, ils vont lui faire payer. Parce que, ouais, tu peux te cacher, mais ils vont te le faire regretter en chopant un de tes proches. Tout le monde te dit "Ouais, je ne suis pas un voleur", mais putain beaucoup de gens volent. Quand tu te retrouves là à côté d'un putain million de dollars, tu dis "Je pourrais juste prendre le cash et me barrer." »

Pour être sûr que tout le monde avait bien capté le message, Hunter leur a raconté deux, trois histoires. Une fois, il a tiré dans la main d'un gars, une autre, il a torturé un type, puis cette fois où il a jeté un homme par-dessus bord pour récupérer de l'argent volé. Il a aussi été bien insistant sur la facilité déconcertante avec laquelle tu peux échapper à la prison en Afrique quand tu as tué un type. « C'est pas comme dans Les Experts, » se marre Hunter. « Ils n'ont pas toute cette merde. » Parfois, au lieu d'éliminer les gens gênants, son boss s'arrange pour les envoyer en prison. Ce serait apparemment déjà arrivé aux Philippines, où ils avaient les policiers dans la poche.

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« Mon boss, il ne tue personne, parce que cela ne vaut pas les emmerdes qui vont avec, » rassure Hunter. « Mais si tu pioches dans la caisse, il va te tuer. »

Ce qu'Hunter ne savait pas à l'heure de ce beau discours, c'est que son boss l'avait trahi. Avec son aide, la DEA écoutait la conversation. Les agents américains et les autorités thaïlandaises avaient équipé la maison de Phuket de micros et d'autres dispositifs de surveillance. Les barons de la drogue colombiens qui avaient offert à Hunter le job étaient en réalité des agents sous-couverture de la DEA, qui se faisaient passer pour des narco-trafiquants. La cargaison de cocaïne et le double homicide étaient pure fiction — et faisaient partie d'une opération d'infiltration élaborée.

Hunter a plaidé coupable en février 2015 pour les faits liés au trafic de drogue, à la possession d'armes et aux activités de tueur à gage. Il va connaître sa sentence le 16 mai prochain devant une cour fédérale de Manhattan — sa condamnation a déjà été repoussée plusieurs fois. Il risque au minimum 10 ans de prison.

Si Hunter risque de passer la prochaine décennie entre 4 murs, on ne sait toujours pas bien ce qui est arrivé à son boss — l'homme qui était apparemment à l'origine des kidnappings et des meurtres dont Hunter se vantait.

D'après des centaines de pages de documents juridiques consultées par VICE News, et quelques entretiens avec des sources proches de l'enquête, il apparaît qu'Hunter était employé par un personnage mystérieux nommé Paul Calder Le Roux, un Zimbabwéen blanc de 43 ans, qui possède des passeports sud-africain et australien et qui vivait apparemment aux Philippines. Mais, Le Roux travaille désormais comme un informateur du gouvernement, trahissant ses anciens associés du monde du trafic d'armes et de drogues.

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La chute d'Hunter n'est pas la seule que Le Roux a orchestrée avec ses nouveaux collaborateurs de la DEA. Deux tueurs à gage ont été arrêtés en Caroline du Nord pour des meurtres rémunérés réalisés dans les Philippines ; un important chargement de méthamphétamine ultra-pure fabriquée en Corée du Nord a été intercepté ; et un businessman israélien est tombé, accusé de vendre illégalement des médicaments aux consommateurs américains via une plateforme digitale.

La DEA et les procureurs fédéraux de New York ont refusé de commenter la situation de Le Roux ou son rôle suspecté dans le cas d'Hunter (et d'autres). « On va probablement devoir laisser les dossiers judiciaires parler d'eux-mêmes pour le moment, le temps que tout soit fini et réglé, » a expliqué dans un e-mail envoyé à VICE News, Rusty Payne, le porte-parole de la DEA.

Les dossiers judiciaires permettent en effet d'en savoir plus, mais laissent aussi de nombreuses questions en suspens — notamment parce que des dizaines de documents ont été déposées sous scellés. Les documents disponibles dépeignent le portrait d'un Le Roux tête pensante d'un réseau criminel international. En plus de la drogue et des armes, Le Roux serait impliqué dans l'armement d'une milice en Somalie, le trafic illégal d'or en Afrique de l'Ouest, la récolte de bois exotiques dans le sud du Pacifique, le blanchiment d'argent, et le développement de logiciels de cryptage. Le Roux serait aussi lié au cas d'un yacht qui s'est échoué dans les Tonga (dans le Pacifique) avec l'équivalent de 120 millions de dollars de cocaïne et un corps sans vie dans le bateau.

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« Monsieur Le Roux était probablement l'homme le plus dangereux au monde, » estime Joseph Friedberg, l'avocat de Moran Oz, l'Israélien accusé d'avoir collaboré avec Le Roux dans ce fameux business de médicaments. « Rien ne manque à son tableau de chasse. »

***

Le Département de la Justice américain n'a pas publiquement évoqué le nom de Le Roux, et les documents remplis par les procureurs font uniquement référence à un «témoin confidentiel » (ou « CW-1 » en abrégé pour « confidential witness 1 »). Dans le dossier d'Hunter, on trouve un mandat de perquisition soumis par la DEA le 9 janvier 2014, qui explique comment CW-1 est parvenu à un arrangement avec le gouvernement.

« Le mandat montre que CW-1 a été accusé de délits liés au trafic de drogue. Il a commencé à coopérer avec les autorités après son arrestation en septembre 2012, et a plaidé coupable en application d'un accord de coopération, » ont fait savoir les procureurs. « Le mandat décrit aussi la conduite criminelle de CW-1 avant son arrestation. Il est question notamment de la direction d'une arnaque pharmaceutique sur Internet… du trafic de substances contrôlées, comme la méthamphétamine, la commande de plusieurs meurtres, et d'autres crimes. »

Nous n'avons pas pu joindre Le Roux pour lui soumettre une demande d'interview. Quand VICE News a envoyé aux procureurs fédéraux new yorkais des questions sur Le Roux et le cas d'Hunter, et a demandé une copie de ce mandat de perquisition, le porte-parole du procureur général du Southern District of New York, James Margolin, a répondu, « Nous ne pouvons pas faire de commentaires ou vous fournir des conseils sur vos questions. Et le mandat de perquisition du 9 janvier 2014 a été déposé sous scellés et n'est pas public. »

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L'une des seules photos de Le Roux a été prise par une caméra de surveillance de l'aéroport Galeao de Rio de Janeiro au Brésil. Sur l'image, on voit un homme relativement costaud qui porte un polo bleu, une barbe de trois jours et les cheveux blonds décolorés. D'après un article du journal brésilien, le Folha de Sao Paulo, Le Roux est arrivé à Rio le 19 mai 2012 pour ouvrir une société écran, négocier avec des trafiquants de cocaïne colombiens et organiser des transferts de drogue vers l'Australie et les Philippines. Dans cet article, on lit que Le Roux s'est rendu au Liberia en septembre 2012.

VICE News a obtenu des documents émanant de procédures judiciaires fédérales (lancées dans les États de New York et du Minnesota), qui confirment que Le Roux a été arrêté par les autorités américaines et fait désormais face à tout un ensemble d'accusations liées aux trafics de drogue. Les documents — des mises en accusation scellées et ce que l'on appelle un « accord de transfert de dossier pour appel ou jugement » — indiquent que Le Roux a accepté de plaider coupable pour avoir prévu de transférer de la meth depuis le Liberia jusqu'à New York.

En avril 2012, d'après une mise en accusation fédérale émise par le Southern District of New York, une source confidentielle qui travaille avec les autorités américaines s'est fait passer pour un membre d'une « organisation de trafic de drogue sud-américaine » qui était « intéressé pour installer au Liberia la production de méthamphétamine et de cocaïne. » Un mois plus tard, le 11 mai 2012, Le Roux a rencontré cette source à Rio de Janeiro dans le quartier du Barra da Tijuaca. Il lui a proposé de lui fournir les matières premières, un chimiste et des locaux pour fabriquer de la meth au Liberia — qui serait ensuite transférée aux États-Unis. En échange, Le Roux voulait de la cocaïne pour son organisation — qu'il souhaitait revendre en Europe.

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Une semaine après le rendez-vous, Le Roux, qui a utilisé plusieurs surnoms — dont Bernard John Bowlins et John Smith — a envoyé ses coordonnées bancaires pour que la source américaine lui paye un échantillon de meth produit dans une « salle propre » stérile, comme celle qu'ils voulaient installer au Liberia. Peu de temps après, Le Roux a envoyé un paquet avec 24,2 grammes de meth « quasiment pure ». Il a aussi proposé d'échanger 100 kilos de meth pour 100 kilos de cocaïne.

L'autre mise en accusation fédérale, déposée sous scellés en janvier 2014 par le District of Minnesota, accuse Le Roux d'avoir mis sur pied un mécanisme de vente illégale de produits pharmaceutiques (notamment des sédatifs et des barbituriques) aux consommateurs américains via Internet. Le Roux est aussi accusé de faits de fraude électronique, de fraude postale et de blanchiment d'argent.

Le Roux a été brièvement emprisonné dans un établissement fédéral. D'après l'administration pénitentiaire américaine, Le Roux a été détenu au Metropolitan Detention Center de Brooklyn, une prison fédérale, du 27 septembre 2012 au 4 septembre 2013. Le porte-parole de l'administration pénitentiaire, Ed Ross, a expliqué que Le Roux était « détenu provisoirement avant son procès », et qu'aucune autre information n'était publiquement disponible.

D'après Evan Ratliff — un journaliste qui travaille sur un livre consacré à Le Roux et s'apprête à publier une série d'articles intitulée « Le Mastermind » sur le site The Atavist — la DEA a arrêté Le Roux après l'avoir attiré au Liberia pour cette histoire de production de meth. Le Roux, aurait pris un vol commercial jusqu'à Monrovia, d'après Ratliff, où il s'attendait à rencontrer des trafiquants de drogue colombiens et à finaliser l'accord pour l'échange de cocaïne contre de la meth. Les autorités locales auraient alors arrêté Le Roux. Après avoir refusé ses pots-de-vin, les autorités libériennes l'ont confié à la DEA. Toujours d'après Ratliff, les Américains ont immédiatement mis Le Roux dans un avion en direction des États-Unis. Il aurait alors brièvement refusé de monter dans l'avion, en devenant « tout mou », comme un manifestant qui s'adonne à la résistance passive.

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Le silence du gouvernement sur le cas Le Roux, et son rôle apparent dans l'arrestation de ses anciens collaborateurs, invitent à s'interroger sur la manière dont travaillent les agents américains pour incriminer des criminels importants. S'il est relativement commun pour les enquêteurs de retourner des suspects en informateurs (en échange d'une peine plus clémente) afin de faire tomber le boss d'une organisation criminelle, il est rare d'utiliser le patron pour faire tomber ses exécutants.

L'arrestation de « Rambo », le surnom de Hunter d'après la DEA, en septembre 2013 a fait l'objet d'une large communication et a été largement reprise dans les médias. VICE News et le Washington Post avaient été les deux premiers médias à détailler les liens de cette arrestation avec l'importante saisie de meth nord-coréenne.

Le New York Times a aussi beaucoup écrit sur ce dossier et a été le premier à révéler l'implication de Le Roux. Le Times a récemment demandé au juge responsable du dossier de Hunter de déclassifier 45 documents, arguant que le fait de les garder secrets représentait une violation du Premier amendement et du « droit du public à avoir accès aux documents juridiques. » Jusqu'ici, six mises en accusation et leurs mandats d'arrêt ont été déclassifiés suite à cette requête, ainsi qu'une lettre du gouvernement adressée au tribunal qui avait été mise sous scellés en septembre 2013.

L'avocat d'Hunter, Marlon Kirton, a identifié Le Roux dans un nombre d'actes de procédures, estimant que son client suivait seulement les ordres, et que le plan de tuer un agent de la DEA et de transporter de la drogue avait été concocté par la DEA. Réclamant la peine minimum pour son client, Kirton a déclaré s'être entretenu avec une source des forces de l'ordre qui estimait que Le Roux était une sorte de « Viktor Bout sous stéroïdes », faisant référence au célèbre trafiquant d'armes russes surnommé « Le marchand de mort ». Kirton a assuré qu'Hunter était effrayé, parce qu'il avait vu d'autres personnes se faire tuer pour avoir essayé de quitter l'organisation de Le Roux.

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« Nous pensons que Monsieur Le Roux a fait usage de menaces et d'intimidation contre Monsieur Hunter à presque toutes les étapes de leur collaboration, » a écrit Kirton. « Le Roux était impliqué dans le trafic international de drogue, le trafic international d'armes, le développement de milices privées pour déstabiliser divers régimes, la corruption d'officiels, la pornographie, le trafic illégal de médicaments et le meurtre. Monsieur Le Roux a tué au moins deux anciens associés parce qu'ils n'avaient pas suivi ses ordres ou bien parce qu'il pensait qu'ils lui avaient volé de l'argent. »

Kirton a déclaré que Le Roux était « un fou dangereux et sanguinaire ». Kirton estime que le fait que la DEA accepte de collaborer avec cet homme est « scandaleux ». « Monsieur Hunter a été piégé pour ces crimes par le témoin sociopathe et meurtrier du gouvernement, » a écrit Kirton.

Les procureurs ont répondu à la saillie de Kirton en assurant qu'Hunter était un « participant actif et volontaire » des missions de meurtres et de trafic de drogue que la DEA avait mises au jour avec l'aide de Le Roux. Ils ont aussi indiqué que l'implication de Le Roux était acceptable parce que la DEA collabore avec des personnages comme lui tout le temps. « L'utilisation par le gouvernement d'un témoin connu pour des faits de violences est, en réalité, très commun pour des opérations ciblant des crimes violents et des trafics de drogue, » ont écrit les procureurs.

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Pour convaincre un peu plus le juge, les procureurs ont révélé quelque chose d'autre ; Hunter avait réussi à arrêter sa collaboration avec Le Roux et à vivre aux États-Unis pendant près d'un an — il n'avait recommencé à travailler avec Le Roux uniquement quand celui-ci lui avait offert une promotion. L'homme qu'Hunter avait remplacé avait été tué pour avoir pioché dans la caisse — Hunter évoque cet incident dans un enregistrement réalisé par la DEA.

Hunter avait déclaré que son premier job avec Le Roux consistait à se procurer et à faire passer en contrebande de l'or au Mali et en RDC (République démocratique du Congo). Quand l'un de ses supérieurs a essayé de voler 2 millions de dollars d'or enterré sous une baignoire, le boss s'en est aperçu et le voleur a fini entre quatre planches.

« Puis j'ai pris son boulot, » a expliqué Hunter. « J'ai reçu une promotion et pris son job. C'est le premier truc qui vous enverra au cimetière. Cette année-là, nous avons tué 9 personnes. Ne volez pas de l'argent. »

***

Hunter a 50 ans quand il se fait recruter en 2009 par Le Roux, pour remplir la fonction de « prestataire en sécurité privée », d'après des documents juridiques. Hunter est né à Owensboro dans le Kentucky et s'est engagé dans l'armée en 1983, initialement dans le programme des Rangers d'élite. Son avocat a fait savoir qu'Hunter avait quitté les Rangers en 1986 pour raisons médicales après qu'un ami a perdu la vie lors d'un exercice à balles réelles.

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Il est resté dans l'armée, servant à l'étranger, notamment en Allemagne, au Panama et à Puerto Rico. Il est ensuite devenu un instructeur pour les snipers et un sergent instructeur impliqué dans l'entraînement des Forces Spéciales. L'avocat d'Hunter assure qu'il a aussi participé à des missions classifiées « pendant au moins 5 ans » en Amérique latine. Il a cependant précisé que son client ne voulait pas divulguer de détails sur les opérations. Les archives militaires ne confirment pas non plus cet épisode.

« Étant donné la gamme de compétences de Monsieur Hunter, notamment le fait qu'il parle couramment espagnol et sa connaissance l'Amérique du sud et centrale, il ferait un candidat idéal pour des missions classifiées impliquant un petit nombre de soldats hautement entraînés, lourdement armées et mobiles, » a écrit Kirton.

Hunter a quitté l'armée en 2004 avec une mention honorable. Il était marié avec trois enfants. Son avocat écrit qu'il a passé le concours d'entrée pour devenir officier de police à New York, mais a finalement décidé qu'il ne pouvait pas subvenir aux besoins de sa famille avec un salaire de policier débutant. Il a alors travaillé pendant deux ans en tant que garde pénitentiaire dans son État natal, le Kentucky. Puis en 2006, il a changé d'emploi pour obtenir un meilleur salaire. C'est ainsi qu'il est devenu sous-traitant de sécurité privée pour l'armée américaine stationnée en Irak, en travaillant pour des entreprises comme DynCorp et Triple Canopy. L'avocat d'Hunter explique que son travail consistait notamment à « collecter des informations biométriques de ceux qui entraient et quittaient la "Green Zone" à Bagdad », à fournir des services de sécurité pour l'ambassade américaine, et mener des enquêtes sur les attaques suicides.

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Les circonstances dans lesquelles Le Roux et Hunter se sont rencontrés restent floues. Dans la conversation enregistrée en Thaïlande par la DEA, Hunter explique être passé de la contrebande d'or au trafic d'armes, pour devenir un homme à tout faire — collectant les dettes de Le Roux et l'assistant pour diverses activités. Une des prérogatives était de se procurer des armes pour une milice que Le Roux soutenait en Somalie. Cette milice avait apparemment l'intention de prendre le contrôle des Maldives, un archipel situé à près de 3 000 kilomètres à l'est des côtes somaliennes.

« Un jour je suis allé au Sri Lanka pour acheter des grenades, » expliquait Hunter au groupe d'ex-snipers rassemblés à Phuket. « On a des gars en Somalie qui achètent des armes et montent une armée… Ils faisaient une armée en Somalie parce qu'ils allaient envahir une île, les Maldives… Ça, vous ne pouvez pas l'inventer… même pas dans un film. C'est du vrai. »

Les activités de Le Roux dans la corne de l'Afrique ont été documentées en juillet 2011 dans un rapport remis au Conseil de sécurité des Nations unies et réalisé par le Groupe de Surveillance sur la Somalie et l'Érythrée. D'après le rapport, Le Roux a secrètement soutenu une entreprise de sécurité privée basée à Hong Kong intitulée Southern Ace. Cette firme a commencé à travailler en janvier 2009 avec un homme d'affaires somalien dans la région du Mudug en Somalie. Début 2009, la compagnie de Le Roux « a recruté et fait fonctionner une milice bien équipée de 220 hommes, » qui était « supervisée par une dizaine de Zimbabwéens et trois Occidentaux. »

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Le rapport indique que l'entreprise a armé ses combattants jusqu'aux dents avec des kalachnikovs, des mitraillettes lourdes et légères, des lance-grenades, et un canon antiaérien soviétique de 23 mm avec 2 000 munitions. Plusieurs de ces armes étaient montées sur des pick-up, et l'entreprise a aussi importé des « uniformes copiés sur l'armée des Philippines et des gilets pare-balles. »

« Résultat, cette milice était une des plus puissantes dans la région du sud Mudug, avec le potentiel de changer l'équilibre des pouvoirs dans la zone, » note le rapport de l'ONU. « Southern Ace a aussi commencé à s'impliquer dans le trafic d'armes et s'est engagé dans des expérimentations horticoles avec pour objectif de produire des drogues comme la marijuana, la cocaïne et l'opium. »

L'entreprise aurait alors fait importer des générateurs, des serres, des outils de jardinage, des herbicides, des fertilisants, un bulldozer, et d'autres matériaux nécessaires pour faire pousser des substances illicites. Vers la fin du mois de mars en 2010, « Le Roux avait prévu d'importer par avion une importante quantité d'armes lourdes, notamment 75 kilos de C4, 200 mines terrestres antipersonnel, un million de munitions de 7,62 mm, et cinq missiles anti-chars AT-3 "Sagger". »

Dans le rapport de l'ONU, aucune mention n'est faite du plan détaillé par Hunter d'envahir les Maldives. Toute cette opération aurait été abandonnée à la mi-2010, après que Le Roux se soit disputé avec son partenaire somalien, quand il a compris qu'il « payait ses miliciens deux fois plus que le prix du marché. »

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Le rapport de l'ONU indique que Southern Ace a cessé d'opérer en Somalie en un claquement de doigt au début de l'année 2011. Le rapport estime que « Le Roux et ses associés ont dépensé environ 3 millions de dollars en Somalie, dont 1 million dans le salaire des miliciens, et près de 150 000 dollars en armes et munitions. »

***

L'une des rares personnes à admettre publiquement connaître Le Roux est un ancien espion israélien, Ari Ben-Menashe — un personnage haut en couleur, connu pour son rôle dans l'affaire Iran-Contra, dans laquelle il a été accusé d'avoir violé l'embargo américain de ventes d'armes à l'Iran. Il a finalement été acquitté, mais a été forcé de s'exiler en Israël, où il a travaillé en tant qu'agent des renseignements et conseiller à la sécurité nationale. Il s'est ensuite installé au Canada, et gère aujourd'hui une entreprise de consulting à Montréal.

Lors d'une interview avec VICE News à l'hôtel St. Regis à Manhattan, Ben-Menashe enchaine les Camel et explique qu'il a rencontré Le Roux en 2007 grâce à ses relations au Zimbabwe. Ben-Menashe entraînait une relation cordiale avec le président autoritaire zimbabwéen, Robert Mugabe, pour avoir diffusé une vidéo secrète sur laquelle on voit le candidat de l'opposition Morgan Tsvangirai demander à Ben-Menashe de l'aider à assassiner Mugabe avant les élections de 2002. Tsvangirai sera finalement dédouané dans cette affaire.

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Ben-Menashe avait aussi été impliqué dans un plan de réforme agraire au Zimbabwe. Il explique que Le Roux avait pris contact avec lui « de nulle part » avec l'intention de convaincre Mugabe de lui donner des milliers d'hectares de terres que le gouvernement avait confisqués aux fermiers blancs en 2000. Si ce deal pouvait voir le jour, Le Roux comptait s'enrichir en louant les terres aux fermiers. Cet arrangement conviendrait aussi au gouvernement zimbabwéen, puisque la production de nourriture du pays s'était effondrée après que les fermiers ont vu leurs terres confisquées.

« Cela ne paraissait pas bizarre, cela semblait être un plan raisonnable, » explique Ben-Menashe. « C'était une idée maligne. Cela fait sens d'un point de vue business. »

Ben-Menashe a dit qu'il voulait s'assurer que Le Roux était « kasher », donc il a demandé conseil à son entourage, à ses « amis Américains » — une sorte de message cryptique pour faire référence aux renseignements américains. Ben-Menashe explique que Le Roux avait été « blanchi » par ses sources, qui lui ont tout de même suggéré que Le Roux pourrait avoir eu une sorte de relation bizarre avec le gouvernement américain, il y a de ça déjà plus de 10 ans. VICE News n'est pas en mesure de confirmer cette déclaration de Ben-Menashe.

D'après le journaliste Evan Ratliff, Le Roux a suivi une formation poussée en matière de programmation informatique, et a joué un rôle dans le développement des logiciels de cryptage Encryption for the Masses (E4M) et TrueCrypt — qui est toujours largement utilisé aujourd'hui et serait le bouclier numérique préféré des membres du groupe État islamique.

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Ben-Menashe explique que le gouvernement zimbabwéen avait aussi étudié le passé de Le Roux, et trouvé qu'il était né hors mariage avant d'être adopté par une riche famille du Zimbabwe, qui s'appelait à l'époque la Rhodésie. Après l'arrivée au pouvoir de Mugabe, la famille aurait fui vers l'Afrique du Sud puis en Australie après la fin de l'apartheid.

« Son explication sur le Zimbabwe était parfaitement compréhensible, » assure Ben-Menashe. « Il a dit, "Je veux revenir, mais selon les conditions du gouvernement." »

Ben-Menashe a accepté de travailler avec Le Roux, et a informé le Département de la Justice de leur accord comme le prévoit le Foreign Agents Registration Act. D'après les documents renseignant la teneur de leur accord, Le Roux a versé au moins 10 millions de dollars à Ben-Menashe pour ses services.

Le Roux s'est rendu au bureau de Ben-Menashe à Montréal, puis les deux hommes se sont rendus en Europe et au Zimbabwe. Ben-Menashe explique qu'il a aussi rendu visite à Le Roux dans sa maison de Manille. Il assure que lors de toutes leurs rencontres, il n'y avait « aucun relent de criminalité ».

« Il n'arrêtait pas de faire des allers-retours. Il est venu au Canada, puis est parti aux Philippines, quand il arrivait aux États-Unis, on contrôlait son passeport comme tout le monde, il n'y avait aucun problème, » assure Ben-Menashe. « Cela ne paraissait pas bizarre, il a voyagé avec nous en Europe, on est passé par Paris, il n'y avait pas de problème. Cela ne paraissait pas bizarre. Tout ça était très raisonnable. »

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Quand on demande à Ben-Menashe de décrire la personnalité de Le Roux, il répond que l'homme « n'était pas un génie, mais semblait être plutôt malin. » Il se souvient d'avoir dû lui demander « de se tenir correctement » avant de rencontrer Mugabe, parce qu'il avait tendance d'utiliser « des insultes contre les Noirs. »

« Ce n'était pas le genre de type à vous faire flipper, » ajoute Ben-Menashe. « Il n'était vraiment pas comme ça. »

L'accord avec Mugabe est passé, et le gouvernement de Mugabe a accepté de laisser Le Roux louer près de 80 000 hectares de terres. Le Roux avait aussi un accord avec Ben-Menashe pour faire pression sur le gouvernement du Vanuatu, une petite île du sud Pacifique, afin de pouvoir exploiter des koaris, des conifères relativement rares. D'après Ben-Menashe, une fois les deals passés, Le Roux a disparu.

« Ce qui était bizarre, c'est qu'il avait fait tout ça et qu'il avait l'argent, puis poof, » se souvient Ben-Menashe. « On a obtenu ce qu'il voulait, mais tout d'un coup il a disparu… Il a eu ce qu'il voulait, mais il ne s'en est pas servi. C'était vraiment très étonnant. »

C'est seulement plus tard que Ben-Menashe aurait appris que Le Roux était apparemment impliqué dans le trafic de drogue et d'armes — du moins c'est ce qu'il déclare. En apprenant cette nouvelle, Ben-Menashe aurait alors pris son implication dans les trafics comme une explication crédible de sa disparition.

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« On a entendu dire qu'il avait été arrêté et aurait été retourné pour piéger certaines personnes, » explique Ben-Menashe, ajoutant qu'on lui avait demandé plusieurs fois de s'exprimer sur le cas Le Roux au cours des derniers mois. L'avocat d'Hunter l'a notamment contacté. « Apparemment je suis le seul homme dans le monde qui le connaisse. »

Pour ce qui est d'Hunter, Ben-Menashe continue d'assurer qu'il n'avait aucune relation avec lui au courant de ses interactions avec Le Roux. « Je n'ai jamais entendu parler de lui, » lâche-t-il en haussant les épaules.

***

En 2007, la DEA a commencé à enquêter sur RX Limited, une entreprise qui vendait des médicaments en ligne. Grâce à cette firme, les consommateurs américains pouvaient apparemment acheter des barbituriques et des médicaments vendus sous ordonnance sans avoir à rendre visite à un docteur. Le siège de l'entreprise était installé en Israël et des documents juridiques montrent que des agents fédéraux se sont concentrés sur l'arrestation d'un businessman présent au Proche-Orient connu sous le nom de Moran Oz.

Oz a été arrêté le 13 mars 2014 et risque une lourde peine, avec 123 autres personnes qui ont été inculpées en connexion avec le dossier. Dans la plainte déposée contre Oz, on apprend qu'il serait l'un des « différents associés » qui auraient aidé un individu non-nommé qui serait le « manager de RXL ». D'après l'avocat d'Oz, le manager anonyme de RXL ne serait autre que Le Roux, qui aurait créé le site en 2004.

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« C'est Paul Calder Le Roux qui gérait la boîte, » écrit Joseph Friedberg, l'avocat d'Oz. « C'est Paul Calder Le Roux qui a généré, selon le gouvernement, des millions de dollars chaque semaine grâce à ce business. C'est comme si Microsoft était une entreprise criminelle, et que le gouvernement avait passé un accord avec Bill Gates pour faire tomber le département des exportations. »

Dans un autre document juridique, Friedberg estime que « le dossier entier est le résultat d'une alliance contre nature entre le gouvernement des États-Unis et l'un des criminels les plus diaboliques et impitoyables de l'histoire récente, » faisant référence à Le Roux.

Oz a décidé de plaider non-coupable, et son procès doit débuter en juin. Dans une interview avec VICE News, Friedberg explique qu'il a essayé de convaincre le juge d'ordonner aux procureurs de diffuser des informations sur Le Roux et l'accord qui le lie aux agents fédéraux. Jusqu'ici, les efforts de Friedberg n'ont pas abouti.

« Le gouvernement ne nous dira pas où il est, bien qu'il soit certainement détenu par des agents fédéraux, » croit savoir Friedberg. « Il apparaît que le gouvernement a la preuve que [Le Roux] est coupable de plusieurs crimes qui sont punis par la peine capitale. Il a signé un deal avec le gouvernement, mais on ne sait pas de quoi il est question. »

Friedberg indique qu'il n'est pas parvenu à convaincre le gouvernement de révéler le nom de l'avocat de Le Roux.

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« Le gouvernement ne nous dira pas qui est l'avocat, et son avocat veut rester anonyme, » explique Friedberg. « C'est la première fois que je suis face à une situation comme celle-là. On a demandé d'interviewer l'avocat avec un sac à papier sur sa tête, mais ils n'ont pas accepté. »

D'après les documents compilés dans le dossier d'Oz, le business de la vente illégale de médicaments était extrêmement lucratif — le site traitait des dizaines de milliers commandes par mois. Ben-Menashe pense que l'argent qu'a gagné Le Roux grâce aux médicaments a permis de financer ses missions au Zimbabwe et au Vanuatu.

Comme l'avocat d'Hunter, Friedberg assure que son client avait peur d'arrêter de travailler pour Le Roux. Il explique que quand Oz a voulu arrêter, on lui a ordonné de se rendre aux Philippines pour rencontrer Le Roux. Oz dit qu'on l'a emmené sur un bateau et qu'il a été balancé par-dessus bord.

« Ils l'ont emmené sur un bateau, ils l'ont balancé par-dessus bord puis ont tiré autour de lui — pour éloigner les requins ont-ils dit, » explique Friedberg. « Leur intention était de le toucher sans le tuer et de laisser les requins l'achever. »

Friedberg dit avoir été un peu sceptique quant à cette histoire que son client lui avait racontée, estimant qu'il en faisait sans doute « un peu trop ». Mais ça, c'était avant de lire qu'Hunter avait décrit un épisode similaire. Dans l'enregistrement réalisé par la DEA à Phuket, Hunter raconte qu'il a déjà « mis un gars dans l'océan » afin de récupérer de l'argent pour Le Roux.

« Nous, euh… pas kidnappé un gars, mais on l'a mis en confiance pour qu'ils viennent avec nous, » dit Hunter. « On l'a mis dans l'océan, on lui a tiré dessus, puis il nous a rendu l'argent. »

« C'est mon client le mec dans l'océan là, » assure Friedberg. « Quand il a essayé de démissionner, voilà ce qu'ils lui ont fait. »

Il existe aussi des enregistrements d'Hunter décrivant un double homicide bâclé réalisé par deux tueurs à gage américains aux Philippines. Les assassins, raconte Hunter, devaient rencontrer deux agents immobiliers, leur tirer dessus tout de suite, et se débarrasser de leurs corps rapidement. Au lieu de ça, toujours selon Hunter, les hommes ont décidé de réaliser les meurtres à l'intérieur d'une maison. Les agents leur ont fait visiter plusieurs propriétés — mais elles étaient toutes occupées, et les résidents ont vu les assassins avec leurs victimes. Au moment où les tueurs ont trouvé un endroit pour assassiner les agents, « une centaine de personnes » avaient vu leurs visages, explique Hunter. La police a publié des portraits-robots des suspects, mais ils n'étaient pas précis et les assassins ont pu prendre un avion pour rentrer aux États-Unis, narre Hunter.

En juillet, la police a arrêté deux hommes en Caroline du Nord et les a inculpés pour deux meurtres sur commande réalisés aux Philippines, qui correspondent à l'histoire d'Hunter. Les deux hommes, Carl David Stillwell et Adam Samia, ont tous deux choisi de plaider non-coupable et sont détenus dans un pénitencier fédéral en attente de leur procès devant un tribunal de Manhattan. D'après les documents juridiques disponibles, il semble que ni Le Roux, ni Hunter ne soient accusés d'avoir commandité ces meurtres.

Il existe un autre dossier extraordinaire dans lequel Le Roux est impliqué. En novembre 2013, un mois après l'arrestation d'Hunter en Thaïlande, des agents de la DEA ont arrêté cinq hommes en Thaïlande qui s'apprêtaient à faire rentrer 100 kilos de meth à New York en passant par les Philippines. La meth était extraordinairement pure, et aurait été fabriquée en Corée du Nord. Le nom d'Hunter n'a jamais été cité dans les documents juridiques de ce dossier, mais VICE News a précédemment détaillé les liens entre ces deux affaires. Elles se sont toutes deux déroulées au même moment en Thaïlande et concernent d'importants trafics de drogue.

Il apparaît désormais que Le Roux — et non Hunter — était l'homme clé derrière ces deux affaires. Comme dans le dossier d'Hunter, il est fait référence à une source confidentielle dans le dossier de la meth nord-coréenne. L'un des suspects, un certain Adrian Valkovic — qui a depuis plaidé coupable pour trafic de meth et a été condamné à 9 ans de prison — a été identifié comme étant le sergent d'armes du « Outlaw Motorcycle Club » en Thaïlande.

« C'est le deal de Le Roux aussi [qui a permis cela], » assure Friedberg. « Il est un intermédiaire entre les trafiquants et l'Outlaw Motorcycle Club qui sont les distributeurs. »

Les quatre individus jugés dans le cadre du dossier d'Hunter (soit les 4 ex-snipers rencontrés à Phuket) ont aussi plaidé coupable. Deux d'entre eux, l'Américain Timothy Vamvakias et l'Allemand Denis Gogol, ont écopé de 20 ans de prison. Un autre, Michael Filter, Allemand aussi, a été condamné à 8 ans. Le Polonais de la bande, Slawomir Soborski, connaîtra sa peine en juin prochain.

L'avocat d'Hunter a dit que son client souffrait de stress post-traumatique à cause de son passage dans l'armée et a demandé à la cour qu'il soit emprisonné près de l'hôpital des Vétérans de sa ville natale de Owensboro dans le Kentucky — afin qu'il puisse suivre un traitement adapté.

Au cours de la conversation enregistrée en Thaïlande, Hunter expliquait comment il avait réussi à garder bonne conscience malgré le fait qu'il tue pour vivre.

« On ne fait du mal qu'aux méchants, » lâche-t-il devant les 4 ex-snipers. « Pas vrai ? Tous ceux qui ont volé de l'argent, ou arnaqué le patron ou quoi. C'est que des mauvaises nouvelles. Ce ne sont pas des innocents, c'est que… ce sont des personnes pas bien, donc il ne faut pas vous soucier de faire du mal à des innocents — on ne fait pas ça. On fait du mal aux méchants. »

Or, un instant plus tard, il explique qu'il existe quelques exceptions.

« Sauf si, genre, quelqu'un a pris de l'argent, et que vous ne pouvez pas le trouver, et bah il faut faire mal à leur famille, mais ils le savent ça, d'accord ? Si vous prenez de l'argent, vous savez qu'on va s'en prendre à votre famille si on ne peut pas vous trouver, » assure Hunter. « Vous le savez ça. C'est vous qui avez fait ça à votre famille, pas nous. »


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Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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