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FRANCE

Loi Travail : La dernière manifestation ?

Si la réforme du Code du travail français a été adoptée au beau milieu de l’été, des milliers de personnes ont défilé ce jeudi en France pour demander son abrogation.
Pierre Longeray
Paris, FR
Etienne Rouillon / VICE News

Si la réforme du Code du travail français a été adoptée au beau milieu de l'été, le 20 juillet dernier, plusieurs milliers de personnes ont défilé ce jeudi en France pour demander l'abrogation de cette « loi Travail ».

Lors de la dernière manifestation avant la pause estivale, le 5 juillet, le mouvement semblait commencer à se tarir, après plusieurs mois de mobilisation et de multiples recours au 49-3 par le gouvernement.

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Ce jeudi, la CGT a annoncé 170 000 manifestants dans toute la France, 78 000 personnes selon la police (ils en comptaient 30 000 le 5 juillet).

À Paris, la police a compté entre 12 500 et 13 500 manifestants à Paris, contre 40 000 selon les syndicats, soit un peu moins que début juillet où les syndicats avaient comptabilisé 45 000 manifestants.

Toutes les photos (ci-dessous ) sont d'Etienne Rouillon

Un épouvantail en costume brûle au passage du cortège parisien.

Le souvenir du CPE (Contrat Première Embauche) était effectivement dans toutes les têtes ce jeudi. En 2006, le gouvernement Villepin avait effectivement abrogé cette loi fortement contestée après l'avoir adoptée — face à des manifestations de grande envergure.

Si la manifestation parisienne de ce jeudi n'était pas des plus massives, elle a été tendue tout au long du rectiligne parcours reliant la place de la Bastille à celle de la République. Plusieurs incidents violents ont éclaté pendant les deux heures de manifestation et au moins 13 interpellations ont eu lieu.

Partie sur les coups de 14h15 aux cris de « Tout le monde déteste la police », la tête du cortège était menée par des manifestants non-syndiqués, suivis de loin par le carré de tête syndical et les caravanes des CGT, FO, Sud, etc.

Très vite, des projectiles ont été lancés sur le cordon de policiers qui devançait le cortège — ce à quoi les forces de l'ordre ont répondu par des gaz lacrymogènes. Les « Flics, porcs, assassins » ont alors fusé, alors que plus loin dans le cortège, les speakers syndicaux chantaient « La loi Travail c'est dégueulasse ».

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Le cortège a continué de progresser par à-coups, divers affrontements entre police et manifestants masqués venant briser la marche. Tout au long du parcours, on a croisé plusieurs manifestants avec des plaies ouvertes, soignés par les « street-medics ». Selon l'AFP, 6 personnes ont été blessées pendant la manifestation : un manifestant et cinq policiers, dont un a été brûlé à la jambe.

À l'arrivée du cortège de tête sur la place de la République aux alentours de 16h00, des policiers ont dû essuyer des jets de cocktails Molotov ou de bombes incendiaires, jetées par des manifestants. La dispersion des manifestants s'est déroulée dans un climat encore très tendu et a pris plus de deux heures.

La tête de la manifestation sur le départ.

Une caricature de Manuel Valls.

Une banderole en tête de manifestation.

Une ligne de forces de l'ordre ouvrait la manifestation.

Deux manifestants en tête de cortège.

Un manifestant s'effondre après une charge. Il sera pris en charge par des manifestants avant de repartir peu de temps après.

Un tag sur un abribus.

Une charge des forces de l'ordre visées par un projectile enflammé.

Place de la République, des forces de l'ordre sont touchées par un projectile enflammé, un homme se tient le visage, un autre a la jambe qui brûle.

La place de la République noyée par les gaz lacrymogènes.

S'il s'agissait bel et bien de la dernière manifestation contre la loi Travail, la mobilisation pourrait prendre un tournant juridique dans les prochaines semaines. Les syndicats ont annoncé plusieurs voies de recours pour abroger la loi, notamment attaquer les décrets d'application de la loi.

Les organisations syndicales pourraient aussi avoir recours aux QPC (Questions prioritaires de constitutionnalité). Si le Conseil constitutionnel a validé la majorité de la loi durant l'été, il ne s'est pas prononcé sur deux chapitres importants : le licenciement économique et l'inversion de la hiérarchie des normes concernant le temps de travail.

Enfin, les syndicats ont laissé entendre que la bataille juridique pourrait aussi se mener au niveau du droit international. « La loi Travail n'est pas conforme au droit international établi par l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'Organisation des Nations unies (ONU), » estimait la CGT en juin dernier.


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