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Crime

En Photos : La Marche républicaine

Partie de la place de la République en mémoire aux victimes de la vague d'attentats en France au début du mois de janvier 2015, le rassemblement ne connait pas de précédent dans le pays.
Photo de Youssef Boudlal/Reuters

Dans un premier temps c'est près d'un million et demi de personnes qui était annoncé en fin d'après-midi ce dimanche. Puis, en début de soirée on a parlé d'un rassemblement d'une ampleur "sans précédent", pour lequel un comptage officiel était "impossible" indiquait alors le ministère de l'Intérieur. Au lendemain de la manifestation, le journal Le Monde estime que 4 millions de Français se sont rassemblés dimanche, dont 1,5 millions dans les seules rues de Paris, pour une marche républicaine après trois jours d'attentats qui ont fait 17 morts. Des chiffres qui en font le plus gros rassemblement recensé, au moins depuis la Libération de 1944.

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Images Etienne Rouillon

La foule, pancartes et banderoles à la main, a commencé à se rassembler vers midi sur la place de la République, point de départ de cette manifestation qui respectait le parcours classique "République-Nation".

D'après les autorités, 2000 officiers de police et 1350 soldats ont été déployés en dehors du parcours pour protéger les manifestants. La sécurité était très importante, des tireurs d'élite ont été positionnés sur les toits du parcours et aucune voiture n'est autorisée à se garer sur le tracé.

Images Etienne Rouillon

C'est une foule véritablement hétéroclite qui a commencé à se rassembler sur la place de la République, devenue le point de ralliement des hommages à Charlie Hebdo depuis l'assassinat de ses journalistes mercredi. Élisa, qui tient une bannière qu'elle a peinte avec sa famille, sur laquelle on peut lire "Je suis Ana, Charlie, Ahmed.. J'ai 45 ans, 72 ans, 6 ans… Je suis chrétien, musulman, juif, je suis l'humanité…"  nous raconte qu'elle a peur des "amalgames". "J'ai peur de l'islamophobie," dit-elle, "Il faut que tout le monde soit renseigné, surtout les jeunes, il faut organiser des débats pour qu'il n'y ait pas d'amalgame, ce serait tragique," s'inquiète-t-elle.

Élisa. Photo Mélodie Bouchaud. 

Amadou, lui, est plus optimiste : "Je crois que les gens savent qu'une religion ne va pas commettre d'acte barbare, que les fanatismes ne doivent pas être confondus avec les religieux, que ceux qui commettent des crimes ne font pas partie d'une religion je crois que les gens feront la distinction ici (il montre la place) il n'est pas question de noir de blanc de religion. Je n'ai pas peur : 'les chiens aboient, la caravane passe', " dit-il à VICE News.

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Amadou. Photo Mélodie Bouchaud. 

Des salves de "Charlie, Charlie, Charli-ber-té" sont entonnées, et "Liberté d'expression" est régulièrement scandé par les manifestants. Beaucoup de bannières portent l'inscription "On n'a pas peur". Quand des voitures de police ou les secours passent, elles sont applaudies par la foule.

Photo Mélodie Bouchaud. 

C'est pour soutenir "la liberté d'expression et la France", qu'Hassan, a fait le déplacement. Berbère originaire du Maroc, il nous dit qu'il regrette que "l'islamisation soit partout, même au Maroc." Mais lui aussi veut se montrer optimiste : "Je n'ai pas peur de la suite, je sais que maintenant le monde est debout," dit-il, montrant la place qui se remplit à vue d'oeil.

Hassan. Photo Mélodie Bouchaud. 

Non loin de lui se trouve Vivianne, qui tient une affiche où l'on peut voir une étoile de David sous l'inscription "Je suis Charlie". Elle explique à VICE News que c'est l'initiative des étudiants juifs de France : " C'est pour montrer qu'on est français et qu'on est Charlie, que juif c'est une religion, mais qu'on est avant tout français", explique-t-elle.

Viviane. Photo Mélodie Bouchaud. 

Des chefs d'État du monde entier ont fait le déplacement pour cette marche, dont le Premier ministre David Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel, et les Premiers ministres espagnols et turcs, Mariano Rajoy et Ahmet Davutoglu.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était aussi attendu. Quatre des victimes de cette semaine ont été tuées dans l'attaque d'un supermarché kasher. Plus tôt, Benjamin Netanyahu a exhorté les juifs de France et du reste de l'Europe à venir s'installer en Israël pour échapper aux menaces des attaques des extrémistes islamistes.

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Croisée dans la manifestation, Inna Shevchenko, du groupe féministe ukrainien FEMEN dénonce la présence de ces chefs d'État. Elle nous explique être venue pour "célébrer ses amis, avec lesquels [les FEMEN] partagaient des valeurs." "Mais on est aussi venues pour rire," reprend-elle, "rire de ces personnalités comme Netanyahu, si souvent caricaturées dans Charlie Hebdo, et les dessinateurs rigoleraient s'ils savaient qu'il était venu leur rendre hommage. Ce rassemblement est à la fois beau et hypocrite."

Inna Shevchenko, photo Mélodie Bouchaud

Marc Mézard, le directeur de l'École Normale Supérieure est venu défiler sous une bannière où il est inscrit "La rue d'Ulm est Charlie". Quand on lui demande ce qu'il pense de l'hétérogénéité de ce rassemblement, sa réponse est sans appel : "Si on doit chercher une lueur d'espoir dans une année qui commence aussi mal c'est celle ci : avoir réussi à réunir autant de gens différents pour la liberté de rire de tout, ce que Charlie Hebdo revendiquait," dit-il.

Photo de John Beck

Photo de Mélodie Bouchaud.

Snipers sur le toit boulevard Voltaire. Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Photo Etienne Rouillon.

Parallèlement, la police continue de traquer les complices des responsables des attentats.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré après une réunion de crise samedi que toutes les mesures de sécurité seront mises en place, et que le pays resterait en état d'alerte maximal pour les semaines à venir.

Les attaques ont commencé mercredi quand les frères Saïd et Chérif Kouachi ont attaqué le magazine satirique Charlie Hebdo à coups de Kalashnikovs, faisant 12 morts dont Charb, le directeur de la publication de l'hebdomadaire, des dessinateurs emblématiques du journal et deux policiers. C'est l'attentat le plus meurtrier commis sur le sol français depuis des décennies.

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Les frères Kouachi se sont ensuite enfuis de la capitale en voiture, provoquant une gigantesque chasse à l'homme qui a nécessité le déploiement de 88 000 forces de sécurité dont la police, des agents de frontière, des membres de la gendarmerie et des troupes. La traque s'est concentrée dans l'Aisne, au nord-est de Paris, après que les deux hommes ont été repérés en tentant de braquer une station essence jeudi. Des tirs ont été échangés avec la police et les terroristes se sont réfugiés dans les locaux de Création Tendance Découverte (CTD) dans le parc industriel de Dammartin-en-Goële, une commune de 8 500 habitants de Seine-et-Marne.

Vendredi après-midi, Amedy Coulibaly, un autre terroriste a tué quatre personnes et a pris en otage les clients du supermarché Hypercacher Porte de Vincennes.

Dans les assauts, le GIGN et le Raid ont tué les deux hommes. Les frères Kouachi ont été tués quand ils sont sortis de l'usine en tirant. Un civil, caché dans le batîment est sorti sans avoir été bléssé.

Le Raid et la BRI ont lancé l'assaut sur l'Hypercacher, tuant Coulibaly. Quatre autres otages et deux officiers de police ont été blessés, d'après AP. Quinze autres otages ont été libérés.

Les morts ont laissé la France abasourdie, et une pluie de soutien pour la liberté d'expression et en hommage aux victimes est arrivée des quatre coins du monde. Malgré tout, beaucoup des dirigeants présents dimanche ne sont pas des modèles en matière de liberté de la presse. La Turquie (154e au classement 2014 de RSF) est fréquemment cité comme le pays qui emprisonne le plus de journalistes, la Russie (148e du classement RSF), qui harcèle souvent des journalistes indépendants, ce qui n'a pas empêché le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov de manifester à Paris.

Follow John Beck on Twitter: @JM_Beck