Un jour, un jeune Afghan s'est présenté au centre de la Chapelle, la fameuse « bulle" gérée par l'association Emmaüs et qui a été dégonflée en avril dernier, après avoir accueilli près plus de 25 000 migrants enregistré 60 000 passages d'exilés en 18 mois d'existence. Ce jeune homme, qui avait marché sans relâche depuis des mois, avait besoin de chaussures. À la boutique, il a demandé s'il y avait des baskets – des « pas trop moches », genre des « sneakers, comme celle de Jay-Z ».
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C'est de là qu'est née l'exposition photographique baptisée « Des sneakers comme Jay-Z ». Car cette anecdote a conduit les bénévoles à s'interroger sur la fonction sociale du vêtement pour les réfugiés – et surtout à leur poser, à eux, la question. Dans les caisses remplies de chaussures, de pulls, de manteaux, ils choisissent ce qui est à leur taille mais, aussi, ce qui leur plait.Une couleur qui évoque la famille ou la terre natale, un duffle-coat qui permet de se sentir sur « un pied d'égalité » avec ceux qu'ils croisent dans la rue ou, tout simplement, une casquette « trop swag » : les raisons qui les ont conduits à choisir ce vêtement-là plutôt qu'un autre en disent long sur leur histoire, leur personnalité, leur individualité. Et c'est bouleversant.Les photographes Frédéric Delangle et Ambroise Tézenas les ont immortalisés avec la veste ou le pantalon de leur choix - à cet instant où ils se sont trouvés beaux.D'abord accrochées sur les murs du centre de la Chapelle, ces images – et les témoignages qui les accompagnent - seront exposés tout l'été à l'occasion du festival photographique des Rencontres d'Arles.En exclusivité, Vice vous en dévoile une sélection, ainsi qu'une teaser revenant sur la genèse de ce projet exceptionnel.
IBRAHIM
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IBRAHIM
HAROUN
IDRISS
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Si mes amis me voyaient là, ils diraient que j’ai repris mes habitudes de bien m’habiller et ça va les rassurer. Et si tu es bien habillé, tu es plus respecté, plus en sécurité. Vous savez, j’ai tout laissé derrière moi, on m’a tout pris, y compris mes papiers, mon diplôme, mes habits, mes chaussures, mon extrait de naissance. »
LASSANE
WAQAR
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À Kaboul, la situation est quand même meilleure que dans les campagnes. Le pays n’est pas bien équipé en réseau électrique, internet, téléphone mobile. Nous n’avons pas toujours accès à l’information. Internet peut te permettre de porter certains vêtements, mais pas les Talibans. Si tu les portes, ils te tapent. Si tu portes un jean, ils t’envoient une lettre et te demandent de cesser de porter ces vêtements. Si tu les portes une deuxième fois, tout est possible, y compris le pire. Tu ne sais d’ailleurs pas exactement qui travaille pour les Talibans, ça peut être tes voisins, mais tu ne le sais pas. »
ABOUBACAR
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