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Crime

En images - Des Kurdes tentent de rentrer depuis la Turquie en Syrie pour combattre l’EI

Les forces de sécurité turques se sont opposées lundi à des Kurdes de Turquie qui tentaient de passer en Syrie pour défendre la ville-frontière de Kobané menacée par les combattants de l’organisation État Islamique (EI).
Photo de John Beck

Les forces de sécurité turques se sont opposées lundi à des Kurdes de Turquie qui tentaient de passer en Syrie pour défendre la ville-frontière de Kobané menacée par les combattants de l'organisation État Islamique (EI).

La police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les centaines de manifestants rassemblés pour protester contre la décision des autorités d'empêcher les Turcs kurdes d'accéder à la ville Syrienne de Kobané (également connue sous son nom arabe de Aïn al-Arab), toute proche de la frontière. L'EI a lancé une offensive concertée sur Kobané la semaine dernière et pris de nombreux villages dans la zone environnante. Les habitants locaux qui ont fuit vers la Turquie ont affirmé à VICE que les djihadistes ont massacré tous ceux restés en arrière, bien qu'il soit impossible de confirmer ces informations de manière indépendante. Le nombre de réfugiés venus de Syrie s'élève à cent trente mille personnes dans la région

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Le vice-premier ministre Turc Numan Kurtulmus a indiqué lundi que plus de cent trente mille Kurdes sont passés de la Syrie à la Turquie pour échapper à l'EI en seulement quatre jours, et a averti que la Turquie faisait face à « une vague de réfugiés qui se compte en centaine de milliers », d'après des propos recueillis par l'Associated Press. Des informations en provenance de Kobané suggèrent que les Unités de protection du peuple kurde (YPG) défendant la ville ont temporairement repoussé l'offensive de l'EI, mais les combats se poursuivent.

Photo John Beck

La crise vient compliquer une relation déjà tendue entre Turcs kurdes et autorités locales. Lundi, des affrontements ont eu lieu pendant des heures à proximité du passage frontalier au Sud de la ville de Suruc. Au village de Misenter, les policiers anti-émeute ont répondu à des lanceurs de pierres par une pluie de bombes de gaz lacrymogène, avançant dans une ferme alors que des manifestants et des habitants couraient pour s'échapper tandis que le bétail mécontent était englouti dans des nuages de fumée piquante.

Plus tard, des policiers armés de matraques et des véhicules blindés ont poursuivi la foule à travers les champs poussiéreux à portée de vue de la frontière.

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La plupart des manifestants sont venus des régions kurdes du Sud-Est de la Turquie, dont Mardin et Diyarbakir. Sarkat Oulolu, trente-quatre ans, affilié au Parti pour la paix et la démocratie (BDP), a affirmé à VICE que les manifestants étaient là pour « soutenir moralement » les Unités de protection populaire, mais qu'ils rejoindraient le combat si nécessaire. Il a ajouté qu'un certain nombre de Turcs kurdes ont déjà franchi illégalement la frontière pour ce faire.

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Photo John Beck

Hoyriye Felis, de Diyarbakir, quarante-sept ans et mère de cinq enfants, souligne l'affinité entre Kurdes syriens et Kurdes turcs. « Le Rojava [Kurdistan de Syrie] et le Kurdistan Nord [Kurdistan turc] c'est pareil, nous ne sommes pas des peuples différents » a-t-elle dit à VICE News.

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Tout près, un grand groupe de Kurdes syriens majoritairement masculin s'est rassemblé au passage principal vers Kobané. À l'inverse des cent trente mille autres, ils veulent entrer et non sortir. Beaucoup disent que maintenant qu'ils ont vu leurs familles en sûreté en Turquie, ils veulent retourner à la ville. Certains ne veulent tout simplement pas vivre en réfugiés. Un homme, professeur à Kobané qui n'a pas voulu donner son nom, dit à Vice qu'il n'y a rien pour lui en Turquie. « Où puis-je aller ? Qu'est-ce que je peux faire ? Je cherche du travail dans les champs, mais il n'y a rien et je n'ai pas d'argent. Je préfèrerais mourir chez moi ».

Photo John Beck

La majorité semble prévoir d'aider à combattre l'EI, bien qu'il n'y ait aucun soldat aguerri parmi eux. Bakri, qui dit qu'il a vingt-trois ans mais qui a l'air beaucoup plus jeune, confie à Vice qu'il ne s'est jamais battu avant, bien qu'il ait reçu « un peu » d'entraînement militaire. Il ne sait même pas si un fusil l'attend à Kobané. « Si il n'y a pas d'armes » dit-il, « je me battrai à mains nues ».

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Cependant, même si il y a des armes, elles ne rivalisent pas avec celles de leurs adversaires. Les combattants de l'EI sont équipés d'artillerie lourde et de véhicules blindés dérobés à l'armée irakienne (elle-même entrainée et équipée par l'armée américaine), à l'armée syrienne gouvernementale ainsi qu'à d'autres groupes rebelles syriens. Les YPG sont presque exclusivement équipés de petits calibres et d'armes légères, pour la plupart de vieux kalashnikov et lance-roquettes.

Mais il est peu probable que l'aide de la communauté internationale, qui a déjà été apportée aux kurdes d'Irak, arrive de sitôt. Le pouvoir Turc a condamné les actions de l'EI, mais a annoncé qu'il ne rejoindrait pas la coalition anti-EI annoncée la semaine dernière en prenant part aux actions militaires contre les djihadistes. Son hésitation est vraisemblablement liée à la force grandissante des factions kurdes combattant l'EI en Irak et en Syrie, certaines d'entre elles étant affiliées au Parti des travailleurs kurdes (PKK), que la Turquie, les États-Unis et d'autres considèrent comme une organisation terroriste.

Des militants kurdes ont entre temps appelé à ce que le programme américain de frappes aériennes sur les positions de l'EI en Irak soit étendu à la Syrie, mais malgré l'avoir mentionné comme étant une option possible, Washington n'a toujours pas donné de signe de passage à l'action en ce sens.

Suivez John Beck sur Twitter: @JM_Beck