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Culture

10 questions que vous avez toujours voulu poser à un clown

« Ma femme n’a vu aucun de mes spectacles, c’est dire à quel point elle déteste mon métier. »
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
10 questions à un clown
Toutes les photos sont publiées avec l'aimable autorisation de 

Premchand Mandal

Premchand Mandal, 32 ans, est originaire de Navi Mumbai, en Inde, et travaille comme clown professionnel depuis 15 ans. Il a fait ses débuts dans le cirque Gemini en 2001 avant d’intégrer une agence événementielle appelée Clowns R us. « C'était comme être dans une école spécialement conçue pour les clowns. J'ai quitté cette entreprise avec beaucoup d'amis et de bons souvenirs. » J’ai contacté Mandal afin qu’il m’en dise plus sur son métier.

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VICE : Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Premchand Mandal : J’aime divertir. Je veux que les gens sourient, qu’ils se sentent heureux et ce métier me donne la plateforme pour le faire.

Quel type de formation faut-il pour devenir clown ?
Il n’y a besoin d'aucune formation professionnelle. Il s’agit de perfectionner son jeu. Il faut se regarder dans le miroir, jouer et pratiquer. Il faut apprendre de ses performances passées, analyser ce qui a fait rire le public et ce qu’il faut retravailler. Il faut aussi apprendre à se maquiller et savoir quelles couleurs utiliser en fonction du public. Il faut maîtriser différents types de jonglerie, d'acrobatie, de marche et de vélo. Un clown n’a pas à se soucier de la barrière de la langue ; il ne raconte pas de blagues comme un humoriste. Le numéro d'un clown est déjà une blague en lui-même.

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Mandal (deuxième en partant de la gauche) et ses collègues.

Est-ce difficile de faire rire les gens ?
Tout le monde pense que ce travail est facile, mais ce n’est pas le cas, surtout lorsque nous traversons des difficultés dans notre vie personnelle. Peu importent les circonstances, nous ne pouvons pas nous permettre d’être négatifs dans ce domaine.

Avez-vous déjà porté votre costume dans un espace public ?
Oui, j’ai voyagé en taxi, en voiture et à vélo avec mon costume. Parfois, nous n’avons pas le temps de changer de vêtements car nous devons nous produire deux fois de suite. Quand les gens nous voient dans notre costume, ils veulent prendre un selfie avec nous.

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Combien de temps faut-il pour se préparer ?
Presque une heure. Nous faisons tout, de la conception de nos costumes à la mise en place du maquillage. Le costume doit être irréprochable car c’est ce que le public regarde le plus. La peinture que nous mettons sur notre visage s'appelle White Panc Cake et est produite par une société appelée Gopinath. Le maquillage reste généralement en place pendant environ deux à trois heures, puis il commence à se décoller.

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Mandal (à droite) en pleine préparation.

Y a-t-il eu des jours où vous n’aviez vraiment pas envie de faire le clown mais où vous avez dû travailler quand même ?
Oui. C'était un incident malheureux. Ma mère était décédée à Patna, alors que j'étais à Mumbai. On m’avait booké pour un événement et personne ne pouvait me remplacer. J'ai fait un spectacle de jonglerie ce jour-là mais mon esprit était ailleurs. J'étais physiquement présent à l'événement mais mentalement, j'étais distrait. J'ai essayé de contrôler mes sentiments et de finir mon spectacle. Puis j’ai aussitôt pris un vol pour assister à ses funérailles.

Que pense votre famille de votre métier ?
Mes enfants sont trop petits pour en penser quoique ce soit. Ma femme n’est pas ravie que je sois clown, mais elle sait que je dois gagner de l’argent pour notre famille. Elle n’a vu aucun de mes spectacles, c’est dire à quel point elle déteste mon métier.

À quel genre d’événements jouez-vous et à quelle fréquence ?
Je me produis lors des fêtes d’anniversaire pour enfants, des mariages, des événements corporatifs et des réceptions dans des sociétés résidentielles. Notre public est un mélange d'enfants et d'adultes. Les parents nous informent généralement du type de prestations qu’ils veulent. Je joue trois fois par semaine pendant environ deux à quatre heures. Je gagne environ 30 000 roupies par mois [environ 370 euros].

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Que pensez-vous de la représentation effrayante des clowns dans la culture populaire ?
Les réalisateurs de films sont des gens trompeurs. Les clowns ne sont pas effrayants du tout ; les enfants nous adorent. L'élément d’horreur est devenu une mode et ils ont transformé les clowns en monstres !

Les clowns sont dépeints comme les personnes les plus tristes de la planète et utiliseraient le rire pour fuir la réalité. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Je pense que la plupart des clowns, en particulier en Inde, vivent beaucoup de problèmes familiaux et financiers, et faire le clown est un mécanisme d'adaptation. La plupart des clowns qui travaillent en Inde sont déprimés car ils proviennent des couches les plus pauvres de la société et ont rejoint cette profession car ils ont besoin de gagner de l'argent. Exactement comme moi. Je n’ai pas pu faire d’études par manque d’argent et je suis tombé par hasard sur cette profession pour gagner ma vie.

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