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Crime

Deux ours russes alcooliques pourraient suivre une cure de désintoxication en Roumanie

Des militants se battent pour libérer et soigner les deux animaux devenus aveugles et retenus dans des conditions épouvantables à l’arrière d’un restaurant.
Photo via Big Hearts Foundation

Leur situation est épouvantable. Deux ours aveugles et alcooliques tenus en captivité dans un restaurant à Sotchi, en Russie. Des militants de la cause animale éprouvent les plus grandes difficultés pour faire libérer les deux ours.

Les associatifs travaillent en ce moment au transfert des deux ours depuis le restaurant russe où ils servent de bête de foire, jusqu'à un centre de soin situé en Roumanie capable de les soigner pour leur dépendance à l'alcool.

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Les ours sont détenus depuis près de 20 ans dans une petite cage, jonchée de détritus, dans un restaurant géorgien de Sotchi, ville située sur les bords de la Mer Morte et hôte des Jeux Olympiques d'hiver de 2014.

Le propriétaire du restaurant, Dzhenkis Uzaroshvili, permettait à sa clientèle de nourrir les ours et de leur donner de l'alcool, ajoutant joyeusement que « la bière leur fait du bien, » parce qu'il fait très chaud à Sotchi. Le petit spectacle d'ours bourrés amusait les clients du restaurant et est rapidement devenu un classique.

Le soir venu les clients garaient leurs voitures devant la cage, pleins phares sur les ours, leur jetant des poubelles, de la bouffe, et des canettes de bières. Ce manège répété a rendu un des ours totalement aveugle et le deuxième a perdu une partie de sa vision.

« Ce n'est pas mon problème ce que font les clients aux ours, » a expliqué Uzaroshvili à des journalistes.

Bien que les cas de cruauté envers les animaux soient traités avec un certain détachement en Russie, ceux qui se battent pour obtenir la libération des ours ont obtenu une victoire importante au mois de février dernier, quand un tribunal russe a ordonné leur libération. Ils devront malheureusement rester dans leur cage souillée jusqu'en mars, date à laquelle la décision de justice prendra effet.

La Big Hearts Foundation, basée à Londres et qui défend les animaux victimes de mauvais traitements en Russie, a d'abord essayé sans succès de trouver un point de chute en Russie pour les deux ours. Les militants de la fondation britannique ont ensuite quadrillé l'Europe entière pour leur trouver un centre d'accueil.

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« Cela coûte très cher de déplacer les ours en dehors de Russie, » explique la fondatrice de Big Hearts Foundation, Anna Kogan, à la BBC.

La difficulté de traiter l'alcoolisme des ours n'a en rien facilité leur recherche d'un asile. Kogan a admis qu'il y avait de bonnes chances que les animaux ne survivent pas au traitement, mais heureusement un centre roumain a souhaité essayer de les sauver.

« Les gens de ce centre en Roumanie ont travaillé avec des ours danseurs qui souffraient des mêmes maux, » dit Kogan. « Cela peut se faire. »

Big Hearts coordonne et finance l'éventuel transfert des ours ainsi que leur traitement avec l'aide la Fondation Brigitte Bardot qui oeuvre pour la protection des animaux.

Davis Garshelis, coprésident du Bear Specialist Group, un projet de l'International Union of the Conservation of Nature and the Species Survival Commission, explique à VICE News qu'il n'avait pas souvenir d'une situation semblable où des ours avaient été encouragés par des hommes à boire de l'alcool.

« J'imagine que les ours consomment parfois inconsciemment de l'alcool. Ce sont des bêtes qui mangent des fruits. Quand ces fruits tombent et fermentent, cela devient de l'alcool à un certain degré, » précise Garshelis.

Il explique que les ours d'Inde — qu'on appelle aussi ours à miel ou encore ours paresseux — sont connus pour avoir un comportement un poil suspect après avoir ingurgité des fleurs de mahua, que l'on trouve de partout dans les plaines et les forêts du sous-continent. Les fleurs servent aussi à faire de l'alcool.

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« Ces ours sont habituellement très agressifs — encore plus que les grizzlies, » explique Garshelis. « Mais quand ils ont pris des fleurs de mahua, ils tombent dans une certaine léthargie et se montrent assez sympas avec les gens. Au début du XIXe siècle, les colons anglais en Inde auraient observé ce comportement. »

Pat Craig, le fondateur et directeur du Wild Animal Sanctuary à Keenesburg dans le Colorado, travaille avec des ours depuis 30 ans. Il a notamment pu étudier des ours qui étaient devenus accros à la nicotine après des années passées dans des cirques où ils faisaient un numéro d'ours fumeurs. Bien qu'à sa connaissance il n'y ait pas de recherche sur l'alcoolisme des ours, son expérience lui permet de penser que les ours se comporteront probablement comme des humains que l'on essaie de rendre sobres.

« Les ours sont plutôt extravertis, lorsqu'il s'agit d'exprimer ce qu'ils aiment et ce qu'ils aiment moins, » explique Pat Craig à VICE News. Si bien que les soignants du centre roumain pourront évaluer la manière dont les ours sont affectés par leur sevrage à l'alcool grâce à leur comportement. Il raconte que ces ours qui ont pourtant arrêté de fumer depuis plus d'un an, peuvent devenir très agressifs s'ils sentent qu'un visiteur de son centre a sur lui un paquet de cigarettes.

« Mon plan serait de continuer à leur donner de la bière, parce que ce changement risque d'être particulièrement traumatisant pour eux, » lance Craig comme une piste possible d'un traitement. « Après j'essayerais de traiter leur addiction en réduisant après 2 ou 3 semaines au centre leur consommation, petit à petit, et après j'aviserais. »

Suivez Robert S. Eshelman sur Twitter @RobertSEshelman