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Crime

Les ours polaires se fracturent le pénis à cause de la pollution industrielle

Des composants chimiques, interdits dans l’industrie depuis des décennies, continuent de causer des problèmes aux ours polaires qui sont déjà menacés par la fonte des glaces dans l’Arctique.
Image via AP/Martin Meissner

Les ours polaires sont les animaux le plus souvent associés aux effets du changement climatique. Ces icônes d'un monde sauvage en danger vivent et chassent dans une banquise qui est de moins en moins en formes. L'espèce est menacée depuis 2008. Sa population continue de décliner depuis.

Mais les ours polaires pourraient être confrontés à un nouveau danger, venu du côté des produits polluants pourtant interdits depuis des décennies, mais dont les effets se font toujours sentir. Une étude publiée en janvier dans la revue Environmental Researchétabli un lien entre des niveaux élevés des composants PCB (des produits chimiques)  et une densité moins forte des os péniens des ours polaires mâles. La conséquence : une rupture possible de l'os en question qui peut affecter leurs capacités de reproduction.

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« Les ours polaires sont, mis à part les orques, les animaux les plus touchés par la pollution sur la planète, » explique à VICE News Chrisitian Sonne, un biologiste, de l'université Aarhus au Danemark. C'est lui qui a conduit la recherche publiée.

Les PCB, ou biphényles polychlorés, ont été utilisés à partir du début du XXe siècle par l'industrie. Ils ont été bannis par les États Unis à la fin des années 1970, à cause de leur impact sur la santé des hommes et leur effet nocif sur l'environnement. Les PCB peuvent être stockés dans les graisses, c'est pour cela qu'on peut les trouver en très forte concentration dans le corps des animaux qui sont au bout de la chaîne alimentaire. Et surtout chez les animaux qui ont un régime alimentaire très gras, comme les ours polaires.

L'équipe de Sonne a collecté des échantillons d'os péniens de 279 ours nés entre les années 1990 et les années 2000. La majorité des os provient de sept sous-groupes d'ours du Canada. 34 autres viennent d'un groupe qui vit dans l'est du Groenland. Les chasseurs de ces régions rapportent souvent les os aux autorités locales comme preuve d'une prise.

Ils ont ensuite scanné les os, en utilisant une technique d'analyse aux rayons X appelée ostéodensitométrie. Ils ont ainsi comparé les densités osseuses ainsi mesurées avec les données relatives au niveau de PCB trouvés dans les ours polaires du Canada et du Groenland. Dans la population groenlandaise, la plus touchée par la pollution, ils ont réalisé que les hautes concentrations de PCB entraient en corrélation avec les faibles densités osseuses de pénis.

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« Ces niveaux de pollution observés sont au-dessus des seuils reconnus comme affectant négativement les systèmes reproducteurs et immunitaires, » raconte Sonne à VICE News. « C'est lié au fait que les propriétés [des PCB] les rendent toxiques pour les cellules, et en font des perturbateurs endocriniens. À partir de là, les conséquences peuvent se traduire de milliers de façons différentes. »

Une plus faible densité dans les os péniens expose les ours à des probabilités plus élevées de fractures et peut réduire leurs chances de se reproduire. Et l'os pénien n'est pas le seul aspect de la reproduction des ours qui est touché par les PCB ou par d'autres contaminants du même type. D'autres études sur des ovaires ont montré l'effet d'autres produits chimiques reconnus comme perturbateurs endocriniens. Les conséquences vont de la mort de prématurés à des ours pseudohermaphrodites : des femelles avec de petits pénis.

« La densité de l'os pénien est un facteur important pour le succès de la reproduction, » nous indique Shaye Wolf, le responsable du bureau des sciences climatiques du Center for Biological Diversity. « Il y a un tas d'effets que nous avons recensés qui montrent l'effet de ces polluants sur la santé des ours et notamment sur leurs capacités de reproduction. Cette étude montre et apporte des preuves qui attestent du fait que les nations industrielles polluent et blessent la faune arctique.

On ne peut pas faire grand-chose contre des produits chimiques qui ne sont plus utilisés depuis des décennies, mais ces preuves pourraient influencer la manière dont on va tester et approuver les nouveaux produits chimiques, selon Wolf. Les polluants émis par les nations industrielles arrivent jusqu'en Arctique au gré des courants marins ou aériens.

« On veut être sûrs que l'on n'approuve pas des produits chimiques qui seront les DDTs et les PCBs demain, » nous dit Wolf.

Follow Laura Dattaro on Twitter: @ldattaro