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Belgique

Ouverture du procès de la « cellule de Verviers » — possible prototype des attentats de Paris et Bruxelles

Dirigée par Abdelhamid Abaaoud, la cellule de l’est de la Belgique avait été démantelée début 2015, alors que ses membres voulaient apparemment s’attaquer à un commissariat ou décapiter une haute autorité belge.
Pierre Longeray
Paris, FR
Un suspect lors du procès de la cellule de Verviers, ce lundi 9 mai, au Palais de Justice de Bruxelles. REUTERS/François Lenoir

En attendant les procès qui statueront sur les attentats de Paris et de Bruxelles, s'ouvre ce lundi celui de la « cellule de Verviers » — sorte de prototype des cellules djihadistes qui ont frappé les deux capitales européennes. Si les débats s'annoncent vifs dans les salles d'audience du tribunal correctionnel de Bruxelles, tout le monde ne sera pas là pour défendre sa version des faits.

Sur les 16 prévenus jugés (dont 5 Français), seulement 7 seront présents sur le banc des accusés. Les absents sont suspectés de combattre en Syrie dans les rangs du groupe terroriste État islamique (EI) et sont activement recherchés par Interpol. Autre grand absent au procès : Abdelhamid Abaaoud, « chef » présumé de la cellule de Verviers selon le parquet belge et figure clé de la menace terroriste qui agite le continent depuis un peu plus d'un an.

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Abattu le 18 novembre 2015 lors d'un raid de la police dans un appartement de Saint-Denis, Abaaoud est un des principaux instigateurs des attaques de Paris. Membre du « commando des terrasses » parisiennes, le Belgo-Marocain est aussi lié à divers projets d'attentats déjoués comme celui du Thalys ou celui fomenté contre l'église de Villejuif en banlieue parisienne.

Avant ces multiples tentatives de frapper l'Europe, Abaaoud avait constitué cette « cellule de Verviers » depuis la Syrie et une cache installée à Athènes en Grèce, où l'on a retrouvé des plans de l'aéroport de Zaventem — attaqué le 22 mars dernier.

Si la cellule de Verviers et celles qui ont endeuillé Paris et Bruxelles comptent plusieurs similitudes, la cellule de cette cité-dortoir posée à quelques kilomètres de Liège avait pu être démantelée à temps, grâce une intervention musclée de la police, qui s'était soldée par la mort de deux suspects. Les deux hommes tués, Sofiane Amghar et Khalid Ben Larbi, étaient tous deux originaires de Molenbeek, comme Abaaoud, avec qui ils sont partis en Syrie en 2014.

Assaut rue de la Colline

Début janvier 2015, Amghar et Ben Larbi rentrent clandestinement en Belgique avec l'aide d'un Pakistanais de 27 ans, Mohammed Hamza Arshad, qui est en contact permanent avec un certain « Omar » dont le téléphone borne en Grèce.

Omar n'est autre qu'Abaaoud qui distille ses ordres depuis Athènes. Le 7 janvier 2015, Amghar et Ben Larbi s'installent au 32, rue de la Colline à Verviers dans une ancienne boulangerie. L'appartement conspiratif est mis sous écoute par la police qui commence à s'inquiéter des conversations énigmatiques que les deux hommes tiennent.

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Le journal La Libre révèle que les individus se demandent « comment faire avec l'eau » et évoquent « des vases pour les fleurs » — sans que l'on sache bien à quoi cela fait référence. Mais le 15 janvier, l'enquête s'accélère quand les deux hommes, accompagnés d'un troisième, Marouane El Bali, s'extasient devant une Kalachnikov. Une demi-heure après cette conversation, la police belge — épaulée par trois hommes du GIGN français — donne l'assaut.

Le parquet fédéral de Bruxelles se réjouit alors de cette opération puisque la cellule était « sur le point de commettre des attentats terroristes en visant notamment des policiers sur la voie publique et des commissariats. » La police retrouve dans l'appartement de quoi fabriquer cinq kilos d'explosifs, trois Kalachnikovs, quatre revolvers et des uniformes de police cachés sous un canapé.

Dernièrement, le directeur du GIGN, Hubert Bonneau, a déclaré dans Le Point que les hommes de Verviers voulaient « enlever une haute autorité belge et de la décapiter pour mettre les images sur les réseaux ». Essayer d'établir précisément quelle était la cible de la cellule fera partie des objectifs des procureurs belges.

Des prévenus pas bavards

Pour comprendre le fonctionnement de la cellule, les magistrats devront s'appuyer sur les témoignages des prévenus — qui risquent de ne pas être très bavards au vu des déclarations de leurs avocats.

Maître Sébastien Courtoy, l'avocat d'El Bali (arrêté rue de la Colline) assure que son client n'était qu'une « petite main » et « n'était absolument pas au courant de l'un ou l'autre projet d'attentat ». Il assure aussi qu'El Bali n'a pas tiré sur les policiers lors de son interpellation. El Bali est soupçonné d'être un des dirigeants de la cellule de Verviers.

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L'avocat d'Omar Damache, un Algérien interpellé dans la planque d'Abaaoud à Athènes refuse toute implication de son client dans cette cellule. « Mon client a lui-même été victime de terrorisme en Algérie, pourquoi y aurait-il donc participé ? » demande Maître Medhi Abbes.

Les frères El Abdi, Ismaël et Souhaib, seront aussi entendus à partir de ce lundi. Ils avaient tous deux fui vers la France puis vers l'Italie, le 15 janvier, juste après l'intervention de la police rue de la Colline. Souhaib, 26 ans, est suspecté de s'être rendu en Syrie, ce qu'il nie. La police possède aussi des conversations téléphoniques dans lesquelles Souhaib discute avec Arshad, où il lui dit « J'ai tout », puis « Tout est caché dans un entrepôt. »

Le procès qui s'est ouvert ce lundi matin doit durer trois semaines avec sept audiences par semaine.


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