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Burkina Faso

Burkina Faso : l’opposition appelle à la désobéissance civile

Président depuis 1987, Blaise Compaoré entend modifier la constitution pour rester au pouvoir.
Photo via Facebook

Le principal chef de file de l'opposition burkinabè Zéphirin Diabré a appelé mercredi à une journée nationale de protestation, en réponse à une annonce du gouvernement de Blaise Compaoré qui veut modifier la constitution par référendum afin de pouvoir briguer légalement un troisième quinquennat présidentiel.

Blaise Compaoré est parvenu au pouvoir à la faveur d'un coup d'État sanglant en 1987, devenant le président de ce pays enclavé d'Afrique de l'ouest, qui a obtenu son indépendance de la France en 1960.

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Le dirigeant du groupement de partis politiques appelé Chef de File de l'Opposition Politique (CFOP) du Burkina Faso, Zéphirin Diabré, a annoncé lors de cette conférence de presse tenue dans la capitale du pays, Ouagadougou, que son parti appelle à une journée nationale de protestation, qui se tiendra le 28 octobre.

Des protestations ont éclaté mardi soir à Ouagadougou et dans le reste du pays. Ces soulèvements font suite à la décision du gouvernement de soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi pour amender l'article 37 de la constitution burkinabè par voie référendaire.

Contacté par VICE News, Maître Benewendé Sankara, l'un des principaux leaders de l'opposition, explique que ces événements dépassent aujourd'hui les simples divergences entre partis politiques.

« La désobéissance civile a déjà commencé », a t-il confié. « À Ouagadougou, la population exprime son mécontentement en dressant des barricades, en brûlant des pneus et en scandant des slogans anti-régime », raconte t-il. D'après lui, la police est déjà intervenue à plusieurs reprises pour disperser les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes.

« Il y a beaucoup de mouvements de foule et personne ne sait où on va », a-t-il conclu.

Contacté par VICE News, Cyriaque Paré, journaliste fondateur du premier site d'information en ligne burkinabè, lefaso.net, explique que certains manifestants ont prévu de se rendre à l'Assemblée nationale lors du vote du projet de révision de la Constitution prévu le 30 octobre, afin d'empêcher les députés de voter. D'après lui, certains pourraient même aller jusqu'à séquestrer les parlementaires.

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La modification de l'article 37 permettrait au président Blaise Compaoré de se présenter pour un troisième quinquennat.

L'actuel chef d'État a effectué deux septennats depuis 1991, et deux quinquennats depuis 2005. Mais un amendement constitutionnel passé en 2000 empêche un président de faire plus de deux mandats consécutifs. Compaoré tente donc de modifier la Constitution pour rester au pouvoir.

Le Conseil des ministres a adopté le projet de loi, qui sera soumise à l'approbation de l'Assemblée. Le parti présidentiel du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) possède une majorité de sièges à l'Assemblée, et il fait peu de doute que le parlement entérinera la proposition de référendum.

Le référendum est susceptible d'être gagné par Blaise Compaoré, puisque le CDP est bien implanté dans les campagnes de ce pays rural qui est l'un des pays les moins développés du monde.

Virgile Dall'Armellina a collaboré à cet article